Haïti. Les universités de Jérémie frappées de plein fouet par l’insécurité

Faute de ressources humaines, particulièrement au niveau du corps professoral, à Jérémie, les universités essaient de faire de leur mieux pour maintenir les heures de cours. Le blocage de l’axe routier national et le coût élevé des rares vols effectués par des compagnies aériennes privées constituent pour le moment un vrai casse-tête. Le Nouvelliste a essayé de comprendre s’il existe des alternatives.

L’UNOGA s’efforce de trouver la bonne formule

Cela fait trois ans que l’Université Nouvelle Grand’Anse (UNOGA) essaie de pallier les heures de cours perdues dues à la crise sécuritaire. Selon l’agronome Vladimir Potgony, recteur de ladite institution qui forme de futurs agronomes et gestionnaires, la majorité de leurs professeurs viennent de l’Ouest ou du grand Sud. En ce sens, à en croire le responsable, à cause des activités et du blocage des voies terrestres par les gangs armés, qui demeurent la voie la plus fréquente et la moins coûteuse, la situation devient de plus en plus délicate.

« Parfois, nous optons pour d’autres solutions », a fait savoir M. Potgony. Par exemple, a-t-il poursuivi, en termes de transport des professeurs, un avion des Nations unies, qui effectuait des vols inter-départementaux, nous a beaucoup aidés. Mais le hic, cela fait des mois qu’ils ont mis fin à ce type d’opération, même si parfois certains professeurs, « les plus ardus, incités par le bon traitement de l’administration, bravent les dangers pour venir dispenser les cours », argumente l’agronome. Il a dit être conscient de la difficulté à maintenir le bon déroulement des cours dans ce contexte. M. Potgony annonce des cours en ligne pour les étudiants.

Certains étudiants de l’UNOGA sont obligés d’abandonner leurs études à cause de la non-disponibilité des cours. C’est le cas de Sheelove Bernard, étudiante en deuxième année de sciences agronomiques. « Vous imaginez, vous attendez trois mois pour avoir un cours ? », questionne la jeune femme. Elle dit avoir choisi d’investir l’argent de la session dans un commerce de « pèpè », qu’elle met en place en pleine rue, sur un trottoir, à Rochasse.

A l’UPGA, la situation n’est pas trop différente

Tout comme l’UNOGA, l’Université publique de la Grand’Anse (UPGA), située à Château, banlieue sud à 1,3 km de la ville de Jérémie, cherche des alternatives. « Les cours dispensés par des professeurs venant de l’Ouest ou du grand Sud sont exposés sous forme de séminaires de deux semaines. À la fin, les professeurs, sur la demande du décanat, procèdent tout de suite à une première évaluation (intra). Dans certains cas, l’intra et le test final sont prêts en même temps. Mais pour que les apprenants ne se déconnectent pas des notions vues, un délai d’un mois est accordé avant l’examen final », a expliqué Fasnet Bon Courage, doyen de la Faculté de génie civil et construction durable de l’UPGA.

Une situation qui met toutefois mal à l’aise certains étudiants. Mais ils n’ont d’autre choix s’ils veulent compléter le cursus. C’est le cas de Richemen Onor. Selon cet étudiant, « ici nous sommes des soldats; même si cette pratique n’est pas trop pédagogique, nous n’avons pas trop le choix. On essaie de faire de notre mieux pour réussir chaque année », disant toutefois espérer une amélioration de la situation dans un avenir proche.

Des propositions pour pallier la situation

Pour une frange de la population, en ce qui concerne les formations avancées, les professionnels du département devraient être plus exigeants avec eux-mêmes afin de voir graduellement comment ils peuvent remplacer, dans les salles de cours, les cadres d’autres départements.

Pour d’autres, comme l’expert en sciences de l’éducation Me Dieumerson Mathurin, cette situation devrait inciter les responsables des institutions supérieures à repérer toutes les ressources humaines du grand Sud disponibles et prêtes à travailler. Cela devrait diminuer le coût et faciliter le déplacement des professeurs.

« Aujourd’hui, même dans les pays plus ou moins fiables, la formation hybride, à savoir des séances en présentiel ou en ligne, fait son chemin. Les institutions académiques peuvent faire en sorte de doter les institutions d’enseignement supérieur au moins d’une salle informatique pour essayer de pallier le problème ». Il encourage aussi les universités à faire le jumelage entre professeurs chevronnés, pour les théories, et avec de jeunes professeurs, au niveau local, pour les travaux dirigés.

Source : Le Nouvelliste

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