Les médias regroupés au sein de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH) ont réalisé, ce dimanche 3 avril 2022, une émission spéciale sur la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. L’émission a été diffusée en multiplex sur les différents médias membres de l’association à Port-au-Prince et dans les villes de province de 10 heures AM à 2 heures PM.
D’autres médias non-membres de l’ANM se sont joints également de la partie.
Cette initiative visait notamment à présenter au public la gravité de la situation sécuritaire au moyen de statistiques compilées par diverses institutions nationales et internationales, faire entendre la voix des victimes et parents des victimes, montrer comment cette situation impacte négativement les victimes, leur famille, les finances publiques, l’économie nationale, la santé physique et mentale de la population, divers corps de métiers. Elle ambitionnait également de sensibiliser les autorités étatiques à prendre leurs responsabilités.
Cinq grand thèmes ont été abordés au cours de cette émission : le point sur l’insécurité en Haïti ; les gangs en Haïti ; Comment sommes-nous arrivés là ; impacts psychologiques de l’insécurité sur la santé et impacts de l’insécurité sur les diverses couches de la population. Ce dernier thème a été subdivisé en plusieurs sous-thèmes notamment les impacts sur le secteur éducatif, sur le transport en commun, les entreprises, etc.
Les discussions ont été animées par les journalistes Wendell Théodore, Roberson Alphonse, Marie Raphaëlle Pierre et Jean Monard Metellus. Liliane Pierre-Paul et Hérold Jean François, membres du conseil de l’ANMH sont également intervenus. Des reportages réalisés par des journalistes travaillant dans les médias de l’ANMH ont été diffusés.
Des responsables d’organisations des droits humains, des psychologues, des sociologues, des criminologues, des représentants de chambres de commerces, des représentants d’ONG, etc. constituaient les panels de discussions.
Au cours de cette émission spéciale, un hommage a été rendu au feu journaliste Jean Léopold Dominique, assassiné à Port-au-Prince le 3 avril 2000. Sa fille, Dolores Dominique Neptune, a pris la parole au tout début de l’émission.
Cette émission spéciale intervient dans un contexte de multiplication des cas d’enlèvements, d’homicides, de viols, perpétrés dans les différents secteurs de la région métropolitaine. Des institutions telles que BINUH, CJILAP, et CARDH publient des statistiques qui témoignent de la gravité de la situation.
En 2021, selon la Commission justice et paix, au moins 893 cas de mort violente ont été enregistrés en Haïti. Parmi les victimes, la CJILAP a répertorié 53 policiers, dont trois inspecteurs de police et cinq inspecteurs divisionnaires. En février 2022, le BINUH a noté une « multiplication du nombre d’enlèvements contre rançon et d’homicides volontaires, qui ont augmenté respectivement de 180 % et 17 % par rapport à 2020, soit 655 enlèvements et 1 615 homicides signalés par la police. »
Selon le rapport du bureau onusien, les principaux auteurs d’enlèvements sont des bandes opérant dans les quartiers sud de Port-au-Prince, notamment Martissant et Village-de-Dieu, et autour des communes de Croix-des-Bouquets et Tabarre (département de l’Ouest).
Source : Le Nouvelliste