Depuis l’attaque des bandits le 10 juin dernier contre le parquet de Port-au-Prince et le palais de justice situés au Bicentenaire, les autorités sont incapables de reprendre le contrôle du symbole de la justice du pays.
Plus d’un mois et demi après, les bandits continuent de faire la loi au tribunal de première instance de Port-au-Prince.
A la Croix-des-bouquets, une autre juridiction limitrophe de la capitale, des bandits armés ont complètement incendié le parquet de la zone, a dénoncé le président de l’Association des greffiers d’Haïti.
Les gangs contrôlent le pays
« Personne ne peut encore fréquenter le Palais de justice de Port-au-Prince. Les bandits de Village-de-Dieu ont toujours le contrôle de la zone du Bicentenaire », a déclaré, mercredi matin, sur Magik9 Me Ainé Martin, président de l’Association des greffiers d’Haïti.
Il a souligné que le jour de l’attaque des bandits, les juges, les greffiers, les avocats et tous ceux qui se trouvaient sur les lieux avaient tout laissé. « Le Palais de justice est abandonné aux bandits et nous ne pouvons pas encore récupérer nos affaires laissées sur place », a-t-il dénoncé.
« Les autorités ont été déguerpies par les bandits de Village-de-Dieu au Palais de justice, on ne peut plus maintenant parler de délocalisation du tribunal. Il nous faut un autre endroit pour travailler en toute quiétude », a exigé Me Martin.
Le président de l’Association nationale des greffiers d’Haïti a souligné que seul le tribunal de paix de la section sud fonctionne dans la juridiction de Port-au-Prince.
Cette section ne se trouve pas au palais de justice au Bicentenaire. « Le doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince et les substituts du commissaire du gouvernement s’entassent dans ce local exigu », a indiqué Me Martin.
Parallèlement, le président de l’Association des greffiers d’Haïti a déclaré que des bandits ont minutieusement incendié lundi soir le parquet de la Croix-des-Bouquets.
« Ils ont pris le temps d’incendier séparément chaque section au parquet de la Croix-des-Bouquets. Ils ont incendié le greffe, les archives, le bureau du commissaire du gouvernement et les bureaux de dix substituts commissaires. Les bandits ont complètement incendié le parquet », a décrit Me Ainé Martin.
Une grande consternation des magistrats
L’Association nationale des magistrats haïtiens, l’Association professionnelle des magistrats et le Réseau national des magistrats haïtiens disent observer « dans la plus grande consternation le désastre haïtien, celui de la justice en particulier face aux hordes meurtrières de personnalités sanguinaires; certains tuent, pillent, rançonnent et violent, d’autres approvisionnent, réapprovisionnent la tuerie, relaxent des sanguinaires dans le silence complice du gouvernement. »
« L’incendie du Parquet près le Tribunal de Première instance de Croix-des- bouquets est une conséquence prévisible de ce désastre », ont tancé ces associations de magistrats.
« Ceux qui gouvernent et détiennent le monopole exclusif de la violence légale ne pourront s’octroyer à l’avenir, aucun satisfécit de contribution dans l’éradication du grand banditisme en Haïti pour avoir assisté passivement et aussi longtemps, dans le calme le plus froid, au massacre de tant d’innocents, encore que certains se résignent aux lessives de leurs écuries », ont critiqué ces associations.