« Le pays connaitra, pour une cinquième année consécutive, une contraction économique.Le taux de croissance économique devrait se situer autour de -0.4% contre des projections initiales de +0.3%, a indiqué le Premier ministre Ariel Henry dans la « Lettre de Cadrage du projet de Budget 2023-2024 », en date du 2 août 2023.
Le chef du gouvernement a évoqué les principaux défis dont l’inflation, l’insécurité dont les conséquences ont été néfastes.
« En effet, les principaux défis demeurent: la persistance de l’inflation; les perturbations observées dans le circuit d’approvisionnement et de distribution des produits pétroliers et la dépréciation de la monnaie nationale conjuguées au climat sécuritaire délétère. Tout cela a mis à mal la réalisation des programmes et projets devant être initiés pour l’atteinte des objectifs de croissance et de réduction de la pauvreté », a écrit Ariel Henry qui souligne que « malgré le non-décaissement des appuis budgétaires promis, jusque-là, les efforts de mobilisation des recettes et la maitrise dans la gestion des dépenses publiques ont permis de maintenir la stabilité du cadre macroéconomique ».
« Toutefois, le repli des investissements privés et le faible taux d’exécution du Programme d’investissements Publics (PIP) notamment le retard dans la mise en œuvre du Plan de Relèvement Intégré de la Péninsule Sud (PRIS), n’ont pas pu jouer leur rôle de catalyseur de croissance », a poursuivi le Premier ministre Ariel Henry.
« L’économie haïtienne est en proie à de multiples difficultés. Les grands facteurs impactant négativement la gouvernance politique demeurent encore, à savoir: la crise socio-politique et la détérioration du climat sécuritaire. Il faut également mentionner les chocs climatiques et naturels, sanitaires et économiques ayant aggravé l’insécurité alimentaire qui touche une majorité de la population depuis plusieurs années. A ces chocs s’ajoutent des phénomènes internes et externes provoquant une amplification de la hausse des prix des produits pétroliers sur le marché national. Les phénomènes internes sont : l’augmentation des coûts de transaction liée à la dégradation du climat sécuritaire dans le pays; la rareté des produits pétroliers à certaines périodes entraînant la perturbation de la chaîne d’approvisionnement; la baisse du volume des importations; la forte volatilité du change. Cette situation a exacerbé davantage les défis majeurs que nous devons relever. Les phénomènes externes sont liés principalement à la hausse des cours mondiaux imputable à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce qui a une incidence directe sur le pouvoir d’achat des ménages haïtiens, notamment ceux déjà en situation de vulnérabilité. En mars 2023, la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA) a fait état de 4.9 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë qui nécessitent une assistance alimentaire urgente », a écrit Ariel Henry.
« Le secteur externe n’est pas en reste quant aux répercussions néfastes du ralentissement de l’économie. Sur le premier semestre, une baisse d’environ 9% a été enregistrée au niveau des transferts privés sans contrepartie qui généralement s’accroissent en période de crise en Haïti. Aussi faut-il souligner la chute d’environ 21.6% des exportations haïtiennes, qui, en moyenne, représentent 40% du PIB : Ceci, seulement sur les cinq premiers mois de l’exercice. Cette chute est la conséquence directe de la fermeture d’entreprises, particulièrement dans le domaine de la manufacture axée sur le textile. Une amélioration de cette situation requerra un peu de temps, étant donné la saisonnalité de certaines catégories de biens d’exportation », a indiqué la lettre de cadrage.
Source : Le Nouvelliste