Pierre Léger — premier exportateur mondial d’essence de vétiver —, méthodique, énumère les catastrophes naturelles et humaines ayant frappé le grand Sud, et solde ses comptes avec « une élite bouchée, défaillante de Port-au-Prince qui bloque des projets de développement économique de la presqu’île du Sud, dont le projet port du Sud. »
« Le séisme du 14 août a donné un coup de grâce à la presqu’île du Sud », a affirmé d’emblée l’agronome et industriel Pierre Léger, qui a reçu le journal Le Nouvelliste à son usine de vétiver, aux Cayes, le 3 septembre 2021. « Les drames et les déboires de la presqu’île du Sud durent depuis 5 ans », a-t-il avancé.
Avant le tremblement de terre, la presqu’île du Sud avait subi les dévastations du cyclone Matthew en 2016, les épisodes de peyi lòk, entre 2018 et 2019, la Covid-19 et le « peyi lòk » et les conséquences de la guerre des gangs à Martissant, a détaillé Pierre Léger.
Les soubresauts politiques, l’insécurité à Martissant où des gangs s’affrontent, entre autres effets sur la circulation des personnes et des marchandises, ont empêché le fonctionnement des usines aux fuels lourds, dont le diesel et le mazout. « Dans le Sud, il n’y a pas de terminal pétrolier. Tout cela doit passer par Martissant », a poursuivi Pierre Léger, signalant que la « presqu’île du Sud est à genoux depuis 5 ans. »
Sans langue de bois, Pierre Léger tacle les « nèg Pòtoprens » qui ont « bloqué » le projet de construction du port du Sud, à Saint-Louis du Sud. « Les oligarques de Port-au-Prince ont bloqué le port du Sud pendant 25 ans », a pesté Pierre Léger.
Pierre Léger soutient n’être plus pressé. Celui-ci dit attendre la construction de neuf kilomètres de route menant à des installations portuaires que le président Jovenel Moïse avait visité avant son assassinat.
Ce projet qui peut favoriser le développement d’autres pôles économiques a la vocation de protéger Port-au-Prince des gangs dont des membres viennent de la paysannerie délaissée. « Plus vous bloquez les provinces, plus vous vous mettez en danger. Les oubliés de la république continueront de venir à Port-au-Prince pour vous enlever le sommeil », a poursuivi l’agronome Léger, qui a tancé « l’élite » de la capitale.
« Vous avez une élite bouchée, défaillante qui n’a pas de cerveau », a indiqué le patron de Frager S.A., qui rêve que le pays ait des dirigeants à la dimension d’un Paul Kagame avec qui il a travaillé au Rwanda. « Je suis à la recherche de ces hommes que je n’arrive pas à trouver », a-t-il souhaité, estimant « que les cocos qui nous gouvernent ne comprennent rien à rien. »
« Santo Domingo est devenu le Pétion-Ville d’Haïti. Le lycée français de Santo Domingo est rempli d’Haïtiens », a déploré Pierre Léger. L’industriel, dans la foulée, a indiqué que l’évaluation des pertes provoquées par le séisme à un peu plus de 1 milliard de dollars US est biaisée. « L’impact est beaucoup plus important », a fait savoir Pierre Léger, qui croit qu’il faut avoir une approche globale, holistique de la situation dans le Sud dont les 4 départements étaient asphyxiés durant un quinquennat.
Source : Le Nouvelliste