Haïti. PNH, FAD’H et MMSS entre promesses et défis

Les promesses et engagements des autorités policières, du haut commandement des Forces Armées d’Haïti et du commandement de la force multinationale dirigée par le Kenya de ramener la paix dans le pays n’ont pas été honorés en 2024. Les défis à relever pour que ces promesses soient matérialisées au cours de l’année 2025 sont nombreux.

Haïti a commencé l’année 2025 avec ses gangs, ses quartiers de non-droit et ses routes nationales occupées par les gangs. Si la Police nationale d’Haïti, de concert avec les Forces Armées d’Haïti et la force multinationale dirigée par le Kenya, poursuit ses opérations contre les gangs, les conditions sécuritaires dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince restent ce qu’elles étaient en 2024. Les communes de Carrefour, Cité Soleil, Croix-des-Bouquets, une partie des communes de Tabarre, de Delmas et de Pétion-Ville sont sous le contrôle des gangs.

On peut ajouter à la liste la commune de Gressier et les communes voisines de la Croix-des-Bouquets. Dans certaines de ces communes, il est une perte de temps de chercher la présence de l’État. Tribunal, hôpital public, bureaux de perception de taxes ont été tous contraints de fermer leurs portes. Dans d’autres communes de la zone métropolitaine, l’État est partiellement présent.

Un rapport des Nations unies avait fait état, en 2024, de la présence de 150 à 200 groupes armés à travers le pays. Le rapport recensait environ 23 gangs opérant dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, divisés en deux grandes coalitions : le G-Pèp, dirigé par Gabriel Jean Pierre, également appelé Ti Gabriel, et le G9 Fanmi e alye, dirigé par Jimmy Chérizier, dit Barbecue. « Ces derniers mois, les deux factions rivales ont uni leurs forces dans des attaques coordonnées visant l’aéroport, le Palais national, le Théâtre national, des hôpitaux, des écoles, des commissariats de police, des bureaux de douane et des ports, imposant effectivement leur volonté et élargissant leurs territoires », notait le rapport publié en 2024 par l’’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Selon l’ONU, les gangs contrôlent des zones très stratégiques de la capitale et les principaux axes routiers reliant Port-au-Prince aux ports et aux frontières terrestres, ainsi que des villes et zones côtières. En dépit de la présence de la force multinationale, du changement de commandement à la tête de la PNH et des FAD’H la réalité n’a pas bougé. Au contraire, à la fin de l’année 2024, les gangs de la coalition Viv Ansanm se sont emparés du quartier de Solino et ses environs.

Si dans certains quartiers la cohabitation se fait sans heurts entre la population et les gangs, dans d’autres, c’est le contraire. Les agences onusiennes ont recensé, pour ce mois de janvier, près d’un million de déplacés internes à cause de la violence des gangs. A cela il faut ajouter l’arrêt des activités scolaires et universitaires, la fermeture de succursales de banques, d’hôpitaux, de tribunaux et de commissariats dans les communes ou quartiers tombés sous le contrôle des groupes armés. Les infrastructures des forces de l’ordre ne sont pas épargnées.

A côté de ce tableau macabre dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, on doit reconnaitre des avancées des forces de l’ordre contre les groupes armés dans le département de l’Artibonite. Certains quartiers récemment occupés par les malfrats sont pour l’instant sous le contrôle de la PNH, appuyée par la force multinationale. Le gros du travail reste cependant à faire.

La force multinationale, un déploiement en dents de scie

Créée en octobre 2023 suite à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), dirigée par le Kenya, a commencé son déploiement en Haïti  en juin 2024. A nos jours, la mission dispose de moins de 1000 policiers/militaires avec une majorité de policiers kényans. A côté des Kényans, on compte 150 Guatémaltèques, 8 Salvadoriens, 6 Bahaméens, 24 Jamaïcains et 2 Béliziens). Selon des sources concordantes, l’effectif de la mission doit atteindre environ 2 500 membres. Personne ne sait quand les prochains contingents arriveront.

« Les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade, le Belize, le Bénin, le Tchad, la Jamaïque et le Kenya » figurent parmi les pays qui s’engageaient à fournir des troupes pour la mission. La semaine écoulée, la Barbade a désisté. Elle propose de fournir de préférence, au besoin, un appui technique à la force multinationale. Le Bénin, quant à lui, avait exigé l’année dernière des informations sur la nature de la mission avant de décider s’il enverra ses troupes dans le pays.

« La question est de savoir à qui les troupes béninoises, des militaires essentiellement, une fois déployées en Haïti, devront répondre », avait déclaré le ministre béninois des Affaires étrangères, Shegun Adjadi Bakari, en septembre dernier, dans une interview avec le Miami Herald,  ajoutant : « Vous ne pouvez pas demander aux militaires d’être dirigés par des policiers », avait-il déclaré.

On ignore si le Bénin, qui a promis de fournir entre 1 500 et 2 000 militaires à la MMSS, a déjà trouvé des réponses à ses questions. A côté des préoccupations sur le commandement de la mission, son financement reste aussi un point à élucider. Pour contourner cette question, les États-Unis, le principal bailleur de la mission, ont tenté de la transformer en une mission onusienne.

Face à la réticence de la Chine et de la Russie, les États-Unis ont opté pour garder la mission telle qu’elle est. La question a été encore sur le tapis mercredi 22 janvier lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur Haïti. Il parait qu’aucun pas n’ait été franchi vers la transformation de la MMSS en une mission onusienne.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/252715/pnh-fadh-et-mmss-entre-promesses-et-defis

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