Haïti. Livre en folie : « La littérature peut être arme de combat », a dit Emmelie Prophète

Emmelie Prophète a été longtemps l’âme de Livre en folie. Elle en est aujourd’hui le soutien de par ses fonctions ministérielles.

« La littérature peut être arme de combat », a dit Emmelie Prophète, Mme Milcé, ministre de la Culture d’Haïti.

C’est fait. La 28 édition de Livres en folie est lancée. À la salle Ginger, entre conversations à mots feutrés d’éditeurs, d’invités… auteurs en herbe et quelques journalistes curieux lèchent les roll up banners, découvrent ou redécouvrent les monographies de Pierre-Raymond Dumas sur des géants de la littérature haïtienne contemporaine et des classiques de Louis Philippe Dalembert, l’auteur haïtien le plus primé à l’étranger.

En comptant les parutions des deux invités d’honneur de cette édition, ce sont 1 200 titres qui sont disponibles, dont 135 nouveautés. «108 auteurs seront en signature », a confié tout de go Frantz Duval, rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste à la conférence de presse. Max E. Chauvet, directeur du journal, co-organisateur de la foire, a exprimé sa surprise du dynamisme, de la productivité des auteurs, des maisons d’édition, en dépit des adversités, des difficultés socio-économiques. Le plaisir de tourner la page Covid-19, de revenir aux interactions humaines est assorti d’une limitation.

« Nous n’attendons pas la grande foule pour renouer en partie avec la tradition dans ce retour partiel en présentiel », a cadré Frantz Duval, qui a souligné que les titres sont disponibles en ligne du 13 jusqu’au 19 juin. Les grands disparus, Jacques Stephen Alexis, auteur de la « Belle amour humaine » — dont on commémore cette année les cent ans — et des inconditionnels des précédentes éditions disparus aujourd’hui, comme Dieudonné Fardin et le Dr Rony Gilot, seront honorés.

Sans Fardin, sans Gilot, s’installe un vide, un besoin devenu encore plus urgent d’immersion, de conquête ou d’appropriation de leurs œuvres, de leurs legs. « Ils méritent que l’on pense à eux », a soutenu Emmelie Prophète, Mme Milcé, écrivaine à succès, aujourd’hui ministre de la Culture, hier cheville ouvrière de Livres en folie. Pour la ministre de la Culture, au fait des difficultés rencontrées par un auteur de la production à l’édition d’une œuvre, « Livres en folie est un service public. »

Au bout de l’exaltation des gens de plume, ici, en Haïti, où il y tant d’adversités, des avaries à la vie, dans toutes ses expressions, « la littérature peut être une arme de combat », a affirmé Milcé. Comme un passage de témoin, Emmelie Prophète Milcé a posé le laurier des mots, de félicitations méritées aux Pierre-Raymond Dumas et Louis Philippe Dalembert. « Je n’ai pas de mot pour dire ma fierté, mon bonheur », a dit avec calme et une profonde humilité Louis Philippe Dalembert.

Après trois rendez-vous ratés avec le public comme invité d’honneur, le finaliste du Goncourt 2021 avec son roman « Milwaukee blues », a à dire de son Haïti. « Haïti m’accompagne tous les jours. Pour moi, c’est important d’être là », a expliqué Louis Philippe Dalembert qui écrit en français et en créole. « Il y a toujours un morceau d’Haïti dans mes romans », a indiqué Dalembert qui se remémore son immersion en 2012 à Livres en folie, avec Edwidge Danticat et de sa longue connaissance de Pierre Raymond Dumas, journaliste, critique littéraire, ex-ministre de la Culture et auteur de la chronique la plus longue dans l’histoire de la presse écrite, « Cette transition qui n’en finit pas », publiée depuis mars 1990 dans les colonnes du quotidien Le Nouvelliste.

« Une école, une famille », a soutenu Dumas en remontant à la surface au terme d’un long récit sur les mapous du journal de la rue du Centre, sur son ami, Ralph Boncy, son piston auprès de Lucien Montas, feu rédacteur en chef de Le Nouvelliste. « Je suis très content et très fier. Étrangement, je suis là, avec quelqu’un que je connaissais quand j’étais jeune », a confié Pierre-Raymond Dumas dont la consécration n’est pas volée. Elle est méritée.

Un ouvrage de 250 pages résume l’ensemble de publications de Pierre-Raymond Dumas, a soutenu Frantz Duval qui, comme lors de précédentes éditions, a souligné la place spéciale accordée aux enfants. L’introduction précoce des enfants à la lecture n’est pas un hasard. C’est un choix. Ils seront les lecteurs et lectrices, les créateurs et créatrices de demain. Nadine Louis, de la fondation Toya, a annoncé que la salle Cataleya sera aménagée pour accueillir les enfants. Pour le public, au service de la lecture, de la diffusion de la connaissance, Unibank, partenaire de Le Nouvelliste, co-organisateur de la foire, a mobilisé son staff.  

Les acquisitions en ligne ont commencé ce lundi 13 juin, a indiqué Pierre Richard Laneaud, représentant de la Unibank à cette foire où les titres ont été déclinés avec élégance par Anaïse Chavenet de Communication Plus, de Nouveautés Plus. A côté de Le Nouvelliste et de la Unibank, plusieurs partenaires, dont la Digicel, la Brasserie la Couronne, l’Institut Français, les ministères de la Culture, de l’Éducation, des Finances, la BID…. ont rendu possible cette grand-messe du livre, le jour de la fête Dieu…

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/236421/livres-en-folie-la-28-edition-est-lancee

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