« Le peuple a besoin d’un chef. Le peuple a besoin d’être gouverné. Aujourd’hui, je pense que, sans être narcissique, je suis cette personnalité politique dotée d’expérience nécessaire pour mener la barque à bon port. En période politique difficile nous avons besoin d’un leader expérimenté », a lancé le président du Sénat amputé de deux tiers.
« Yon nèg pa ka pran tèt mato pou mete la pou al lage peyi a nan tchouboum », a tancé le sénateur de la République devant un parterre de journalistes et de plusieurs leaders politiques venus le supporter à cette conférence de presse à l’hôtel Royal Oasis.
La position de Joseph Lambert est sans appel à l’endroit de ceux qui doivent diriger le pays après l’assassinat de Jovenel Moïse le 7 juillet. Le parlementaire plaide pour un exécutif bicéphale.
Tout en rejetant toute idée de cohabiter avec l’actuel Premier ministre Ariel Henry, le parlementaire se propose comme président provisoire en cette période particulière.
« Je suis peut-être l’un des rares politiciens, homme politique, homme d’Etat qui peut créer un grand rassemblement de force autour de lui. On a intérêt à saisir cette opportunité. Je demanderais à tous et chacun de mesurer mes propos ; mon sens de l’engagement est total. Nous avons besoin de l’engagement de tout le monde tant au niveau de la société civile qu’au niveau des politiques », a affirmé celui qui s’est fait appeler animal politique.
Pour calmer un peu son grand désir de devenir président de la République, Joseph Lambert a fait savoir qu’il n’accepterait pas le poste sans une feuille de route. « Si l’on me confie la mission de président provisoire sans feuille de route, je ne vais pas accepter », a-t-il prévenu. « Si l’on me retient au poste de président, comme l’ont déjà fait le Protocole d’entente nationale (PEN), des membres de la société civile et le Sénat de la République, il me faudra une feuille de route, et la durée du mandat. J’aurais bien aimé que cette transition soit la plus courte possible pour un retour à l’ordre démocratique le plus vite possible… », a soutenu le parlementaire.
Alors qu’il n’y a pas encore d’élections qui permettent à la population de choisir ses élus, le sénateur Lambert déclare : « Le peuple haïtien a parlé et dans sa grande majorité il dit vouloir un système politique allant dans le sens de la dictée de la Constitution. C’est-à-dire un exécutif bicéphale. Je suis pour un exécutif bicéphale. C’est la voie à suivre parce qu’elle est réaliste et constitutionnelle. »
Le Premier ministre Ariel Henry milite pour le maintien du pouvoir avec un seul chef. Lui. Occupant ainsi à la fois le poste de Premier ministre et celui de chef de l’Etat. Une position qui indispose le sénateur Joseph Lambert.
« Le Premier ministre Ariel Henry semble avoir perdu le pôle Nord parce qu’il s’acharne derrière un exécutif monocéphale qui lui donne les pleins pouvoirs. L’exemple récent prouve que lorsqu’une personne détient trop de pouvoirs il est en difficulté de gestion. On ne peut pas gérer lorsqu’on a trop de pouvoirs », a avancé l’animal politique pour contrecarrer la volonté du Dr Henry de gérer seul le pays.
« C’est l’équilibre du pouvoir qui peut donner les résultats escomptés. Je n’appuie pas le Premier ministre Ariel Henry dans ce projet d’exécutif monocéphale. D’ailleurs, je ne saurais avoir de projet politique avec Ariel Henry parce qu’il s’écarte totalement de la Constitution. Toute personne qui veut suivre cette voie sera jugée par l’histoire. Ce n’est pas la voie à suivre; ce n’est pas la voie constitutionnelle ni politiquement réaliste », a estimé Joseph Lambert.
Pour le parlementaire, s’il y a un groupe de personnes qui a la légitimité de parler au nom du peuple, c’est le Sénat de la République, donc lui en particulier.
Source : Le Nouvelliste