La représentante de la France au Conseil de sécurité de l’ONU, Nathalie Broadhurst Estival, lors de la réunion du Conseil de sécurité sur Haïti, a appelé les acteurs politiques haïtiens à la construction d’un consensus nécessaire pour la tenue des élections à la fin de l’année 2022.
« J’invite tous les acteurs politiques à construire le consensus nécessaire pour que les élections puissent avoir lieu d’ici la fin de l’année », avant d’indiquer les étapes afin d’atteindre cet objectif.
« Pour réussir, a fait savoir Nathalie Broadhurst Estival, il est essentiel de mettre en place un nouveau Conseil électoral provisoire accepté par tous. Deuxièmement, la violence des gangs doit cesser. »
« Ces groupes criminels multiplient les meurtres et les enlèvements et restent impunis. Ils défient l’autorité de l’État et saccagent les ressources du pays. C’est une situation inacceptable : sans sécurité, il ne peut y avoir d’élections ni de développement socio-économique », a expliqué la diplomate.
« La priorité, selon Nathalie Broadhurst Estival, est de donner de meilleurs moyens à la police nationale qui, en retour, doit avoir un comportement irréprochable. »
« La France a intensifié sa coopération sécuritaire dans la lutte contre les groupes criminels, et la mobilisation internationale qui a été confirmée lors de la réunion ministérielle du 21 janvier organisée par le Canada est un signe positif pour que les institutions retrouvent un fonctionnement normal, a dit la représentante de la France. Soyons réalistes sur ce qui se passe réellement aujourd’hui », a-t-elle ajouté.
« Le système judiciaire haïtien est dans un état lamentable. Il est crucial qu’Haïti mène à bien l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse car toute impunité ou toute corruption généralisée mine la confiance dans l’État et détruit les liens sociaux ». La représentante de la France a évoqué « le travail remarquable qui est fait par les Nations unies en Haïti dans un contexte extrêmement difficile. »
« Le Binuh, a poursuivi Nathalie Broadhurst Estival, fait l’objet d’une évaluation et nous sommes très impatients de voir les résultats de cette évaluation. Le maintien d’une présence robuste des Nations Unies en Haïti est essentiel, en particulier en termes de politique et de sécurité. »
« Haïti est un ami de la France. Des liens anciens nous unissent, à commencer par une langue commune, et je tiens ici à saluer le travail accompli par l’Organisation internationale de la francophonie sur le terrain. La France, aux côtés de l’Union européenne, sera aux côtés des Haïtiens pour les aider à sortir de cette crise et apporter l’aide dont le pays a besoin », a-t-elle indiqué.
« Il y a un vide de pouvoir à tous les niveaux, avec des structures de gouvernance qui ne maîtrisent pas la situation, un système judiciaire paralysé et des organes chargés de faire respecter la loi qui ne sont pas efficaces », a déclaré le représentant de la Russie, Dmitry Polyanskiy, qui a présidé la réunion. « Nous avons vu les efforts du gouvernement du Premier ministre Ariel Henry pour essayer de trouver un compromis entre les différentes forces de la société afin de stabiliser la situation dans le pays et de lancer des réformes », a-t-il ajouté.
« Néanmoins, nous pensons qu’il est trop tôt pour parler de progrès ici. »
La Chine, qui n’a pas de relations diplomatiques avec Haïti, a remis en question l’importance de la présence à long terme de l’ONU en Haïti, un point que son représentant a réitéré vendredi, affirmant que « au fil des ans, le système de l’ONU a fourni à Haïti d’énormes quantités d’aides au développement, mais cela n’a pas eu l’effet désiré »
S.E. M. Dai Bing, représentant permanent adjoint de la Chine auprès des Nations unies, a appelé la Commission de consolidation de la paix des Nations unies et les voisins régionaux d’Haïti à jouer un rôle plus important dans la situation du pays, et s’est joint à l’appel lancé aux dirigeants haïtiens pour qu’ils aient un plus grand sens de l’urgence. « Toutes les parties en Haïti devraient entamer un dialogue inclusif dès que possible, parvenir à un accord sur les arrangements politiques pour la période de transition et proposer un plan et un calendrier électoraux réalistes et réalisables », a-t-il déclaré.
Source : Le Nouvelliste