Haïti. Mourir de détresse respiratoire faute d’oxygène

Souffrant d’une détresse respiratoire, Morisena St-Fort, 87 ans, a trépassé sur son lit de l’hôpital Saint-Nicolas, à Saint-Marc, mercredi 4 novembre 2021, moins de vingt-quatre heures après son admission. Ses petits-fils ont parcouru toute la ville des Gonaïves en quête d’un hôpital effectuant l’oxygénothérapie avant que cette octogénaire ne soit hospitalisée à Saint-Marc.  

La saturation en oxygène de Morisena St-Fort ne dépassait pas 80 au moment où elle a été admise à cet hôpital réputé de la rue Louverture des Gonaïves qui ne pouvait rien faire d’autre que référer la patiente à l’hôpital La Providence.

Le calvaire ne fait que commencer pour cette famille qui passait d’un hôpital à un autre, avant de se rendre désespérément à l’hôpital La Providence des Gonaïves. Le hic, l’hôpital de référence du département de l’Artibonite ne fonctionnait pas. Les barrières sont fermées.

D’hôpital en hôpital

De l’hôpital La Providence, la famille s’est rendue à Marchand Dessalines pour sauver Morisena St-Fort en détresse respiratoire. À l’hôpital Claire Heureuse, toutes les bonbonnes d’oxygène étaient vides, seul un concentrateur d’oxygène est disponible dans la salle des urgences. Quand un agent de sécurité est arrivé avec une bonbonne d’oxygène, c’est la joie dans la famille. Un soulagement de courte durée quand le médecin annonce que la bonbonne ne suffira même pas pour la nuit.

Il était 22 heures, direction Saint-Marc. La saturation en oxygène chutait à 60 au moment où la patiente a trouvé un lit dans la salle des urgences de l’hôpital Saint-Nicolas. Là aussi, les bonbonnes d’oxygène sont vides. Des patients qui nécessitent de l’oxygénothérapie respirent au moyen de concentrateurs d’oxygène. Le casse-tête continue pour les proches de Morisena St Fort, prêts à payer de l’oxygène au prix fort. Privée trop de temps d’oxygène, la patiente trépasse dans son lit d’hôpital.

Dans la salle des urgences de l’hôpital Saint-Nicolas, à l’instar de Morisena St-Fort, plusieurs patients qui sont hospitalisés pour un problème respiratoire aigu ne sont pas sortis vivants de l’hôpital.

Ces derniers jours, le nombre de personnes mortes à la suite d’une détresse respiratoire a considérablement augmenté, a confirmé le Dr Marc Châtelier. « Nous avons déjà dépassé le chiffre de 10 décès pour cette semaine », a précisé le titulaire de la Direction départementale de Santé au niveau de l’Artibonite.

La pompe en panne…

« Il y a un problème avec le générateur d’oxygène disponible pour les hôpitaux du département. La pompe est tombée en panne. Du coup, difficile de fournir de l’oxygène aux hôpitaux. On a eu un problème de pompe il y a une semaine, jusqu’à présent on n’a pas pu la réparer », a confié le Dr Châtelier, évoquant une rupture de stock d’oxygène.

Le responsable du service d’urgence de l’hôpital Saint Nicolas demande 4 bonbonnes d’oxygène par patient par jour. S’il y a une quinzaine de patients par jour, nous n’aurons pas la possibilité de fournir autant de bonbonnes d’oxygène. Il faut utiliser les générateurs d’oxygène pour les patients qui sont moins graves, a préconisé le Dr Châtelier.

« J’ai déjà sonné l’alarme au plus haut niveau pour informer qu’on ne pourrait pas continuer dans cette situation au niveau de l’Artibonite. La situation commence à dégénérer », a lâché le directeur départemental de la Santé dans le département de l’Artibonite.

L’Artibonite grand oublié des bonbonnes d’oxygène de l’USAID

L’Agence américaine pour le développement international (USAID) a fait don de 250 bouteilles d’oxygène au ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) dans le cadre des efforts continus du gouvernement Américain pour répondre au COVID-19. Ces bouteilles aideront les hôpitaux d’Haïti à fournir les soins vitaux dont leurs patients ont besoin.

Les 250 bouteilles seront livrées à sept hôpitaux. Le département de l’Artibonite est le grand oublié de ce stock. Trois des hôpitaux qui vont en recevoir prennent en charge des patients atteints de COVID-19 depuis l’apparition de la première épidémie de COVID-19 en mars 2020. Il s’agit de l’Hôpital Saint-Luc, de l’Hôpital Universitaire de Mirebalais, et l’Hôpital de Bon-Repos (Hôpital de La Police). Les quatre autres sites se trouvent dans la région sud d’Haïti, qui a été récemment touchée par le tremblement de terre du 14 août : l’Hôpital Saint-Boniface de Fonds des Blancs, l’Hôpital Sainte-Thérèse de Miragoâne, l’Hôpital Saint-Antoine de Jérémie et l’Hôpital Saint-Michel de Jacmel.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/232536/artibonite-mourir-de-detresse-respiratoire-faute-doxygene

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