Le Conseil Présidentiel de Transition, par consensus, a choisi Alix Didier Fils-Aimé comme Premier ministre, peut-on lire dans Le Moniteur spécial #57 daté du lundi 11 novembre 2024. La version électronique du document a circulé quelques heures avant son entrée en vigueur.
« Nous, Smith AUGUSTIN, Louis Gérald GILLES, Fritz Alphonse JEAN, Edgard LEBLANC Fils, Laurent SAINT-CYR, Emmanuel VERTILAIRE, Leslie VOLTAIRE, membres votants, Régine ABRAHAM et Frinel JOSEPH, membres observateurs sans droit de vote du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), réunis ce vendredi 8 novembre 2024, au Palais National, avons fait choix, par consensus, du citoyen Alix Didier FILS-AIMÉ comme Premier Ministre. La présente Résolution sera publiée et exécutée aux fins de droit. Donné au Palais National, à Port-au-Prince, le 8 novembre 2024, An 221e de l’Indépendance », peut-on lire dans Le Moniteur avec la signature de huit des conseillers. Edgard Leblanc dont le nom est cité n’a pas paraphé le document.
« Vu la Constitution de la République ;Vu le Décret du 17 mai 2005 portant organisation de l’Administration centrale de l’État ; Vu le Décret du 17 mai 2005 portant révision du Statut général de la Fonction publique ;Vu le Décret du 10 avril 2024 portant création du Conseil Présidentiel de Transition ;Vu le Décret du 23 mai 2024 déterminant l’organisation et le mode de fonctionnement du Conseil Présidentiel de Transition ;Vu l’Arrêté du 16 avril 2024 nommant les membres du Conseil Présidentiel de Transition ;Considérant que, par résolution en date du 8 novembre 2024, Le Conseil Présidentiel de Transition a fait choix, par consensus, du citoyen … comme Premier Ministre ;Considérant qu’il y a lieu de nommer le Premier Ministre », selon cet arrêté qui n’a pas dit si le PM Garry Conille a démissionné ou pas.
Le renvoi du Premier ministre Garry Conille est un rebondissement dans le conflit qui l’oppose au président CPT, Leslie Voltaire sur le remaniement ministériel. Le CPT, avait indiqué des sources, voulait des postes régaliens et se débarrasser de la ministre des Affaires étrangères, Dominique Dupuy et de Me Carlos Hercule, ministre de la Justice.
Sur la résolution renvoyant le PM Conille, finalement rendue publique, Me André Michel, de l’Accord du 21 décembre, avait indiqué que « Les textes fondateurs de la transition (le Consensus de la Jamaïque du 11 mars 2024, l’accord du 3 avril 2024, le décret du 12 avril 2024, le décret du 23 mai 2024) ne donnent pas au CPT le pouvoir de renvoyer le Premier ministre. Bien entendu, a-t-il poursuivi, exceptionnellement, l’article 37 du décret du 23 mai 2024 stipule qu’en cas de présomptions graves de corruptions et de déficit de gouvernance, dûment constatés par l’Organe de contrôle de l’action gouvernementale (OCAG), le CPT met fin à la mission du Premier ministre par la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement. Cette disposition existe aussi dans l’accord du 3 avril 2024. Aujourd’hui, a fait remarquer Me André Michel, l’Organe de contrôle de l’action gouvernementale ( OCAG) n’est même pas encore créé. » « Il n’y a, a-t-il soutenu, aucune possibilité pour le CPT de renvoyer le Premier ministre. »
Ce dimanche, Pierre Espérance, intervenant sur Panel Magik , la matinale de radio Magik9 (100.9 Fm) a indiqué : « Si le CPT parvient à publier la résolution de destitution dans le journal Le Moniteur, je conseillerais au Premier ministre Garry Conille de jeter l’éponge afin de ne pas engager la force publique dans ce conflit politique ».
« Même si cette décision du CPT allait à l’encontre de l’accord servant de cadre légal à la transition, celui qui détient le pouvoir de nomination possède également le pouvoir de révocation », a-t-il ajouté.
« Hier, j’ai parlé à deux Conseillers-Présidents. Ils m’ont confirmé qu’ils allaient révoquer le Premier ministre et nommer à sa place Alix Didier Fils-Aimé, a rapporté Pierre Espérance. Ils m’ont annoncé que l’arrêté de révocation ainsi que celui de la nomination du nouveau Premier ministre seront publiés dans le Moniteur incessamment », a-t-il ajouté.
Le Dr Garry Conille, 58 ans, renvoyé par le CPT, avait été choisi, à l’unanimité des six conseillers présidentiels présents lors de la délibération du Conseil présidentiel de transition, mardi 28 mai 2024, pour devenir premier ministre d’Haïti.
M. Conille, premier ministre de Michel Martelly, avait été débarqué assez rapidement de la Primature après un rapport d’une commission d’enquête qu’il avait mis sur pied et qui avait révélé des anomalies et la non protection des intérêts de l’Etat dans des contrats financés avec les fonds Petrocaribe avant son arrivée à la Primature.
Monsieur Conille avait été premier ministre de M Martelly d’octobre 2011 à mai 2012.