Wesly Leriche a été enlevé le 18 mars 2023 par des bandits armés à Martissant à l’entrée sud de la capitale, au moment de rentrer chez lui, dans la commune de Léogâne. Il a vécu l’enfer pendant 24 jours entre les mains de ses ravisseurs.
Le rapt a été commis précisément à Martissant 1, où le bus de transport en commun à bord duquel se trouvait Leriche a été intercepté. « Nous étions plusieurs à bord du bus. Les bandits ont demandé au chauffeur de s’arrêter. Puis ils ont sélectionné trois passagers [dont Leriche]. Ils nous ont escortés à travers un corridor et nous ont enfermés dans une pièce, où il y avait d’autres otages », relate Leriche, contacté par téléphone.
La séquestration
La pièce où étaient retenus les otages devait faire huit mètres carrés, estime Leriche. Elle disposait d’une salle de bains avec toilettes. Pas de problème pour les kidnappés de se soulager. Cependant, ils étaient mal nourris. Un repas par jour, servi généralement en fin de matinée ou en milieu de journée. Et parfois rien. « Il nous arrivait de passer trois jusqu’à quatre jours sans nourriture. Parfois on nous donne seulement du riz ou du spaghetti », précise-t-il.
Un jour Leriche s’est même fait menacer de mort par l’un des soldats pour s’être plaint d’un plat de spaghetti trop cuit et très pimenté
Pour le bain, deux seaux de 20 litres, remplis d’eau. Une quantité insuffisante pour les quinze otages. « Nous nous sommes arrangés pour nous laver. Nous nous douchions par rotation. Cependant me baigner était devenu secondaire pour moi tellement je voulais être libéré. De plus, on devait porter les mêmes sous-vêtements.
Quand venait la nuit, dormir n’était pas sans peine. Et le stress n’était pas la seule cause. Il n’y avait que deux matelas à notre disposition et ils étaient infestés de punaises qui n’arrêtaient de nous piquer. Il était vraiment difficile de dormir dans ces conditions », relate M. Leriche.
« L’expérience a été vraiment traumatisante. Je ne souhaite cela à personne ! Les ravisseurs étaient lourdement armés, consommaient de la drogue, buvaient de l’alcool, se querellaient entre eux des fois. Ils écoutaient de la musique et tiraient en l’air quand la tension montait. De plus, ils nous autorisaient rarement à communiquer avec nos proches et menaçaient de nous tuer quand les négociations tardaient à aboutir, révèle le natif de Léogâne. On craignait d’être tués à n’importe quel moment », raconte M. Leriche.
Cette peur était de plus en plus renforcée par le fait que la plupart des soldats qui montaient la garde étaient des adolescents, confie-t-il, affirmant toutefois n’avoir pas subi d’agression physique pendant sa captivité.
Enfin relâché !
Le 10 avril dans l’après-midi, Leriche a finalement recouvré la liberté contre rançon, grâce à la contribution de sa famille et de proches. Un soulagement et une joie immense pour Leriche ainsi que des membres de sa famille. Malgré le fait qu’il gardait espoir de s’en sortir, l’idée que ces bandits pouvaient lui ôter la vie par caprice ou sous l’effet des stupéfiants qu’ils prenaient n’arrêtait pas de l’assaillir.
Maintenant libre comme l’air, dans sa ville natale, Leriche recommence à profiter de la vie. Dépouillés de leurs économies et endettés, lui et sa femme cherchent de l’aide financière auprès de leurs proches afin de pouvoir relancer leur commerce de nourriture qu’ils tenaient à Léogâne depuis un certain temps.
Source : Le Nouvelliste