Après 11 mois au pouvoir, le Conseil présidentiel de transition ne donne aucun signe qu’il peut redresser la barque du pays. Au contraire, sous la présidence des neuf membres du CPT, la situation du pays va de mal en pis. Les groupes criminels semblent inarrêtables. Ils punissent la population de façon inouïe en toute impunité. C’est dans ce contexte que le Conseil de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince appelle les autorités au pouvoir à « tirer les conséquences » de leur inaction et de « mettre un terme à la dissipation indécente des maigres ressources de la République… »
On ne s’attendait pas à cette prise de position musclée du Conseil de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince. Eux aussi victimes des actes de terreur des groupes armés, les avocats de la capitale affirment qu’ils sont « FRAPPÉS par la dégradation accélérée des conditions sécuritaires qui semble répondre à un projet au service de forces opérant au détriment de l’intérêt national ; ALARMÉS par l’encerclement à des fins occultes des quartiers de la zone métropolitaine par des bandits armés pratiquant une politique de terreur et entraînant des déplacements forcés de la population en violation manifeste des droits reconnus par l’État haïtien ; OUTRÉS par le laxisme insolite des pouvoirs exécutif et judiciaire eu égard au fonctionnement des tribunaux et plus généralement à l’accès à la justice. »
Ces hommes de lois « DÉPLORENT qu’après plus de dix mois de gouvernement, aucune politique pénale véritable n’a été mise en œuvre par les hautes autorités de la transition pour faire face valablement à la situation actuelle et atténuer les souffrances de la population. »
Dans cette prise de position le Conseil de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince « DÉNONCE avec fermeté l’immobilisme des autorités judiciaires chargées des fonctions de recherche et de poursuite des infractions dont l’exercice est essentiel à la lutte contre l’insécurité ; DÉCLARE que ces autorités ont pour mission, en situation d’urgence, de concentrer leurs efforts sur la grande criminalité attentatoire à la stabilité de l’État et qu’à date aucune avancée significative n’a été réalisée en matière de lutte contre le trafic d’armes, de stupéfiants et la traite des personnes. »
Les avocats « RAPPELLENT aux autorités judiciaires ainsi qu’aux institutions étatiques spécifiquement désignées par la loi à cet effet, notamment les forces de l’ordre, les devoirs attachés à leur charge ; CONDAMNENT de ce fait l’irresponsabilité des hautes autorités étatiques en place, passablement inattentives aux enjeux et défis majeurs du moment mais résolument investies dans l’accomplissement d’agendas personnels ou claniques sans rapport avec l’intérêt général. »
Le Conseil de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince « DEMANDE en conséquence aux membres du pouvoir de transition, installés du fait de circonstances exceptionnelles au sommet de l’État mais dépourvus de légitimité populaire, de prendre acte de la désapprobation générale de l’action gouvernementale, d’en tirer les conséquences et de mettre un terme à la dissipation indécente des maigres ressources de la République. »
Les avocats « RÉAFFIRMENT leur détermination inébranlable à défendre les valeurs de l’État de droit enchâssées dans la déontologie de l’avocat et à faire résonner la parole du droit dans la société toutes les fois que l’intérêt général est en jeu. »
D’Edgard Leblanc Fils, le premier coordonnateur du CPT en passant par Leslie Voltaire à Fritz Alphonse Jean, les promesses d’un rétablissement de sécurité dans le pays ne durent que l’instant d’une déclaration faible faite par des responsables irresponsables.
Source : Le Nouvelliste