Haïti. Le viol, l’autre arme de guerre utilisée par les gangs contre la population 

Les gangs armés se battent de moins en moins entre eux. Ils sont maintenant en guerre contre la population. Dans cette guerre punitive et meurtrière, le viol et le viol collectif sur des femmes et des filles sont considérés comme l’une de leurs armes les plus redoutables… 

Les gangs armés n’utilisent pas uniquement des armes de guerre pour agresser la population. Le viol collectif sur des femmes et des filles est aussi une arme redoutable utilisée par les bandits. Dans les territoires qu’ils contrôlent et dans les zones qu’ils attaquent, le viol, cette pratique inhumaine et dégradante, est instaurée par les criminels pour soumettre la population.

Dans son rapport trimestriel (avril-juin 2023), le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) indique que les gangs continuent de recourir à la violence sexuelle, en particulier le viol collectif et la mutilation, pour répandre la peur et punir les populations sous le contrôle de leurs rivaux. 

« À la mi-avril, lors d’une attaque menée contre la population de Brooklyn (Cité Soleil), au moins 49 femmes ont été violées par des éléments du G-9 et alliés, dans une zone connue sous le nom de ‘’Dèyè Mi’’ alors qu’elles tentaient d’échapper à la violence armée. Après avoir été violées, sept des victimes ont été tuées et leurs corps jetés dans un site abandonné. Dans cette zone, les femmes et les filles ont continué à être quotidiennement exposées au risque d’être violées par des éléments de gangs lorsqu’elles tentaient de se rendre au travail ou d’accéder à des services », lit-on dans le rapport du BINUH.

Le BINUH a souligné que les gangs ne commettent pas des violes uniquement sur les femmes et les filles dans les quartiers qu’ils attaquent, ils violent également celles qui vivent quand les zones qu’ils contrôlent. 

« À titre d’exemple, le 25 mai, deux femmes d’une vingtaine d’années qui cuisinaient pour des membres de gangs ont été collectivement violées, puis brûlées vives après avoir été accusées de partager des informations sur le gang avec leurs proches », a écrit le BINUH, soulignant que les gangs utilisent les violences sexuelles comme une arme contre les populations vivant sous le contrôle de gangs rivaux.

Rosy Auguste Ducéna, responsable du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), a souligné que les gangs violent les filles en présence de leurs parents et violent les femmes en présence de leur conjoint avant de les assassiner dans certains cas. « Les gangs utilisent le viol pour faire du mal. Le viol est aussi banalisé par les autorités », a-t-elle dénoncé sur Radio Magik9 ce vendredi.

« Dans les fiefs des gangs, les filles sont obligées de rester à la disposition des membres des gangs. Elles n’ont pas le droit de dire non. Sinon, elles mettent en danger leur vie et celle de leurs parents. C’est une arme redoutable utilisée par les bandits », a dénoncé Rosy Auguste Ducéna, soulignant qu’elle reçoit quotidiennement au RNDDH des cas de viol. Certaines femmes kidnappées ont été aussi violées par leurs ravisseurs, a-t-elle précisé. 

« Le corps des femmes et des filles devient un véritable champ de bataille », a déploré la militante de défense des droits humains. Madame Ducéna a critiqué les autorités politiques et judiciaires qui n’ont jamais pris au sérieux les actes de viol dans les quartiers occupés ou attaqués par les gangs. 

Toutes les communes de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince sont totalement ou partiellement contrôlées par des gangs armés. Ils y font la loi. Les membres de la population pris en otages vivent au quotidien le système de terreur imposé par les criminels.

La Police nationale, visiblement dépassée par la situation, mène des opérations qui n’arrivent jamais à déloger les gangs armés. Le gouvernement quant à lui, impuissant et insipide, continue d’espérer l’arrivée d’une force multinationale pour rétablir la paix dans le pays. 

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