Les Etats-Unis ont affirmé que le Premier ministre haïtien Ariel Henry pouvait se maintenir au-delà du 7 février, alors que ses opposants exigent son départ du pouvoir à cette date, qui devait être celle de fin de mandat du président Jovenel Moïse assassiné en juillet.
« D’un point de vue juridique, le mandat du Premier ministre n’est pas lié à celui du mandat du président », a déclaré le haut diplomate américain Brian Nichols.
« Je ne pense pas que les Haïtiens soient obsédés ou focalisés sur la date du 7 février », a-t-il ajouté lors d’un échange avec la presse, à l’issue d’une réunion internationale organisée en ligne par le Canada, pour discuter de la crise haïtienne.
L’assassinat du chef d’Etat haïtien, bien qu’impopulaire et accusé de dérives autoritaires, a suscité le choc auprès des habitants et plongé encore davantage le pays pauvre de la Caraïbe dans une crise de gouvernance.
Nommé seulement deux jours avant l’assassinat, sans avoir eu le temps d’être formellement installé dans ses fonctions, Ariel Henry a de facto pris la direction du pays avec, selon ses opposants, un criant déficit de légitimité.
Les échanges téléphoniques qu’il aurait eus la nuit de l’attaque avec Joseph Félix Badio, l’un des principaux suspects, ont amplifié les critiques à son égard mais Ariel Henry a toujours repoussé ces accusations qu’il qualifie de « diversion. »
S’il peine depuis l’automne à rassembler la classe politique, le soutien renouvelé des Etats-Unis constitue un atout majeur dans son maintien au pouvoir.
« Le 7 février ne marque pas la fin du mandat du gouvernement qui a la responsabilité d’organiser des élections libres et démocratiques », a déclaré Ariel Henry vendredi sur Twitter.
« Le prochain locataire du Palais national sera un président élu librement par l’ensemble du peuple haïtien »,a-t-il ajouté.
Réunis au sein d’une coalition surnommée « accord de Montana », du nom de l’hôtel de Port-au-Prince où a été signée l’entente politique, les opposants à Ariel Henry ont comme projet de choisir, via une élection indirecte fin janvier, un pouvoir exécutif de transition qui serait composé d’un collège présidentiel de cinq membres et d’un Premier ministre.
Depuis son arrivée au pouvoir le 7 février 2017, Jovenel Moïse n’avait organisé aucune élection, et ce contrairement à la Constitution.
Leur absence place aujourd’hui Haïti dans une impasse politique, au moment où les gangs armés sèment la terreur en multipliant notamment les enlèvements dans la capitale Port-au-Prince.
Source : Le nouvelliste