Depuis le 17 octobre, le quartier de Solino, en périphérie de Port-au-Prince, vit un véritable cauchemar.
Depuis le 17 octobre, le quartier de Solino, en périphérie de Port-au-Prince, vit un véritable cauchemar. La coalition de gangs connue sous le nom de « Viv Ansanm » y mène une série d’attaques violentes et systématiques. Solino, autrefois réputé pour sa tranquillité relative et son groupe de rara emblématique « Shabba Level », n’est désormais plus que l’ombre de lui-même.
Les rues sont désertes, des maisons incendiées, des murs criblés de balles – un décor apocalyptique qui s’affiche dans des vidéos filmées par des résidents encore sur place, tentant de documenter l’horreur pour le reste du monde. Solino est le dernier quartier tombé sous l’emprise des gangs depuis l’ère CPT-Conille.
Les bandits eux-mêmes, comme pour défier les chefs, tournent des vidéos où ils exposent leurs nombreux forfaits. Dans une vidéo de 32 secondes disponible sur les réseaux sociaux, dans l’ombre de la nuit, on y voit les bandits marcher dans les rues pavées de ce quartier alors qu’en tête du peloton, l’un des bandits manu militari ouvre la voie à ses acolytes, alors qu’à l’autre bout de la rue, on aperçoit un incendie. « Nous ne circulons pas de rumeurs… Les punaises sont à pied d’œuvre… Nous allons incendier ces maisons », dit celui qui semble être le chef du petit groupe. Sur cette même vidéo, on constate les bandits pénétrés dans une maison, où ils interpellent un vieillard se présentant sous le nom de « Blan ».
Les résidents de Solino sont pris au piège d’un siège où aucune trêve ne semble possible. Pour les familles qui n’ont pas pu fuir, le quotidien se résume à un combat pour survivre dans un environnement où la peur est omniprésente. Dans une autre séquence partagée sur les réseaux, les criminels mettent le feu à un dépôt alimentaire et s’en prennent verbalement à un certain « Dyaspora », dont ils affirment détruire la maison de la mère. Les insultes fusent, accompagnées de menaces claires : « Viv ansanm ne fait pas courir de rumeurs. Regardez où nous sommes présentement. Ils disent toujours que Solino est New-York… Maintenant Solino est en feu », dit l’un des caïds alors qu’ils montrent des maisons encore en flamme et des enfants et adolescents armés se pavanant dans la rue.
La coalition Viv Ansanm a mis en place une stratégie bien rodée d’attaques ciblées visant à punir les résidents pour leur refus de collaborer avec eux. Selon les témoignages recueillis sur Magik 9, les offensives se concentrent principalement autour de Koridò Bastia, Saint Michel et Anglade, trois zones particulièrement touchées par les incendies et les exécutions sommaires. « Les gangs contrôlent près de 30 % de Solino », a précisé un résident lors d’une interview mardi 29 octobre 2024, ajoutant que le quartier paie le prix de sa résistance face aux pressions des gangs.
Les autorités, bien que présentes sporadiquement, peinent à instaurer un climat de sécurité durable, regrette le résident intervenant à l’émission Panel Magik. Les appels à l’aide de la population restent souvent sans réponse, laissant les civils à la merci de Viv Ansanm, dont l’influence continue de croître.
Sur les réseaux sociaux, les gangs multiplient les messages de défi, menaçant d’élargir leur emprise à d’autres quartiers après Solino. Face à cette escalade, la peur et l’indignation gagnent du terrain parmi les citoyens, mais aussi parmi les familles de la diaspora qui observent, impuissantes, la destruction d’un quartier autrefois paisible.
Source : Le Nouvelliste