Cinq minibus, un SUV, un pickup et un camion-citerne de produits pétroliers ont été récemment détournés, sur la route de Liancourt, par des individus lourdement armés, associés au gang Gran Grif de Savien. Jusqu’à présent, « des dizaines de victimes sont retenues captives dans des situations inhumaines », selon des parents interrogés par le journal.
Le président du Syndicat des chauffeurs et propriétaires de véhicules du bas Artibonite, Murat Augustin, confirme les faits, bien qu’il ne soit pas en mesure, dit-il, de donner des détails sur l’événement. « Des contacts sont établis avec toutes les associations syndicales du secteur pour tenter de réunir et de fournir des données fiables à la presse », annonce-t-il.
Les opérations criminelles se sont déroulées en plein jour, du mercredi 30 novembre au vendredi 2 décembre 2022. Les personnes kidnappées, hommes et femmes, ont été immédiatement déshabillées, bastonnées et violées, avant d’être emmenées par barque au fief des assaillants. « Des vêtements, des sous-vêtements et des pièces d’identité ont été constatés sur le chemin qui mène au fleuve », précise un journaliste local.
Appelés à négocier la libération de leurs êtres chers, certains parents demeurent anxieux de ne pas pouvoir entendre leurs voix. Ils regrettent de ne disposer personnellement d’aucun signe de vie ou, s’ils sont encore en vie, d’ignorer leurs conditions d’existence.
Certaines des personnes contactées par les ravisseurs confient au journal avoir déjà versé « d’importantes sommes d’argent exigées en échange de leurs proches, sans aucune forme de satisfaction en retour ». En toute vraisemblance, la plupart des otages sont des Artibonitiens.
La Police nationale d’Haïti n’est, jusqu’à présent, pas touchée du drame « puisque, formellement, aucune plainte n’a été déposée », rapporte le responsable de la juridiction de Saint-Marc, le commissaire principal Mathias Jean David, qui se montre toutefois préoccupé par ces cruelles exactions récurrentes.
Les appels au secours de maintes organisations citoyennes des différentes communes concernées par la situation chaotique de la région se multiplient depuis des années. Des personnalités connues de la société civile artibonitienne fustigent publiquement les autorités étatiques qu’elles qualifient de « cyniques » et de « sadiques ».
Le dimanche 4 décembre 2022, les enlevés de Liancourt en sont à leur quatrième journée infernale à Savien. Le nouveau directeur départemental de la police, Brice Myrtil, installé le week-end dernier, promet des résultats. Entre-temps, une semaine de mouvements populaires de blocage contre l’insécurité est projetée par l’équipe de Latibonit kanpe goumen.
Source : Le Nouvelliste