« Haïti possède-t-elle des terres rares ? », telle est la question qui a été posée au directeur général du Bureau des mines et de l’énergie (BME), l’ingénieur-géologue Claude Prépetit, dans le contexte où d’importants gisements de terres rares se trouvent dans le sud de la République dominicaine à la frontière sud avec Haïti.
À l’émission Panel Magik, mardi 11 février 2025, Claude Prépetit a indiqué que des recherches doivent être menées du côté haïtien pour déterminer si ces gisements ne bordent pas la frontière avec Haïti. « Probablement nous avons des terres rares en Haïti, mais quelle quantité ? Où sont-elles localisées ? Quel est le taux de concentration? », s’est demandé M. Prépetit, encourageant les autorités à mener des études en Haïti pour déterminer le potentiel minier.
Selon M. Prépetit, avec la transition énergétique, la terre rare est utilisée pour fabriquer dés aimants dans l’énergie éolienne. « Chaque smartphone contient 3 grammes de terres rares. Les piles des voitures électriques contiennent entre 1.2 et 3.5 kilogrammes de terres rares. C’est un élément stratégique dans les nouvelles technologies », a expliqué le directeur du BME.
L’ingénieur-géologue a appelé à faire une évaluation côté haïtien pour déterminer l’existence de terres rares dans le sous-sol et mener des études pour évaluer les perspectives d’exploitation.
M. Prépetit a toutefois alerté sur les risques écologiques que peut poser une éventuelle exploitation de l’autre côté de l’île. « L’étude d’impact indiquera la quantité de déchets qui sera générée, la quantité d’eau qui sera utilisée et la quantité de produits chimiques qui sera nécessaire pour l’exploitation de terres rares en République dominicaine ou en Haïti », a déclaré Claude Prépetit, soulignant que cette question doit être débattue à travers les canaux diplomatiques existant entre les deux pays pour éviter tout risque de pollution de part et d’autre.
Un vrai problème environnemental
En termes d’environnement, l’exploitation des terres rares contribue à la destruction du milieu naturel, détruit la biodiversité. Elle a un impact sur le paysage, sans compter les éléments radioactifs qui peuvent être source de maladies, selon Prépetit, interrogé sur l’éventuelle gestion des déchets dans la perspective d’une exploitation en République voisine.
« On doit veiller à ce que les impacts environnementaux de l’exploitation des terres rares en République dominicaine ne tombent pas sur Haïti. A partir des instances concernées comme le ministère de l’Environnement, on doit mettre sur pied un comité de surveillance sur l’impact de l’exploitation », a-t-il précisé.
Au-delà des terres rares, M. Prépetit a dénoncé l’absence d’investissement dans la recherche minière en Haïti depuis 1993. En 2012, toutes les activités de recherche sur les métaux ont été interrompues, alors que la République dominicaine continue de développer ce secteur. Selon lui, il est impératif de relancer les explorations pour mieux localiser les ressources du sous-sol haïtien et développer une stratégie d’exploitation durable
« Depuis 1993, il n’y a jamais eu d’investissement pour la recherche dans le secteur minier. En 2012, on a mis un terme à toute activité de recherches minières sur le volet métallique, alors que du côté dominicain, on investit dans la recherche », a déploré Claude Prépetit.
En raison du manque de recherche, a expliqué M. Prépetit, il ne peut y avoir d’études sur la présence de ressources minières dans le sous-sol haïtien. Il a insisté sur la reprise des recherches dans ce secteur, appelant les autorités à établir des stratégies en ce sens.
À l’échelle mondiale, il a rappelé que les réserves privées de terres rares sont estimées à 120 millions de tonnes, avec une ressource totale atteignant 350 millions de tonnes. La Chine domine largement ce marché, produisant en 2021 environ 168 000 tonnes, suivie des États-Unis avec 42 000 tonnes.
Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/253179/haiti-possede-t-elle-des-gisements-de-terres-rares