Haïti. La solidarité s’organise à Kenscoff

« Vwazinaj se dra », rien n’illustre mieux ce proverbe local que la solidarité qui s’affiche entre les voisins de Kenscoff alors que nombreux d’entre eux ont été contraints de fuir leur domicile après les attaques des bandits contre plusieurs localités de la commune.

Plusieurs initiatives de solidarité en faveur des personnes déplacées et des forces de l’ordre déployées sur le terrain sont entreprises à Kenscoff, a constaté Le Nouvelliste lors d’une visite effectuée au centre-ville de la commune le mercredi 12 février 2025.

La première manifestation de solidarité, passe par le logement des familles. Sur les quelque 18 000 déplacés, seuls 1 200 environ sont logés dans les quatre sites administrés par par la mairie. L’agent exécutif de Kenscoff, Massillon Jean, qui s’est entretenu avec le journal a rapporté que plusieurs familles ont trouvé refuge chez des proches ou de simples connaissances qui leur ont offert l’hospitalité.

Au centre d’hébergement logé dans la cour arrière de la mairie et à celui logé à l’école kindergarten Petite enfance de Jean Paul II, ils sont plusieurs pères et mères de familles qui disent vivre sur un site alors que leurs enfants sont envoyés chez des proches.

« Ces gens sont arrivés ici le jeudi 30 janvier 2025. Après avoir fui leurs maisons à Gode, Kafou Bèt et à Bongard, ils se sont rendus à Pétion-Ville. C’est la mairie de Pétion-Ville qui les a transférés à Kenscoff », rapporte Suzenie Laguerre, l’une des responsables du centre d’hébergement de la Petite enfance de Jean-Paul II, site qui accueille pas moins de 120 déplacés.

Selon l’agent exécutif intérimaire de Kenscoff, c’est le curé de la paroisse Saint-Nicolas qui a proposé d’accueillir les déplacés à l’école La Petite enfance de Jean-Paul II, institution scolaire gérée par la paroisse.

Particuliers, entreprises et initiatives citoyenes à la resousse des victimes

Une vieille dame rencontrée de la mairie de Kenscoff avec un sac, a raconté avoir reçu draps et vêtements de quelqu’un qu’elle connaissait vaguement au centre-ville. Ces cas sont nombreux.

« Des gens de la communauté apportent leur soutien surtout pour nourrir les déplacés. Ils offrent aussi leur service à la cuisine. Certains ont fait des dons de vêtements, de kits hygiéniques », a témoigné Laguerre.

De son côté, la mairie dit avoir reçu des dons du Fonds d’assistance économique et social (FAES) qui a offert des ratios sèches et des plats chauds aux victimes pendant deux jours et du Programme alimentaire mondial qui apporté des plats chauds aux victimes pendant près de six jours. 

« Nous avons reçu des dons de particuliers, qui ne sont pas nécessairement de l’argent liquide. Ils ont apporté de l’eau, des vêtements, des sous-vêtements », a également rapporté Massillon Jean.

Dans les locaux de la mairie, Le Nouvelliste a fait le constat de plusieurs seaux contenant des ratios alimentaires et des kits hygiéniques entreposés dans un coin. Ces seaux sont distribués aux déplacés qui arrivent à rejoindre un site de déplacés.

Le Nouvelliste a rencontré un groupe de jeunes qui s’engage à nourrir les policiers mobilisés dans la commune, les brigadiers de la Protection civile et le personnel médical du centre de santé communal. Ces jeunes qui ont voulu garder l’anonymat disent mobiliser près d’une vingtaine de bénévoles qui participent à la cuisine et à la distribution de plats chauds au public visé.

Ce groupe de jeunes a également rapporté que des entreprises de la commune participent à nourrir d’autres policiers impliqués dans les opérations sur le terrain. Une famille avec qui le journal s’est entretenu a indiqué avoir octroyé dans l’anonymat des dons pour nourrir des policiers et des membres du personnel médical qui travaillent dans la commune.

Si la commune reçoit le soutien de particuliers, d’institutions et des initiatives citoyennes, une solidarité sans borne règne entre les déplacés eux-mêmes. Sur les sites visités, chacun essaye de supporter l’autre et de se rendre utile. Au camp logé dans la cour arrière de la mairie, des hommes parmi les déplacés s’impliquent dans la coupe de bois devant alimenter le feu pour la cuisson de la nourriture, les femmes aident à la cuisine.

Des marchands qui tiennent des commerces à proximité des camps de déplacés ou au marché communal ont témoigné avoir à plusieurs reprises fait dons de ce qu’ils vendent aux déplacés devant leur manque criant de ressources.

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