« Vous pouvez tuer le président Jovenel Moïse, mais vous ne pouvez pas tuer ses idées », a déclaré le Premier ministre Claude Joseph dans une adresse à la nation haïtienne.
« Nous avons décidé de déclarer l’état de siège dans tout le pays », a déclaré Claude Joseph dans un discours en créole, octroyant ainsi des pouvoirs renforcés à l’exécutif.
Il a promis que « les auteurs, les assassins de Jovenel Moïse paieraient pour ce qu’ils ont fait devant la justice. »
M. Joseph avait annoncé plus tôt mercredi l’attaque ayant causé la mort du président.
Dans une adresse à la nation, mercredi 7 juillet 2021, sur la Télévision nationale à la suite d’un Conseil des ministres spécial, le Premier ministre a.i. Claude Joseph a déclaré que le pays était « en état de siège », après l’assassinat du président Jovenel Moïse. Le Dr Claude Joseph qui n’a pas donné des explications sur les implications de l’état de siège, rassure la population que la situation est sous contrôle tout en appelant au calme…
« Dans la nuit du mardi au mercredi, un commando a fait irruption dans la résidence privée du président de la République. Les membres du commando ont ouvert le feu et tué le président de la République. Son épouse a été blessée*. Elle reçoit les soins que nécessite son cas », a rapporté Claude Joseph qui avait derrière lui le chef de la police nationale et plusieurs membres du gouvernement.
« Je partage la peine de l’épouse du président qui se trouvait avec lui. Je partage la peine des enfants du président. La priorité pour moi était de les mettre en lieu sûr », a-t-il dit.
« Selon les premiers éléments d’informations, il s’agit d’une groupe de personnes qui s’exprimait en anglais et en espagnol armé d’armes de guerre qui a tué le président de la République », a confirmé le Premier ministre a.i.
« Etant le chef du gouvernement toujours en fonction, j’ai réuni ce matin le Conseil supérieur de la Police nationale. Dans la stricte application de l’article 149 de la Constitution, je viens tout juste de présider un Conseil des ministres à l’extraordinaire où nous avons décidé de déclarer l’état de siège sur tout le pays », a informé Claude Joseph.
« Je demande à la population de garder son calme. Je fais appel à l’intelligence du peuple haïtien en ce moment difficile », a appelé Claude Joseph.
« Nous savons les batailles menées par le président. Le président avait beaucoup de courage. Tous les secteurs du pays doivent s’unir pour condamner ce qui s’est passé », a-t-il demandé.
« Peuple haïtien, gardez votre calme parce que la situation est sous contrôle. Dans le strict respect de l’article 149 de la Constitution, nous avons réuni avec le Conseil des ministres afin d’assurer la continuité de l’Etat », a rassuré le Premier ministre a.i.
« Prezidan Jovenel Moïse pap mouri san li pa jwenn jistis. Vous pouvez tuer le président Jovenel Moïse, mais vous ne pouvez pas tuer ses idées », a-t-il fulminé.
« La société que nous souhaitons, le pays que nous voulons construire se fera dans le respect des principes et des jeux de la démocratie. Mais pas dans l’assassinat de quelqu’un qui a une idéologie différente de vous », a-t-il dénoncé dans cette adresse à la nation.
« Nous demandons à toutes les forces vives du pays de nous accompagner dans la continuité de l’Etat et éviter au pays de sombre dans le chaos. Paske jwèt demokratik la se Repiblik la ki pou genyen l. Fòs fè nwa yo y ap pèdi kanmenm », a lancé Claude Joseph.
« C’est un coup dur pour le pays, pour la nation, mais il ne restera pas impuni. Les auteurs et les assassins du président Jovenel Moïse répondront de leurs actes par devant la justice », a conclu Claude Joseph dans cette adresse à la nation.
Source : Le Nouvelliste et autres
*Le décès de l’épouse de Jovenel Moïse a été annoncé par certains médias.
REACTIONS
« Jovenel Moïse ne représentait pas grand-chose. »
« Il faut être très méfiant par rapport à ce type de formulation, qui tend à éloigner les commanditaires ou les exécuteurs d’Haïti, en pointant indirectement du doigt la République dominicaine ou, plus loin, les Etats-Unis. On ignore d’où vient cette information et je pense qu’il s’agit plutôt d’une stratégie de diversion. Jovenel Moïse ne représentait pas grand-chose, n’avait pas vraiment de parti politique derrière lui. Il avait été élu avec très peu de voix et était surtout là en tant que serviteur de l’oligarchie. Dans le contexte haïtien actuel, tout porte à croire qu’il pourrait s’agir d’un règlement de compte au sein de l’oligarchie par des bandes armées locales, plutôt que d’une intervention étrangère. »
Frédéric Thomas est chargé d’étude au Centre tricontinental (Cetri) dans une interview à Libération.
« Nous condamnons cet acte odieux. »
« Nous sommes choqués et attristés d’apprendre l’horrible assassinat du président Jovenel Moïse et l’attaque contre la première dame d’Haïti, Martine Moïse. Nous condamnons cet acte odieux, et j’adresse mes vœux les plus sincères de rétablissement à la première dame Moïse. »
Joe Biden, président des Etats-Unis
« Un très mauvais signal. »
« Même si c’est un chef d’État contesté, c’est quand même un chef d’État qui a été assassiné dans des circonstances obscures. C’est un très mauvais signal pour ceux qui espèrent un avenir meilleur pour Haïti. »
Eric Sauray, politologue sur La 1re FranceTV Info
« Un baril de poudre qui va sauter… »
« Ce qui est difficile dans ce contexte de meurtre, c’est que tout le monde se sent en insécurité en Haïti. C’est un baril de poudre qui va sauter, mais on ne sait pas à quel moment. »
Amos Coulanges, chanteur et musicien haïtien