À l’approche du 73e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Bureau des avocats internationaux (BAI) a organisé, jeudi 9 décembre, plusieurs activités dans la commune de Mirebalais pour rappeler aux Nations unies le tort jamais réparé qu’elles ont fait à plusieurs milliers d’Haïtiens victimes du choléra. Me Mario Joseph s’engage à ne pas baisser les bras jusqu’à ce que les victimes reçoivent les derniers centimes.
Jeudi 9 décembre. Jour-J moins un de la célébration de la Déclaration universelle des droits de l’homme, plusieurs centaines de victimes du choléra ont marché plusieurs kilomètres depuis la paroisse de Saint-Louis à destination de la rivière Mèy, le site où tout a commencé.
Le cours d’eau de cette rivière, l’endroit où soldats népalais déversaient leurs excréments, continue de se jeter dans le fleuve Artibonite. C’est là où l’épidémie a pris naissance. Des victimes y sont venues faire le recueillement en déposant des bougies et une gerbe de fleurs.
Peu avant, le Bureau des avocats internationaux s’était évertué à dépêcher le prélat Eustache afin qu’il chante une messe de requiem à la mémoire de 10 000 personnes mortes après avoir contracté l’épidémie de choléra. « Fòk nou konn goumen. Fòk nou aprann goumen. Yo itilize nou twòp tankou zonbi », a lancé le prêtre.
L’introduction du choléra par les Népalais en Haïti a fait plus de 10 000 morts et 850 000 infectés avant que les Nations unies, durant le mandat de Ban Ki-moon, n’aient finalement accepté leur responsabilité dans la réapparition de cette vieille épidémie. « Certains sont devenus orphelins par la faute des Nations unies », a confié Me Mario Joseph, notant que l’État haïtien ment sur ce sujet et que les Nations unies font « semblant» de défendre les droits de l’homme.
« On a dû attendre six ans avant qu’elles n’acceptent leur responsabilité. Après, les Nations unies font taire nos politiques et roulent la population dans la farine », lâche l’avocat militant. Me Mario Joseph a évoqué, avec frustration, le livre publié par Ban Ki-moon, édité à l’université Columbia, lequel contient tellement de mensonges à notre sujet. Dans son livre, l’ancien secrétaire général des Nations unies crache sur le BAI après avoir reconnu sa responsabilité, a révélé l’homme de loi.
Me Mario Joseph, se dit avoir attiré beaucoup d’ennemis en défendant bec et ongles les victimes du choléra. « À cause de ce dossier, l’ex-président Jocelerme Privert a coupé la bonne relation qu’on développait. Aucun président, de Martelly à Moïse, n’a répondu à mes lettres », a confié Me Joseph.
Les kilomètres parcourus ne dérangent pas une dame qui vient se recueillir à la mémoire de son bébé mort de l’épidémie du choléra. « Il présentait les symptômes de choléra au tout début de l’introduction de la maladie. À l’époque, on ne savait pas vraiment comment faire en cas de vomissements et de diarrhée. Mon bébé âgé d’un an est mort sur le chemin de l’hôpital », a raconté cette dame.
Oxygène David, de MOLEGHAF, a déclaré militer pour que les victimes trouvent justice et réparation. « Nous venons ici pour que les victimes sachent qu’on se souvient d’elles. Nous venons aussi critiquer l’État haïtien qui ne prend jamais une position claire sur ce dossier à la tribune de l’ONU », a fustigé le secrétaire général de cette organisation qui montre que la démarche qui pousse les Nations unies à reconnaître leurs responsabilités dans l’introduction du choléra ne dépend pas de l’État haïtien.
Le militant Oxygène David s’en est pris aux Nations unies qui bluffent alors qu’elles prétendent défendre les droits de l’homme. 11 ans après, des organisations sociales associées au BAI continuent d’exiger réparation pour les victimes du choléra.
Me Mario Joseph, qui a affirmé que l’étau se resserre autour de lui pour avoir défendu ce dossier, entend arriver à ses fins même si l’État ne s’intéresse pas aux victimes, même si les finances du bureau ne sont pas bonnes.
Source : Le Nouvelliste