Les négociations politiques entre le Premier ministre Ariel Henry et les représentants de l’accord de Montana n’ont pas encore débuté. C’est ce qu’ont rapporté samedi 12 février Jacques Ted St-Dic, Magalie Comeau Denis et Ernst Mathurin, quelques heures après avoir rencontré le PM et des acteurs de l’accord de la primature.
Selon St-Dic, la rencontre de vendredi 11 février est en droite ligne avec la marche à suivre de l’accord de Montana qui prévoit un moment de négociation avec le pouvoir en place, quelle que soit la situation individuelle du dirigeant.
« Hier il y a eu un temps de déblayage sur la position des uns et des autres. Certaines choses qui ont été dites ont été clarifiées. Ensuite, nous nous sommes mis d’accord sur le principe de la négociation. Pour nous. Il s’agit d’un moment extrêmement important. Maintenant, nous aurons à définir les critères et le contenu de la négociation, l’agenda, le temps qui sera consacré et les conditions », a expliqué Jacques Ted St-Dic.
Pour sa part, Ernest Mathurin a indiqué que le début des négociations dépendra de la réunion de lundi. « Si on parvient à une entente sur le protocole, les négociations vont commencer. Au niveau de l’accord de Montana, nous sommes prêts pour négocier. Notre accord a été obtenu sur la base d’une négociation », a expliqué M. Mathurin.
Plus loin, Ernest Mathurin a souligné la nécessité d’évacuer certains malaises afin de débuter avec les négociations. « Il y a des suspicions sur l’implication présumée d’Ariel Henry dans la mort de Jovenel Moïse qui doivent être clarifiées. De plus, il faut aborder les revendications des ouvriers et la répression des agents de la PNH lors de leur manifestation », a-t-il souligné.
Magalie Comeau Denis a peint un tableau sombre du pays. Selon elle, les acteurs de Montana, ont accepté de faire un dépassement pour s’asseoir avec le PM Henry en tenant compte de la souffrance de la population. « Toutes les couches de la population ne sont pas épargnées par ce que nous vivons actuellement. En dépit des malaises, nous avons accepté de discuter avec le pouvoir en place », a-t-elle fait savoir.
En ce qui concerne les annonces du PM pour la formation du CEP et l’assemblée constituante, Magali Comeau Denis a invité le PM à s’inspirer de l’histoire récente. « C’est ce que le président Jovenel Moïse voulait faire aussi. Il n’y était pas parvenu. Aller droit au mur c’est faire perdre du temps au pays », estime-t-elle.
Les acteurs de Montana n’ont pas été explicites sur l’avenir du PM et du président qu’ils avaient déjà désigné. Dans un premier temps, Jacques Ted St Dic a souligné que les négociations avec Ariel Henry tableront sur la désignation d’un membre au collège présidentiel. « Nous avançons avec le PEN sur la désignation d’un représentant au conseil présidentiel. Il est normal de rencontrer le gouvernement dans le cadre du même processus, afin qu’il puisse lui aussi désigner un représentant. Nous faisons des négociations avec le gouvernement sur cette base », a-t-il dit.
Est-ce que les avancées obtenues dans l’accord de Montana sont irréversibles ? A cette question, Ted St-Dic a nuancé. « Nous ne sommes pas en train de dire que nous n’allons suivre qu’une ligne droite. Ce que nous avons obtenu est le fruit d’un consensus. C’est ce consensus que nous sommes en train d’élargir. Est-ce que ce que nous avons obtenu est coulé dans le béton et est non négociable ? Nous sommes dans une situation politique complexe. Les institutions s’effondrent. Il n’y a plus de référence constitutionnelle. La construction d’une force de société est nécessaire pour apporter une bouffée d’oxygène aux institutions avant de réaliser quelque chose de définitif. Si tous les autres secteurs de la vie nationale rejoignent cette construction, on pourra dire que le mouvement est irréversible », a-t-il argumenté.
Ted St-Dic a expliqué que la démarche des acteurs de Montana vise à dégager une solution sur la base d’un large consensus. Ce qui, selon lui, permettra au pays de sortir dans la situation dans laquelle il se trouve. « Nous sommes en train de négocier afin que l’on puisse obtenir une force unitaire d’un moment, une expression politique rassemblant les forces du pays. Ce, afin de dire aux étrangers que les Haïtiens peuvent faire autrement. Tout le monde doit comprendre cette nécessité de consensus », a-t-il rappelé.
Selon ce qui est convenu, les deux parties, porteuses des accords dits de la Primature et de Montana doivent se revoir ce lundi 14 février 2022 pour poursuivre les pourparlers.
Source : Le Nouvelliste