Le 14 juin 2020, Haïti craignait le pire. Dans le meilleur scénario présenté par des experts des universités Cornell et Oxford, 35 % de la population haïtienne risquait d’attraper la Covid-19. La prévision sur les hospitalisations avoisinait 300 000 personnes, le pic de la pandémie était attendu en juin. « 7 500 lits d’hôpitaux seront nécessaires ; on aura à déplorer au moins 5 700 décès », avait estimé le Dr Jean William Pape à cette époque.
Comme beaucoup de modélisations épidémiologiques, le temps a eu raison des prévisions.
En ce mois de juin 2021, sans annonce, sans prévision, les hôpitaux sont submergés, les cas graves augmentent entraînant séquelles neurologiques et décès. Au 9 juin 2020, les informations sur les cas hospitalisés faisaient état de 364 cas pour les 3 premiers mois de la pandémie en Haïti contre 204 nouveaux hospitalisés du 1er au 9 juin 2021.
La situation s’aggrave rapidement
Les autres statistiques spectaculaires de cette pandémie en 2021 concernent les décès. Du 1er au 9 juin 2020, la direction d’épidémiologie du MSPP avait dénombré 13 décès. Pour les 9 premiers jours du mois de juin 2021, 32 décès sont à déplorer.
« La mort enveloppe la ville » titrait Roberson Alphonse la semaine dernière dans un article au quotidien Le Nouvelliste. Un titre assez évocateur quand on considère qu’il a fallu attendre 3 mois en 2020 pour dénombrer 50 décès. Comparativement, les chiffres relatifs au décès du 20 mai au 9 juin 2021 font état de 72 décès.
Cette létalité est liée sans doute à l’identification de 2 nouveaux variants du Sars-Cov-2 en Haïti au mois de mai 2021. Ces variants, connus pour avoir une contagiosité plus grande que la souche initiale, donnent un taux de positivité qui inquiète les scientifiques, telle qu’elle est exprimée dans une considération de la cellule scientifique de la gestion de la crise Covid-19.
Une augmentation
du nombre de cas alarmante
« Depuis le début du mois de mai 2021, à la 18e semaine épidémiologique (SE), les données épidémiologiques montrent une augmentation majeure de l’incidence des cas, soit plus de 700%, une forte augmentation du taux de positivité de la 18e SE (11%) à la 21e SE (25%). Aussi, le nombre de décès moyen par semaine (n=1) depuis le début de l’année et jusqu’à la 17e SE a augmenté de 1100%, soit en moyenne 12 décès par SE de la 18 à la 21e SE, situation observée pour la première fois depuis le début de l’épidémie.
Parallèlement, le nombre de patients nécessitant une prise en charge (n=426) de la 18e SE à la 21SE a doublé comparé à la période allant de la 1re SE à la 17SE de l’année en cours (n=216).
Cette situation correspondrait sans doute aux nouveaux variants, britanique et brésilien, identifiés dans le pays, qui sont connus pour leur virulence et leur létalité », a évoqué la cellule scientifique avant de formuler de nouvelles recommandations.