L’insécurité dans l’aire du Champ de Mars contraint les honorables juges de la Cour de cassation à abandonner leur palais pour se réfugier à Frères, dans les locaux du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ).
Dans l’incertitude et malgré les crépitements d’armes automatiques à Frères, les deux chambres arrivent à siéger pour évacuer certains dossiers en souffrance au niveau de la Cour.
67 dossiers ont été auditionnés par les deux chambres de la Cour de fin novembre à date. Chaque chambre a, tant bien que mal, tenu une séance par semaine, contre deux avant la crise sécuritaire qui secoue la région métropolitaine.
« L’insécurité dans l’aire du Champ de Mars a cassé l’élan de la Cour de cassation qui avait rendu 169 arrêts pour les deux sections en cinq mois seulement, d’octobre 2023 à février 2024 », a fait savoir Pierre-Richard Allonce, greffier en chef de la plus haute instance judiciaire du pays. « Si tout était normal, avec le rythme auquel on avançait, nous aurions pu aller au-delà de 400 arrêts à la Cour », a estimé Me Allonce.
Le commissaire du gouvernement près la Cour de cassation, Me Carvès Jean, confirme que la Cour est en train de récupérer les dossiers qui se trouvent dans ses locaux au cœur du Champ de Mars. « On ne peut pas descendre facilement au palais de la Cour. On est obligé de déménager. On espère avancer d’emblée avec les auditions des dossiers d’ici janvier si la situation sécuritaire à Frères nous le permet », a dit espérer le magistrat Carvès Jean, commissaire du gouvernement près la Cour.
La situation sécuritaire dans la région métropolitaine continue d’impacter négativement les activités judiciaires dont la reprise des travaux judiciaires a été lancée le 7 octobre 2024. Le tribunal de première instance de Port-au-Prince, situé à Lalue, se trouve dans le dur, vu que les gangs sont en pleine progression dans les zones avoisinantes.
Lors de la cérémonie solennelle de la reprise des travaux judiciaires, le président du Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire, Jean-Joseph Lebrun, qui dit miser sur un système judiciaire efficient et efficace, se disait conscient des obstacles auxquels est confronté l’appareil judiciaire qui se trouve à un carrefour crucial.
« Notre mission en tant que magistrat, président de la Cour de cassation et du CSPJ est de garantir que chaque citoyen ait accès à une justice équitable et impartiale, de continuer à lutter contre la corruption, de protéger les droits des plus vulnérables, de nous assurer que la loi est appliquée de manière juste et équitable, et ce, pour maintenir la confiance des justiciables dans le système judiciaire », avait-il déclaré dans son discours.
Source : Le Nouvelliste