Mercredi 9 février 2022. Presqu’à l’angle des rues des Casernes et du Centre, la mi-journée était ordinaire pour les gagne-petit, cireurs de chaussures, chauffeurs de taxis, « machann Pèpè », cuisinières de « Chen janbe. »
Mais vers 13 heures, tout a basculé dans cette rue où se trouve Le Nouvelliste, la prison civile de Port-au-Prince, à environ une minute en voiture du Palais national et d’autres centres de pouvoir.
Sortis de nulle part, des hommes armés circulant à motocyclette ont ouvert le feu sur quatre occupants d’une Mitsubishi Montero de couleur grise, garé à moins de dix mètres de Casimir Legal group Law Firm.
Trois occupants, Lionel Desrosiers, Willy Jean François et Camille Philippe, tous âgés de plus de cinquante ans, sont tués sur le coup. Sur le siège avant, les corps encore chauds de deux hommes, affaissés, ensanglantés. Un troisième, en costume lui aussi, est retrouvé le visage sur le bitume, le reste du corps dans le véhicule, comme s’il tentait d’échapper à ces assassins.
« Les trois hommes tués sont venus à mon bureau ce matin. Ils avaient une convocation au parquet dans un dossier terrien à Vivy Mitchell qui avait fait un tollé », a confié au Nouvelliste Me Jean Riboul Casimir, soulignant être l’avocat de l’un d’eux, Lionel Desrosiers.
Un jeune confrère, blessé lors de l’attaque, les avait accompagnés, a-t-il expliqué au journal en début de soirée, remonté après avoir passé trois heures à l’hôpital de l’université d’Etat d’Haïti sans pouvoir faire une radiographie, exigée avant d’opérer ce jeune avocat blessé.
Entre commentaires émus, expressions de déception et de colère, les images de ce véhicule et des corps criblés de balles ont circulé sur les réseaux sociaux à la vitesse de l’éclair.
Environ trois heures après les faits, le juge de paix James St-Germain a verbalisé et ordonné la levée des cadavres vers une morgue privée de la capitale.
Dans la majorité des cas de morts violentes, la police n’ouvre aucune enquête, a confié sur Magik9 Jocelyne Colas Noël de la Commission Justice et Paix (CJILAP). Elle dénonce l’impunité et les responsables de pouvoir font des promesses d’assurer la sécurité de vies et des biens. « Ils se moquent de nous », a soutenu Jocelyne Colas Noël.
La militante des droits humains a observé, en fonction des chiffres collectés par CJILAP, une augmentation des morts violentes en janvier 2022 comparativement à janvier 2021. En janvier 2021 34 cas ont été recensés contre 40 en janvier 2022. Pour toute l’année qui vient de s’écouler, la commission a recensé 664 morts morts violentes, a expliqué Jocelyne Colas Noēl.
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/234138/triple-assassinat-spectaculaire-au-centre-de-port-au-prince