Kesner Pharel : « L’extrême pauvreté, la misère s’abattront sur le pays dans les jours à venir. »
Les données macroéconomiques de la lettre de cadrage du projet de Budget 2022-2023 présagent des perspectives sombres pour les prochaines années.
« La lettre de cadrage est un motif suffisant et nécessaire pour les leaders politiques, les leaders économiques et les leaders sociaux pour s’enfermer dans une même pièce et poser le problème », a déclaré l’économiste Kesner Pharel sur Magik 9, vendredi 19 août 2022.
Selon le PDG du Group Croissance, c’est un document de politique en économie qui donne beaucoup d’informations sur l’avenir économique d’Haïti.
Quatre années consécutives de récession
économique ne sont pas une bonne nouvelle
La lettre, à entendre l’économiste, peut être un incitatif pour pousser les jeunes haïtiens à fuir le pays.
« Si on ne peut pas atteindre un taux de croissance de 5 à 10 % alors que la population ne cesse d’augmenter, il est clair que la pauvreté, l’extrême pauvreté, la misère s’abattront sur le pays dans les jours à venir », a martelé Kesner Pharel soulignant que le pays bat le record des trois années de contraction économique pendant la période d’embargo de 1991.
Que vous soyez au pouvoir ou dans l’opposition, quatre années consécutives de récession économique ne sont pas une bonne nouvelle. Le problème doit être posé pour que ceux qui aspirent à diriger le pays sachent à quoi s’attendre.
« Notre pays s’affiche parmi
les moins performants au monde »
« La situation des finances publiques reste des plus préoccupantes et appelle à la responsabilité de tous. Notre pays s’affiche parmi les moins performants au monde en ce qui concerne la mobilisation des recettes. Le taux de pression fiscale implicite oscille autour de 6% contre une moyenne de 23% pour la région Amérique latine et Caraïbes. La corruption, le poids important du secteur informel, la contrebande, le retard dans la digitalisation de nos administrations fiscales et douanières, le faible niveau de civisme fiscal des contribuables sont autant de facteurs qui expliquent nos faibles performances fiscales. Cette situation réduit les marges de manœuvre de l’État pour répondre aux urgences sociales et aux exigences du développement économique », a rappelé Kesner Pharel, précisant que selon ces données l’État ne sera même pas en mesure de faire des investissements publics dans les prochains mois.
« En dépit du fait que les premiers mois de l’année fiscale 2021-2022 confortent nos espoirs de stabilisation pour renouer avec la croissance positive, Haïti va enregistrer pour la quatrième année consécutive un taux de croissance négatif, elle ne pourra donc pas sortir de la récession économique. Le taux de croissance de l’économie devra atteindre -0,4% contre une projection initiale de 0,3% », a écrit le Premier ministre Henry dans sa lettre de cadrage du projet de Budget 2022-2023.
Source : Le Nouvelliste
