Haiti. L’espoir de toute une famille abattue à Port-a-Prince

Unique fille d’une famille de quatre enfants, Osny Zidor, 27 ans, étudiante en médecine, a été tuée d’une balle, samedi 23 avril 2022, à Bois-Verna, alors qu’elle se trouvait à bord d’un minibus des transports en commun. Elle incarnait l’espoir de toute une famille…

Sa mère est marchande de légumes au détail le jour et tient un étal de friture de saucisses en soirée pour joindre les deux bouts. Son père est cultivateur et éleveur. Ils ont tout investi en Osny, la seule des quatre enfants de la fratrie à avoir pris ses études vraiment au sérieux. Voulant devenir médecin, elle a passé des nuits blanches afin de réussir le concours d’admission à la Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université d’Etat d’Haïti.

Après cinq ans d’études dans des conditions très difficiles à Port-au-Prince, le rêve d’Osny Zidor s’est brutalement évaporé le samedi 23 avril 2022. Une balle d’un individu armé circulant à moto l’a atteinte alors qu’elle se trouvait dans un minibus assurant le trajet centre-ville/Pétion-Ville. Elle est décédée sur-le-champ, d’après des témoins. Durant des heures, Osny Zidor baignait encore dans son sang sur un trottoir dans le quartier de Bois-Verna.

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe à la rue de l’Enterrement à Petit-Goâve où est née et a grandi la disparue. Ses parents y habitent encore. « J’ai tout investi en elle. C’était mon enfant chérie. On me l’a enlevée », sanglote son père, qui perd une fille « affectueuse. »

« Pour rentrer un peu d’argent, Osny vendait parfois des friandises aux étudiants, confie Virna Laurier Fifi, voisine de la famille à Petit-Goâve. C’est quelqu’un qui luttait pour subvenir à ses besoins. Elle n’était jamais découragée car elle avait un rêve. L’espoir de toute la famille était sur Osny. Alors qu’elle était étudiante en médecine aidait sa maman dans son petit commerce de légumes et de saucisses quand elle se rendait à Petit-Goâve. »

Osny Zidor a fait ses études primaires chez les Sœurs Notre-Dame de la Sagesse de Petit-Goâve et ses études secondaires au lycée Faustin Soulouque de la commune avant d’être admise à la Faculté de médecine et de pharmacie. « C’était une fille très respectueuse qui accordait beaucoup d’importance à l’instruction, indique Virna Laurier Fifi au Nouvelliste. Elle encourageait souvent les jeunes à prendre leurs études au sérieux. Ce qu’elle faisait elle-même alors qu’elle passait parfois des journées sans manger… »

Osny fait partie des milliers de jeunes bacheliers qui quittent leur région d’origine chaque année pour s’installer dans la capitale afin d’entamer des études universitaires au prix d’énormes sacrifices souvent ponctués d’humiliation et de déception. Osny rejoint la longue liste des victimes par balle à Port-au-Prince ; la longue liste de ceux et celles partis trop tôt qui ne trouveront jamais justice. « Pi gwo pi gwo mouri pa gen rezilta pou yo, alevwa mwen menm ki ti malere… », rapporte déjà son père qui ne se fait pas d’illusion dans ce pays ayant échappé au contrôle des autorités depuis plusieurs années.

Source : le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/235393/osny-zidor-etudiante-en-5e-annee-de-medecine-tuee-par-balle-a-port-au-prince

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