Le premier ministre Garry Conille a participé mercredi 3 juillet 2024 à une séance d’information sur Haïti au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le premier ministre Garry Conille a participé ce mercredi 3 juillet 2024 à une séance d’information sur Haïti au Conseil de sécurité de l’ONU. Le chef du gouvernement, dans son allocution, a exposé sa vision sur la conduite de la transition. Le chef du gouvernement, qui était notamment accompagné de la ministre des Affaires étrangères Dominique Dupuy, a mis l’accent sur le rôle de la communauté internationale dans la restauration du pays.
« Haïti appelle à la solidarité internationale pour sortir de la crise qui la ronge depuis plusieurs décennies. Et aussi pour réussir sa transition dans une durée qui est très limitée. Chaque jour doit être mis à profit intelligemment », a-t-il soutenu.
Toutefois, Garry Conille pense qu’il faut revoir l’aide de la communauté internationale à Haïti. Il pense que celle-ci doit être alignée sur la vision de son gouvernement. « Haiti a bénéficié de diverses formes d’assistance internationale. Chacune, conçue avec l’intention de remédier aux multiples crises que nous avons vécues. Malgré cette aide substantielle, les résultats restent insuffisants. Il est grand temps qu’Haïti et ses partenaires se posent une question fondamentale. Qu’allons nous faire différemment », a-t-il exhorté.
Côté haïtien, M. Conille croit qu’il est indispensable de recourir à tous les atouts du pays. « Plus que jamais, Haïti doit mobiliser toutes les ressources nécessaires et disponibles pour faire de cette transition la dernière. Et que celle-ci puisse la placer sur la voie de la paix, la sécurité et le développement durable. Il est de notre devoir de construire des partenariats solides et sincères, en vue de trouver les stratégies adaptées tenant compte des aspirations du peuple haïtien », a appelé l’ancien fonctionnaire onusien.
Sur le plan sécuritaire, Garry Conille dénonce le fait que « le pays se trouve à un moment critique où 12 000 individus armés tiennent en otage une population de 12 millions d’habitants ». « À ce tournant décisif, aucun chantier, qu’il soit économique ou politique, ne peut être abordé sans la question sécuritaire. C’est pourquoi mon gouvernement salue la mise en œuvre des engagements pris à travers la résolution 2699 relative à la MMAS », a-t-il dit.
« Le déploiement du premier contingent de policiers aux côtés des forces de l’ordre haïtiennes devra contribuer à mettre un frein au barbarisme des groupes criminels. Cependant, Haïti doit échapper à la spirale des missions sécuritaires définitives », estime-t-il, préconisant une redéfinition des approches en ce qui concerne la sécurité. « Mon gouvernement engagera une approche sécuritaire holistique et de proximité. Holistique car il faudra joindre le redressement économique et l’accessibilité des services sociaux de base. Et proximité car il faut rétablir la confiance de la population dans sa police », a-t-il expliqué.
« De sérieuses procédures d’assainissement internes sont déjà envisagées pour restaurer la confiance dans cette institution qui doit être crédible et efficace. Les forces de l’ordre haïtiennes et la MMAS ne peuvent à elles seules garantir cette paix définitive qui se veut être le paradigme de ce nouveau gouvernement. Faire de la sécurité la question de chaque village, de chaque communauté, doit impliquer le soutien de la population. C’est la raison pour laquelle je préconise l’élaboration d’un plan global, technique et réaliste pour accompagner la population. Celui-ci doit prendre en compte l’établissement d’infrastructures adéquates et conformes aux normes de construction moderne, la réorganisation de certaines villes, la réhabilitation et l’implémentation des services sociaux de base fonctionnels, et le développement de pôles d’emplois et de développement dans les communautés. Ce n’est que par cette voie que nous arriverons à rétablir une paix et une sécurité durable en Haïti », prescrit M. Conille.
Sur le plan social, Garry Conille a dépeint un tableau sombre, marqué par un taux d’inflation qui dépasse les 27%, près de 50% des emplois perdus rien que dans le secteur textile, une insécurité alimentaire qui affecte 4,5 millions de personnes, quelques 600 000 déplacés internes et environ 500 000 enfants déscolarisés. De plus, a-t-il poursuivi, le pays est en proie à une violence qui paralyse le fonctionnement de dizaines d’hôpitaux et de centres de santé, des dizaines de commissariats et de centres d’incarcération ont été endommagés ou détruits, des milliers de prisonniers sont en cavale. Garry Conille a salué la volonté de toutes les parties prenantes de l’accord du 3 avril pour apporter une solution à ces problèmes.
Le premier ministre Conille a évoqué l’existence en Haïti d’un leadership fait de femmes et d’hommes honnêtes, responsables, courageux, compétents et qui inspirent confiance. Un leadership qui, selon lui, s’engage à réaliser des élections transparentes et participatives en vue du renouvellement du personnel politique.
« Ces élections contribueront à ramener la stabilité politique et institutionnelle. Pour se faire, elles seront encadrées en amont d’un processus de réforme constitutionnelle, de révision du cadre légal sur le fonctionnement et financement des partis politiques, d’appui à la bonne gouvernance, de renforcement des organes de lutte contre la corruption, le développement d’une stratégie sécuritaire police-population, la modernisation de l’appareil judiciaire et de la mobilisation de la population pour une participation massive notamment des jeunes et des femmes dans le processus », estime-t-il.
Après sa réunion au Conseil de sécurité, le premier ministre a pris part à une réunion du groupe de travail ad hoc sur Haïti. Cette réunion, convoquée par l’ambassadeur du Canada à l’ONU Bob Rae, a permis de sensibiliser les acteurs de la communauté internationale pour notamment financer la Mission multinationale d’appui à la sécurité MMAS. M. Conille s’est également entretenu avec la vice-secrétaire général de l’ONU Amina Mohammed.
Source : Le nouvelliste