Haïti. Port-au-Prince devient un piège pour ses résidents

Depuis la vague des manifestations de peyi lôk, passant par la mort violente du président Jovenel Moïse jusqu’à l’avènement officiel de la coalition des gangs armés sous l’appellation Viv Ansanm, la population haïtienne et particulièrement les résidents de l’aire métropolitaine ont connu toutes les misères du monde.

Entre les déplacements forcés, l’incendie ou la démolition de leur maison, la mort atroce, les Port-au-Princiens n’ont pas d’autres choix. Ravagée comme une ville en guerre depuis plusieurs années, la capitale haïtienne, ne se reconnait plus. Même dans les pays en guerre on ne voit pas pire.

La ruine, la mort et le désespoir sont les termes les plus appropriés pour décrire Port-au-Prince qui, grâce à la performance des gangs, devient en l’espace d’un cillement la ville la plus dangereuse du monde en 2024, selon un article du Journal « Libération » publié le 20 février dernier. D’un autre coté Les données avancées par le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies font état de plus 5 500 personnes tuées dans le pays au cours de l’année 2024. Soit environ 1 000 de plus que l’année précédente.

Le pullulement des groupes armés à Port-au-Prince, la violence grandissante et la dégradation des conditions de vie de ses résidents ont réduit cette ville grouillante en une peau de chagrin. Certains observateurs estiment à moins de 20% les espaces contrôlés par les autorités étatiques. Ainsi, se déplacer d’une zone à l’autre devient de jour en jour une entreprise assez périlleuse. Encore plus périlleuse quand il s’agit de laisser la capitale pour se rendre dans une ville de province.

Actuellement, la région Sud du pays est totalement inaccessible par la route occupée par les bandes armées. Il en résulte de ce fait une rareté de certains produits de consommation sur les marchés de la capitale et aussi des villes de provinces. Qui dit rareté de produits dit cherté de la vie. On comprend alors pourquoi depuis quelques années, à cause de ce climat d’insécurité et d’instabilité que vit Haïti, l’inflation s’affiche continuellement à la hausse. En janvier et février 2025, le taux de l’inflation en rythme annuel calculé par l’IHSI était respectivement de 29,7% et 28,4%.

Quand l’inflation à deux chiffres pendant une période assez longue s’allie au chômage renforcé par la fermeture de nombreuses entreprises attaquées et détruites par les groupes armés ou tombées en faillite à cause de l’appétit trop gourmand des chefs de gangs réclamant des frais exorbitants aux propriétaires, c’est la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la misère qui s’invitent dans nos rangs.

Des chiffres officiels publiés par les agences locales et internationales s’activant dans le pays font état d’environ 5 millions d’Haïtiens aux prises avec l’insécurité alimentaires. Loin de s’améliorer ce phénomène ne peut que s’aggraver au rythme où va l’insécurité dans le pays où les gangs envahissent de plus en plus d’espace et n’épargnent rien sur leur passage, qu’ils s’agissent d’écoles, d’hôpitaux, d’universités, d’églises, d’entreprises commerciales, de bureaux publics, de maisons privées etc. Tout passe, tout flambe au nom d’une cause inavouable.

Quelle alternative reste-t-il aux Haïtiens ? Pas grand-chose  quand on voit la molesse avec laquelle la question de l’insécurité est adressée en haut lieu. Dans un pays où l’on refuse aux jeunes le droit d’aller à l’école, où la propriété privée, les entreprises ne sont pas protégées, où la sécurité des vies n’est pas garantie, où personne n’est libre de ses mouvements, etc., la seule alternative envisageable pour un jeune serait de laisser le pays. 

Et là encore, une question reste pendante : Par quel moyen ?

Cyprien L. Gary (Le Nouvelliste)

Lien : https://lenouvelliste.com/article/254704/port-au-prince-devient-un-piege-pour-ses-residents

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