La cité administrative de Port-au-Prince devait symboliser le renouveau de la capitale sur une allure des plus modernes. Le projet prévoyait un « down town », qui devait respecter les normes de construction antisismiques internationales. Elle devait être implantée sur trente-deux hectares déclarés d’utilité publique (par l’arrêté du 25 mai 2012 abrogeant l’arrêté du 2 septembre 2010) au centre-ville de Port-au-Prince.
La cité administrative devait comporter, entre autres, quarante-six bâtiments publics, des espaces réservés aux commerces et des espaces de bureau pour les institutions internationales.
Plus d’une décennie après, seulement 8 bâtiments publics ont été construits. Les entreprises qui ont eu le courage de retourner au centre-ville ne se comptent même pas sur les doigts d’une main et ont, depuis, dû fermer boutique à cause de l’insécurité.
Le Nouvelliste a eu un entretien avec le directeur général de l’UCLBP Jacques Bien Aimé et le directeur de logement Jean Odnell David autour de la construction de la cité administrative et des autres activités de l’institution.
Selon les explications du directeur général, cet ambitieux projet se heurte à un problème de financement. De plus, il fait état de la détérioration des conditions sécuritaires dans la zone, ce qui ne facilite pas la planification et l’exécution de certains chantiers.
« La reconstruction des bâtiments publics au bas de la ville est confrontée à un problème de financement. Les études sont déjà réalisées et les sites sont prêts pour accueillir les chantiers. On a certes les études, mais il faut trouver des fonds, des partenaires internationaux ou du Trésor public pour financer les projets. Étant donné que les ressources sont limitées, il faut choisir les projets prioritaires en ayant la certitude qu’on pourra les financer jusqu’à leur achèvement », a expliqué Jacques Bien-Aimé.
Parmi les bâtiments déjà reconstruits, on peut énumérer les ministères du Tourisme, du Commerce et de l’Industrie, de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, la Cour de cassation, la Faculté des sciences et la Cour supérieure des comptes. Le palais des Finances, regroupant le ministère de l’Economie et des Finances, la Direction générale des impôts et l’Administration générale des douanes, est à 99% d’achèvement.
Alors que l’inauguration de cet imposant palais des Finances était prévue pour l’été 2021, Jacques Bien Aimé a expliqué pourquoi ce n’est pas encore le cas.
« Les commandes des générateurs d’électricité ont accusé un retard considérable dans la livraison. Ce retard s’explique par la pandémie de coronavirus et la guerre en Ukraine ».
En ce qui concerne le palais législatif dont le chantier est arrêté, le directeur général a informé que ce projet est financé par deux bailleurs. Une partie du montant a déjà été dépensée et il reste l’autre tranche afin de poursuivre les opérations.
« Une partie des fonds a été fournie par le FMI. C’est ce qui a permis de construire le parking. La deuxième partie doit provenir du Trésor public. Il faut qu’elle soit programmée dans le budget national pour poursuivre le chantier. En raison des troubles sociopolitiques et sécuritaires, le chantier est à l’arrêt, ce, en attendant un retour à une sérénité favorable à la circulation des personnes et des biens au bas de la ville », a indiqué le numéro un de l’UCLBP.
S’agissant du palais national, M. Bien-Aimé a rappelé qu’il sera reconstruit à l’identique, comme c’était esquissé par la firme qui avait remporté le concours d’architecture. Maintenant, soutient-il, il faut passer à la phase des études.
« Il y a eu du retard dans l’exécution du contrat pour les études techniques à cause des événements du 7 juillet 2021. Un avenant de prorogation de délai est en cours de finalisation pour ces prestations intellectuelles », a-t-il révélé.
Selon le boss de l’UCLBP, les études sont déjà terminées pour les bâtiments du Conseil national des marchés publics (CNMP), du palais de Justice, du palais municipal, du ministère de la Planification et de la Coopération externe, etc. Jacques Bien-Aimé dit souhaiter que d’autres bailleurs se manifestent afin de financer la construction d’autres bâtiments au bas de la ville.
« Il est important de souligner que l’une des stratégies pour combattre l’insécurité dans cette zone est une occupation stratégique des lieux. C’est la logique de l’appropriation du centre-ville. Cela doit passer par une politique publique », croit-il.