Haïti. La PNH frappe les gangs avec des drones piégés à l’explosif

Des drones piégés utilisés par les forces de l’ordre ont causé 20 morts et plus de 30 blessés dans des localités sous contrôle des gangs, a révélé Pierre Espérance du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).

Le vendredi 7 mars 2025, des nuages de poussière ont été aperçus dans le ciel du bas de Delmas. Le samedi 8 mars, lors de la matinale du week-end de radio Magik 9, Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), a confirmé les rumeurs d’une implication des forces de l’ordre dans cet incident.

« Ils ont largué des drones explosifs à Delmas 6, à Wharf Jérémie et à Bel-Air », a précisé le défenseur des droits humains. « Ces attaques ont fait 20 morts et plus d’une trentaine de blessés, dont environ 16 dans le fief du chef terroriste et porte-parole du groupe « Viv Ansanm » (Jimmy Chérizier alias Barbecue, NDLR). Nous ne savons pas encore s’il y a des civils parmi les victimes », a-t-il ajouté.

Ce nouveau mode opératoire des forces de l’ordre avait déjà été utilisé auparavant, selon Pierre Espérance. « Ils ont largué des drones explosifs le 1er et le 2 mars 2025 à Delmas 6 et à Village de Dieu », a-t-il déclaré.

Si les autorités policières ne se sont pas encore prononcées sur l’usage de drones piégés, elles ont néanmoins confirmé, le 1er mars sur leur page Facebook, des opérations menées à Delmas 6. « La Police nationale mène une opération à Ba-Delmas, à la base du chef de gang Barbecue, le samedi 1er mars 2025. Récemment, la Police nationale s’est battue sur de nombreux fronts contre les bastions des gangs. Diverses unités spécialisées ont été déployées dans le cadre de cette opération. Plusieurs bandits ont été mortellement blessés, et l’équipe PNH Angel a été mobilisée pour sécuriser les rues et permettre à la population de reprendre ses activités », ont-elles communiqué.

Pierre Espérance a applaudi cette stratégie, qui, selon lui, commence à porter des fruits. « Depuis le samedi 1er mars, la peur s’installe chez les groupes criminels », a-t-il observé.

Dans ses interventions, Pierre Espérance encourage toutefois une meilleure coordination entre la Primature, le Conseil présidentiel de transition, le haut état-major de la Police, les Forces armées d’Haïti (FAD’H) et les membres de la force multinationale. Il estime que ces opérations doivent être menées et coordonnées par la force publique. « Elles ne doivent pas être dirigées par des acteurs politiques qui pourraient les instrumentaliser contre des opposants », a-t-il averti.

Lors des offensives menées par les forces de l’ordre le samedi 1er mars à Delmas 6, le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé avait mentionné que le « Task Force récemment créé par la Primature et le CPT, était en pleine opération dans le bas de Delmas, dans le fief du chef de gang « Barbecue » ».

« C’est très grave et c’est une dérive », a commenté Pierre Espérance. « Un Task Force peut toujours être créé, mais il ne devrait pas être une initiative politique ni être sous le contrôle des autorités politiques. C’est une prérogative des forces publiques », a-t-il insisté, critiquant le manque de coordination entre les autorités dans la lutte contre l’insécurité.

« Aujourd’hui, on comprend que l’ensemble des membres du CSPN souhaite le remplacement de Rameau Normil », avait confié un membre du CPT au Nouvelliste, en marge d’un CSPN spécial tenu avec les membres du CPT le vendredi 28 février 2025. « Mais, au sein du CPT, nous sommes divisés sur cette question. Certains estiment qu’il n’est pas le problème. On lui reproche de faire du micro-management et d’être méfiant envers les autres membres du haut état-major de la PNH. Mais pour le moment, il reste en poste », avait déclaré cette source au Nouvelliste.

Cette division entrave les efforts des autorités dans la lutte contre l’insécurité, a martelé Pierre Espérance, et les initiatives individuelles ne font qu’aggraver la situation, selon lui. « Si Alix Didier Fils-Aimé estime mettre tous les moyens à la disposition du directeur de la PNH et que ce dernier n’a pas encore donné de résultats satisfaisants, il doit produire un rapport documenté à l’exécutif, qui prendra une décision en toute sérénité. En attendant qu’une décision soit prise, Rameau Normil reste en poste, et le Premier ministre doit collaborer avec lui pour combattre l’insécurité », a conseillé Pierre Espérance.

Le directeur du RNDDH enjoint également les autorités à doter les forces de l’ordre de l’équipement nécessaire pour mener cette lutte. Par ailleurs, il critique la promesse de Fritz Alphonse Jean, récemment élu à la tête du CPT, d’activer le décret portant création de l’Agence nationale d’intelligence (ANI) afin de renforcer et d’harmoniser les services de renseignement. « La Police dispose déjà d’un système de renseignement, la DCPJ aussi, mais ils manquent de moyens. Ce que les conseillers présidentiels devraient faire, c’est renoncer aux 5 millions de gourdes qu’ils reçoivent chaque mois et les réaffecter aux services de renseignement existants pour les rendre réellement opérationnels », a-t-il suggéré.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/253984/la-pnh-frappe-les-gangs-avec-des-drones-pieges-a-lexplosif

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