Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Espérance, rapporte sur les ondes de Magik9, mercredi 15 décembre, que l’enquête sur l’assassinat du président de la République, Jovenel Moïse, est bloquée depuis le 4 août sur l’ordre des autorités au plus haut niveau de l’État. Des présumés assassins de Jovenel Moïse, a-t-il fait savoir, sont protégés par les autorités.
« L’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse est bloquée depuis que la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a remis son premier rapport partiel au commissaire du gouvernement qui était là à cette époque. L’ordre a été donné au plus haut niveau de l’Etat et au niveau de la hiérarchie de la police nationale de l’époque pour ne pas poursuivre l’enquête », a révélé Pierre Espérance du RNDDH. Le militant des droits humains précise qu’« aujourd’hui, il n’y a pas d’enquête en cours. Au niveau du cabinet d’instruction, ce sont des arrangements qui se font. Le PHTK a bloqué l’enquête, même l’instruction. »
Le défenseur des droits humains a, plus loin, souligné des manquements enregistrés dans le cadre de cette enquête. « Les personnes qui devraient être auditionnées ne le sont pas. Des transactions ont été faites dans des banques de la capitale pour payer le crime. Aussi, l’ordre a été donné pour ne pas enquêter sur cet aspect afin de découvrir la personne ayant payé pour le crime », a-t-il soutenu. Ceci ne veut pas dire que deux banques de la place sont impliquées dans l’assassinat ou qu’elles ont payé pour la commission du crime.
Le rapport partiel que la DCPJ a envoyé au commissaire du gouvernement le 4 août 2021 n’a pas révélé les noms des personnes ayant payé pour le crime, a avancé M. Espérance. Toutefois, a-t-il rapporté, l’enquête de la DCPJ a souligné les personnes qui ont planifié et coordonné le crime, c’est-à-dire ceux qui étaient en contact en permanence avec les policiers qui assuraient la sécurité au domicile du président le jour du crime, les Colombiens entre autres. « Ils sont au nombre de cinq : Joseph Badio, Dimitri Hérard, Jean Laguel Civil, John Joël Joseph et Gilbert Dragon qui est décédé le 17 novembre 2021 au pénitencier national », a-t-il énuméré.
John Joël Joseph et Joseph Badio sont protégés par des autorités du pouvoir, selon Pierre Espérance. « La DCPJ a planifié une opération pour se rendre dans la maison où se trouvait John Joël Joseph, un jour, autour de 9 heures. La hiérarchie de la PNH a changé le plan de la DCPJ, l’obligeant à mener cette opération dans le courant de la journée pour que la police judiciaire ne puisse pas le trouver. John Joël Joseph n’est plus en Haïti. Sous la protection de la Primature et de Josué Pierre Louis, le secrétaire général de la présidence, il a pu quitter le pays.
Quant à Joseph Badio, la Primature a toujours mis un véhicule blindé avec vitres teintées à sa disposition. La police aurait pu arrêter ces deux personnes n’était l’intervention de la Primature », a affirmé Pierre Espérance.
« Si l’on arrête Joseph Badio et qu’il parle, ce ne sera pas favorable à Ariel Henry, ni au PHTK, ni aux personnes qui ont payé pour le crime parce que toute la planification de ce crime est passée par Joseph Badio, John Joël Joseph, Gilbert Dragon et deux autres cadres de la PNH. C’est le PHTK qui a livré Jovenel Moïse surtout à travers Dimitri Hérard », a-t-il poursuivi.
Source : Le Nouvelliste