Haïti. Que fait la Banque mondiale dans la pays avec 1,3 milliard de dollars ?

La Banque mondiale, partenaire financier d’Haïti, apporte sa participation à plusieurs projets sur le terrain.

Avec un portefeuille de 1,3 milliard de dollars, Le Nouvelliste a cherché à connaitre les réalisations concrètes de cette institution en Haïti. Lors d’une entrevue exclusive accordée au Nouvelliste, la cheffe des opérations de la Banque mondiale en Haïti Anne-Lucie Lefebvre est revenue sur les réalisations de l’institution qu’elle représente.

De l’enveloppe globale de la Banque mondiale en Haïti, 28% supportent des projets sur le transport; 14% sur l’agriculture et la sécurité alimentaire, et 12% des projets liés au développement urbain. Ces informations ont été communiquées par Anne-Lucie Lefebvre, cheffe des opérations de la Banque mondiale en Haïti lors d’une entrevue exclusive accordée au Nouvelliste et à Magik 9.

Questionnée sur les projets liés au transport, Mme Lefebvre a indiqué que la Banque mondiale intervenait sur plusieurs chantiers dont l’amélioration de l’aéroport du Cap-Haïtien, la construction de routes et de projets « corridor » appelés à mieux connecter Port-au-Prince aux autres régions, a détaillé Mme Lefebvre sur le volet financement au transport de la Banque mondiale.

Des projets pas toujours visibles. La dernière grande inauguration de la Banque mondiale en Haïti remonte à 2018. Celle-ci concerne l’axe routier de 6 km reliant Cap-Haïtien à Labadie, financé à hauteur huit millions de dollars. Chaque année la Banque mondiale dépense près de 200 millions dollars dans des projets liés aux infrastructures.

« Le fait qu’il n’y a pas eu d’inauguration depuis longtemps c’est beaucoup lié au fait qu’on a été dans des périodes de présence/non-présence… et qu’il y a eu [des périodes] d’instabilité et d’insécurité politique. En général, dans tous les pays où l’on travaille, quand les circonstances le permettent on fait des inaugurations. Ce sont des discussions qu’on a avec notre gouverneur et avec les ministres sectoriels. Il n’y a rien qui empêche de faire des inaugurations, sauf que là présentement même la mobilité est extrêmement limitée », a rétorqué Anne-Lucie Lefebvre, soutenant qu’il va falloir trouver d’autres moyens de communiquer.

D’autres critiques visent également le manque de résultats visibles dans les efforts de reconstruction du grand Sud après le séisme de 2021, Mme Lefebvre dit voir des avancées considérables. En visite aux Cayes début septembre, la cheffe des opérations de la Banque mondiale en Haïti dit avoir vu « des gens qui travaillaient fort, des centres d’accueil pour des gens victimes de cyclones et qui pourraient servir en cas de tremblement de terre, un projet agriculture qui fonctionne bien, une école en réhabilitation financé par le projet ʺÉducationʺ », exprimant ainsi son désaccord à ces critiques.

En dehors de la faible capacité d’absorption d’Haïti, le sous-financement reste un réel projet. « Si on regarde le portefeuille de la Banque en Amérique latine, celui d’Haïti c’est le plus important. 1,3 milliard ce n’est pas petit… Je peux vous dire que même comparer aux pays de l’Afrique subsaharienne, c’est un bon portefeuille», a argué Anne-Lucie Lefebvre.

« La capacité d’absorption, c’est vrai par le passé qu’il y a eu des soucis, je pense qu’il y a énormément des efforts qui sont faits de part et d’autre, et tant du côté de la Banque. Parce que nous, on a des systèmes qui sont parfois difficiles à comprendre, lourds, avec plusieurs étapes.  On fait le choix en tant qu’institution de travailler avec les institutions publiques… Vous avez une administration publique qui fait face à l’exode des cerveaux mais qui est dans une mouvance assez classique ce qui peut parfois créer des lenteurs dans les décaissements. On doit travailler conjointement, on le fait déjà avec par exemple sur la question de la signature électronique. On a fait une revue de portefeuille il y a peu, on a identifié les soucis qui font que l’on ne va pas plus vite que l’on le voudrait », a précisé Mme Lefebvre, soulignant qu’un plan d’action allait être mise en œuvre et que des rencontres vont se tenir sur une base mensuelle afin de surmonter des petits soucis.

Interrogée sur le pourcentage de projets improductifs voire qui ne vont nulle part, Anne-Lucie Lefebvre a souligné que les projets qui ne vont nulle part « sont d’une autre époque ».

« Il y a un effort énorme qui a été fait à l’époque de mon prédécesseur pour restructurer le portefeuille de la Banque. Présentement on a 18 projets, il y en a trois ou quatre  qui trainent un peu de la patte. La revue de portefeuille servait à discuter de l’avenir de ces projets », a-t-elle indiqué.

« Vous avez aussi des besoins qui changent. Un projet qui a été conçu en 2023 n’est peut-être pas le meilleur projet pour répondre aux besoins de 2024. C’est pour cela qu’on fait un plan d’action et on va essayer de voir comment on peut ajuster nos actions. Les questions d’agilité sont importantes quand on travaille dans un pays comme Haïti », a ajouté Mme Lefebvre, notant que dans le contexte Fragile, Conflict and Violence (FCV) d’Haïti, l’on compte utiliser des outils développés en Afrique subsaharienne pour faire face aux problèmes.

Les bailleurs sont-ils fatigués du cas Haïti ? « En général, je n’ai jamais senti chez les interlocuteurs que j’ai rencontrés qu’ils n’avaient pas de sympathies pour Haïti et qu’ils n’étaient pas préoccupés par la situation humanitaire. On espère que cela va se traduire en actions concrètes », a déclaré Mme Lefebvre.

Ajoutant : « Des fois il peut y avoir un écart entre les discours et les actes. Là où c’est plus compliqué, si on regarde dans le monde, la pression sur les financements, elle plus qu’elle était avant. Dans le monde occidental, il y a des crises économiques, il y a des crises d’inflation, de chômage, les pays sont préoccupés par des agendas nationaux, peut-être plus à des époques où leur propre économie était plus en santé et puis il y a plusieurs conflits dans le monde. Les fonds qui sont disponibles sont sollicités de part et d’autre».

Face aux difficultés internes et au contexte fragile, Anne-Lucie a invité le peuple haïtien à faire preuve de résilience. « Il faut continuer à être résilient », a dit la cheffe des opérations de la Banque mondiale en Haïti, renouvelant le soutien de la Banque mondiale aux efforts locaux.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/251292/que-fait-la-banque-mondiale-en-haiti-de-lenveloppe-de-13-milliard-de-dollars

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