Les États-Unis soutiendront l’envoi d’une « force multinationale d’action rapide » en Haïti. Il y a un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies qui encouragera le « déploiement immédiat d’une force multinationale d’action rapide » en Haïti pour faire face à la pire crise sécuritaire et sanitaire que le pays ait connue depuis des décennies, selon une copie de la résolution obtenue par le Miami Herald, peut-on lire dans ce journal de la Floride.
Le projet de résolution, confirmé par plusieurs responsables des États-Unis et de l’ONU, fait suite à l’appel lancé la semaine dernière par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, en faveur de la mise en place d’une force de réaction rapide pour aider la police nationale haïtienne. Une source américaine familière avec la rédaction de la résolution a déclaré que la force multilatérale ne serait pas sous la supervision de l’ONU ou rassemblée en vertu du chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui approuve l’utilisation de la force pour le maintien de la paix, selon cet article.
Si le projet de résolution reste inchangé et que le Conseil de sécurité l’adopte, l’ONU encouragera « le déploiement immédiat d’une force multinationale d’action rapide pour soutenir la [Police nationale d’Haïti] comme recommandé dans la lettre du Secrétaire général », selon le projet, a indiqué le Miami Herald qui souligne ne pas savoir encore si la Chine ou la Russie, deux membres permanents du Conseil de sécurité, soutiendront la résolution.
Les États-Unis cherchent également à mettre en place un mécanisme de l’ONU permettant d’imposer des sanctions internationales aux chefs de gangs haïtiens. Cette semaine, les États-Unis ont envoyé une équipe d’intervention d’élite pour l’aide aux sinistrés à Port-au-Prince et ont déployé un important navire des garde-côtes pour patrouiller les côtes haïtiennes et ont imposé des restrictions en matière de visas aux personnalités haïtiennes impliquées dans la violence.
Crise profonde
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont averti vendredi que l’inflation galopante et quatre semaines de blocage de l’accès au carburant, aux emplois, à la nourriture et aux transports publics entraînent le pays dans une spirale descendante.
« Cité Soleil a connu une augmentation inquiétante » de la faim, a déclaré l’agence des Nations unies, 65 % de la population du plus grand bidonville d’Haïti – en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables – subissant le pire, et 5 % d’entre eux ayant un besoin urgent d’aide humanitaire. L’augmentation de la violence à Cité Soleil, avec des groupes armés qui se disputent le contrôle de la zone, a fait que les résidents ont perdu l’accès à leur travail, aux marchés et aux services de santé et de nutrition. Beaucoup ont été contraints de fuir ou de se cacher chez eux. La nourriture est restée rare dans les zones rurales, et plusieurs d’entre elles sont passées de la phase de crise à celle d’urgence.
« Les pertes de récoltes dues à des précipitations inférieures à la moyenne et le tremblement de terre de 2021 qui a dévasté certaines parties des départements de la Grand’Anse, des Nippes et du Sud sont parmi les chocs qui ont aggravé les conditions », ont déclaré les agences dans un communiqué.
Les États-Unis et leurs partenaires sont particulièrement préoccupés par l’épidémie croissante de choléra. Le principal organisme de protection de l’enfance des Nations unies, l’UNICEF, a déclaré que près de 100 000 enfants de moins de 5 ans qui souffrent déjà de malnutrition aiguë sévère sont particulièrement vulnérables au choléra. Depuis que la maladie a été signalée pour la première fois le 2 octobre, il y a eu 357 cas suspects, dont plus de la moitié chez des enfants de moins de 14 ans. Les enfants âgés de 1 à 4 ans sont les plus exposés.
« La crise en Haïti est de plus en plus une crise des enfants », a déclaré Bruno Maes, le représentant de l’UNICEF en Haïti. « Un tiers des personnes souffrant du choléra a moins de 5 ans. Pour les enfants qui sont déjà affaiblis par le manque d’aliments nutritifs, attraper le choléra et en subir les effets, notamment la diarrhée et les vomissements, est proche d’une condamnation à mort. Ils doivent être identifiés et traités de toute urgence, et des mesures concrètes doivent être prises pour prévenir de nouveaux cas de choléra dans les communautés », a-t-il expliqué au Miami Herald.
Source : Le Nouvelliste
