Haïti. Le secteur textile perd près de 10 000 emplois en six mois

Le secteur de la sous-traitance textile a perdu près de 10 000 emplois en l’espace de six mois, entre septembre 2022 et mars 2023, à cause de l’insécurité, des pénuries d’essence répétées et des pertes de marchés. En dépit des difficultés, le secteur voit l’avenir, regarde au travers de ces nuages gris qui s’amoncellent, poursuit son lobby auprès de parlementaires américains pour le renouvellement de la loi HOPE/HELP.

Les pénuries de carburant et l’aggravation de l’insécurité, après la pandémie de Covid-19, ont eu des conséquences terribles sur le secteur de la sous-traitance textile. En septembre 2022, le secteur textile employait 53 387 personnes contre 43 695 aujourd’hui. En l’espace de six mois, de septembre 2022 à mars 2023, le secteur textile a perdu 9 692 emplois, peut-on lire dans un tableau partagé avec Le Nouvelliste par le président de l’Association des industries d’Haïti (Adih), Wilhelm Lemke, vendredi 28 avril 2023.

« 75 % de ces pertes d’emplois sont dus à l’arrêt de septembre à novembre 2022, à l’insécurité et les 25 % aux conditions du marché », a expliqué M. Lemke. Après l’arrêt du parc industriel de Caracol pendant deux mois à cause de problèmes d’énergie électrique liés à la disponibilité de carburant, l’UTE et l’ANARSE se sont penchés sur ce dossier, a-t-il indiqué, soulignant que la Primature prend en main le dossier SAE-A, afin de garder au pays le plus gros employeur au parc industriel de Caracol qui avait annoncé des licenciements importants, a confié Wilhelm Lemke. SAE-A ne s’en va pas pour le moment même si la compagnie a perdu un gros client qui ne veut plus que ses commandes soient produites en Haïti à cause des arrêts de production répétés et de la désignation de S and H global par Better Work pour non-conformité en lien à une interprétation de la très ambiguë loi sur les 3 shift (loi 3 x 8), a-t-il expliqué.

L’un des parcs industriels frappés de plein fouet par la dégradation du climat sécuritaire est celui de Digneron, à Croix-des-Bouquets.

« La situation à la zone franche de Digneron n’est pas bonne du tout. Le parc est entièrement fermé depuis le mois de novembre 2022. En termes d’emplois, 2 000 ouvriers environ ne peuvent avoir accès au parc, ceci, sans prendre en considération les ramasseurs de produits non biodégradables estimés à 9 000 emplois indirects qui alimentaient l’usine de recyclage. En conséquence, le chômage a considérablement augmenté dans cette zone et l’environnement dans tout le pays est menacé », a confié à Le Nouvelliste une source proche de la zone franche de Digneron. « Nous espérons que dans un futur très proche nous pourrons reprendre les opérations sereinement et poursuivre la réalisation du projet qui, en principe, devrait créer 12 000 emplois », a confié cette source.

En dépit des difficultés, le secteur voit l’avenir, regarde au travers de ces nuages gris qui s’amoncellent sur le secteur, poursuit son lobby auprès de parlementaires américains pour le renouvellement de la loi HOPE/HELP.

Le sénateur de la Floride Marco Rubio a réintroduit la loi Help au Sénat des Etats-Unis, mercredi 8 mars 2023, au second jour d’une nouvelle mission de l’ADIH et de l’Etat haïtien, engagés depuis 2022 dans un plaidoyer pour un renouvellement de 10 ans de ce dispositif essentiel au secteur de la sous-traitance textile en Haïti qui expire en 2025.

Le renouvellement de cette loi est capital pour le secteur. En dehors des t-shirts, 70% des vêtements fabriqués dans notre industrie sont sous HOPE /HELP. Deuxièmement, cette loi égalise un peu notre niveau de compétition avec les autres pays pour trouver les investissements étrangers. Donc, si la loi n’est pas renouvelée, nous perdrons une très grande quantité d’emplois et pire, nous ne pourrons plus attirer les investissements étrangers, avait confié un membre de la délégation qui s’était rendu à Washington en mars dernier.

« Dans l’industrie de l’habillement, malgré tous les obstacles, nous avons construit au fil des décennies un secteur qui a atteint 60 000 travailleurs et un milliard de dollars d’exportations, et nous observons aujourd’hui un retour en arrière. Pour plusieurs raisons. À côté du caractère essentiel du renouvellement de HOPE/HELP, la délégation a également plaidé en faveur d’un programme autorisé de manière permanente », avait expliqué notre source; il s’agirait d’un programme autorisé de manière permanente, comme le Caribbean Basin economic recovery act (CBERA)». Mais au minimum, entre-temps, Haïti a besoin que HOPE/HELP « soit prolongé de dix ans immédiatement afin qu’Haïti ait une chance de conserver et d’attirer les investissements nécessaires à sa reconstruction. »

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