Le secrétaire général de l’Association médicale haïtienne (AMH), Jean Ardouin Louis Charles, continue d’attirer l’attention des autorités sur le départ massif des médecins qui fuient Haïti à cause de l’insécurité qui gangrène le pays.
Durant sa participation à l’émission Panel Magik, mercredi 27 décembre, il a précisé que cette situation aura un impact considérable sur la santé de la population qui peine à se faire soigner.
Les Haïtiens continuent de quitter le pays pour échapper à l’enfer de l’insécurité. Les professionnels de divers horizons sont en première ligne de cette migration, et les médecins ne font pas exception. Des professionnels de la médecine de toutes les branches abandonnent le pays, de simples étudiants aux médecins chevronnés. « Pour nous autres, médecins haïtiens le monde médical et surtout l’Association des Médicale haïtienne, il n’y a pas d’amélioration ; au contraire, la situation a empiré en avec l’augmentation des cas de kidnapping. D’autres facteurs accentuent le départ des médecins, notamment les programmes humanitaires des États-Unis et du Canada. La démographie des médecins est affectée ; de jeunes professionnels de santé comme des médecins chevronnés sont obligés de se déplacer pour trouver la paix d’esprit, de corps et de leur capital économique », s’est plaint le Dr Jean Ardouin Louis Charles, secrétaire général de l’Association médicale haïtienne (AMH).
« Des bandits séquestrent des médecins
qui ne sont jamais libérés »
Le nombre de médecins disponibles en Haïti a considérablement diminué en raison de cette vague de migration. Le Dr Louis Charles ne dispose pas de données récentes pour appuyer son constat, mais il croit savoir que les médecins figurent parmi les cibles des bandits et sont souvent comptés parmi les victimes. « Des bandits séquestrent des médecins qui ne sont jamais libérés », a-t-il souligné.
« Nous ne pouvons pas évoluer dans cette situation telle qu’elle est. Elle doit changer », a-t-il réclamé, tout en rappelant que pour travailler, ces professionnels ont besoin de sérénité pour poser un bon diagnostic, réaliser un traitement et effectuer la prévention des maladies.
La fuite des médecins aura un impact considérable sur la population. « La population ne peut pas vivre sans santé. À un moment ou à un autre, les gens auront besoin de consulter un médecin pour une prévention ou un traitement. Or, lorsque ce dernier n’abandonne pas le pays, il est dans l’impossibilité de mener à bien sa mission ou tombent sous les balles assassines », a fait remarquer le Dr Louis Charles, rappelant que la santé est l’un des facteurs pour calculer l’espérance de vie d’une population. L’autre conséquence majeure qui pèse sur la population réside dans la formation des disciples d’Hippocrate. « Les médecins chargés de former les plus jeunes partent, ce qui affectera grandement leur formation. La formation est à la traîne. Donc, ils seront en manque de performance, de formation et de compétence. »
« Le métier de médecin est très à risque en Haïti »
Le métier de médecin est très à risque, estime le secrétaire général de l’AMH compte tenu des dangers auxquels ils font face. « Même en temps de guerre, on laisse fonctionner le corps médical, mais en Haïti, entre nous, on ne le laisse pas fonctionner, ce qui fait que c’est un métier à risque. Les gangs kidnappent les médecins, ils les tuent. On ne peut plus exercer en toute quiétude. En tant que médecin, on voit bien les souffrances des malades, mais les bandits n’en sont pas conscients, ils tirent les malades des ambulances pour les exécuter. Ils ont déjà exécuté des infirmières à l’intérieur d’une ambulance. Les médecins, quand ils sortent, prennent des risques. C’est une profession à risque alors qu’elle est neutre », a alerté M. Louis Charles.
Le Dr Louis Charles a révélé que l’AMH s’est entretenu à deux reprises avec le Premier ministre Ariel Henry et le commandant en chef de la police nationale pour discuter de l’insécurité qui handicape le fonctionnement du pays. Selon lui, les deux hauts gradés de l’administration publique avaient promis de prendre des mesures afin de combattre ce fléau. Cependant, le Dr Charles a affirmé n’avoir constaté aucune amélioration qui laisserait présager qu’ont est au bout du tunnel. Au contraire, il a dit avoir l’impression que l’on creuse dans « l’abîme de l’insécurité. »