Haiti. Massacre La Saline : l’ordonnance du juge Morin renvoie Duplan, Monchéry, Barbecue et autres complices par devant le tribunal criminel

Plus d’une trentaine d’individus dont deux anciens officiels de l’État ont été renvoyés devant le tribunal criminel sans assistance de jury pour y être jugés dans le cadre du massacre de La Saline. Le juge instructeur Jean Wilner Morin vient de rendre son ordonnance suite au réquisitoire définitif du parquet de Port-au-Prince en date du 31 mai 2024.

Le juge Jean Wilner Morin qui instruit le dossier du massacre de La Saline a rendu son ordonnance dans laquelle il a adoptée certaines conclusions du parquet. Plus d’une trentaine d’individus ont été inculpés dans la dite ordonnance.

Des charges concordantes et des indices suffisants ont été établis contre deux anciens officiels du gouvernement de Jovenel Moïse à savoir Joseph Pierre Richard Duplan, délégué départemental de l’Ouest et Fednel Monchéry, directeur général du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales à l’époque des faits. 

Chery Christ-Roi alias « Chrislat », Jimmy Cherizier alias « Barbecue », deux chefs de gangs sont également cités dans l’ordonnance. Les autres individus renvoyés devant le tribunal criminel sans assistance de jury sont : Hervé Barthélémy Bonheur ou Léonel Altona alias « Bout Jeanjean », Pouchon Jean, Nelson Mikelson, Josué François, Bergelin Etienne, Emanus Charles, Jameson Pierre, Policar Felanto, Kalison Rosiclair, Engy Exavier, Pyram Félix alias « Toutou Number one », Manel Lundy, Sensiny Saint-Clair, Sadrac Brice, Manesse Gay, Eddyson Sony Laforest, Pierre Richard St-Fort, Polesse Dossous, Pierre Michel alias « Blanc Piman machann bal », Wilson Alfred alias « Grenn », Max Dolph Desir, Bolliard Junior Alexis, Gerda Petidor, Cado Charles, Dahana Jean Michel, et Pierre Léon Saint Remy.

Le juge d’instructeur a ordonné que les accusés soient pris de corps et conduits à la maison d’arrêt, s’ils ne s’y trouvent déjà. Toutes les pièces de la procédure préparatoire du dossier ainsi que la présente ordonnance ont été transmises au commissaire du gouvernement pour les suites de droit.

Ces individus inculpés sont accusés de détention illégale d’arme à feu, assassinat, tentative d’assassinat, vol à main armée, incendie criminel, enlèvement et séquestration, et association de malfaiteurs suivant les articles 2, 224, 241, 278 et suivants, 293, 324 et suivants, et 356 du Code pénal.

En ce qui concerne Grégory Antoine alias « Ti Greg », Alectis Serge dit « Ti Junior », et Andris Iscar, les poursuites contre eux sont éteintes en raison de leurs décès, conformément à l’article 2 du Code d’instruction criminelle.

De l’implication de deux anciens officiels

Le rapport de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) du 2 avril 2019 a révélé le témoignage de certains plaignants accusant l’ancien directeur général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT), Fednel Monchéry de participer à la planification des actes criminels liés au massacre de la Saline. Monchéry, aux côtés de l’ancien policier Grégory Antoine alias Ti Greg et de Jimmy Cherizier alias Barbecue, est désigné comme l’un des présumés auteurs intellectuels des atrocités commises.

M. Monchéry qui a été invité par les enquêteurs à se présenter pour répondre des accusations, a choisi d’ignorer cette invitation. Transféré au cabinet d’instruction du Juge Chavannes Etienne, Monchéry a tenté de récuser le magistrat, entraînant ainsi l’arrêt des actes d’instruction dans le dossier. L’ordonnance fait remarquer que cette manœuvre a été  une tentative d’échapper à l’examen des faits.

Rita Dieujuste, une des victimes, a déclaré avoir vu Monchéry à plusieurs reprises dans la zone de la Saline, à bord d’un véhicule officiel du MICT, en compagnie de Joseph Pierre Richard Duplan. Elle affirme que Monchéry était impliqué dans la distribution d’armes aux membres des gangs. Ernst Leger, un autre plaignant, a également observé Monchéry dans la région avant le massacre, affirmant qu’il était impliqué dans la planification des actes criminels. Le refus de Monchéry de répondre aux autorités judiciaires, son opposition à l’instruction et sa demande de suspension de la procédure sont considérés comme des indices probants de son intention d’éviter toute confrontation avec la justice.

Quant à Joseph Pierre Richard Duplan, ex-délégué départemental de l’Ouest, son nom figure dans les rapports comme un acteur dans la planification des actes criminels. Lors de son audition au cabinet d’instruction, M. Duplan a fermement nié les accusations, déclarant n’avoir appris le massacre que par les médias. Il a également affirmé que la délégation départementale n’avait pas les moyens nécessaires pour fonctionner correctement, et il a souligné qu’il avait été indexé par des organisations de défense des droits humains. Pourtant, lors d’une confrontation au cabinet d’instruction, deux victimes ont maintenu que Duplan avait été vu distribuant des armes aux chefs de gangs de la Saline. Duplan a contesté ces affirmations, sans fournir de preuves concrètes ou de détails sur ses activités pendant la période en question. Les accusations portées contre Duplan sont sérieuses, avec une majorité des victimes l’ayant identifié comme impliqué dans les préparatifs du massacre.

Le 13 novembre 2018, les résidents de La Saline ont vécu un cauchemar suite à une attaque armée des bandits qui ont tué, violé des familles vivant dans la zone. 72 personnes ont été assassinées selon les rapports des droits humains. Près de six ans après cet acte horrible,  les habitants sont dans l’attente de  justice.

Source : le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/249237/massacre-la-saline-lordonnance-du-juge-morin-renvoie-duplan-monchery-barbecue-et-autres-complices-par-devant-le-tribunal-criminel

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