Haïti. Il y a un an, le président Moïse était assassiné : l’hommage de toute une nation

Le gouvernement haïtien a organisé ce jeudi 7 juillet 2022, une cérémonie d’hommage en mémoire de feu le président Jovenel Moïse, assassiné chez lui dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 à l’âge de 53 ans.

Cette cérémonie est un témoignage éloquent du rêve du 58e président d’Haïti, de sa vision, de son engagement, de son combat en faveur de la démocratie, a expliqué le premier ministre Ariel Henry.

Lors d’une cérémonie officielle courte et sobre dans les jardins du Musée du Panthéon national, ce jeudi 7 juillet 2022, le Premier ministre Ariel Henry, accompagné des membres de son gouvernement, a déposé une gerbe de fleurs en mémoire du président Jovenel Moïse.

Des membres du grand corps de l’État, du haut état-major des forces armées et de la Police nationale d’Haïti, du corps diplomatique et consulaire, se sont joints à cet événement solennel de commémoration de la première année de l’assassinat du 58e président d’Haïti.  

L’assassinat de Jovenel Moïse est un choix délibérer de porter un coup à la démocratie haïtienne, s’est plaint le chef du gouvernement. « Un an après l’assassinat, nous sommes encore en deuil. Le peuple haïtien est en deuil. Et cela nous oblige à nous plonger dans un profond questionnement », a déclaré Ariel Henry qui n’arrive pas, dit-il, à déceler le pourquoi de cet acte crapuleux.

De son analyse, le seul moyen de faire le deuil est que lumière soit faite sur les circonstances du drame et que les auteurs et les commanditaires aient des peines exemplaires et dissuasives.  

La mort tragique de Jovenel Moïse doit être le dernier acte d’une période d’ignominie, d’intolérance. Le chef de la Primature pense que c’est le moment de rompre avec cette tradition. « Je renouvelle devant la Nation ma détermination à encourager sans relâche la poursuite de l’enquête jusqu’à son aboutissement. La justice haïtienne peut compter sur le soutient indéfectible du gouvernement. Malgré sa faiblesse, la justice doit continuer à faire le maximum pour traquer les coupables », a-t-il soutenu.

Depuis environ un an l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse fait la navette dans les tiroirs des juges d’instruction. Le dossier a été déjà confié à cinq juges d’instruction pour aucune avancée concrète. Le dernier en date, le magistrat instructeur Walter Wesser Voltaire, en charge de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse, commence à poser des actes d’instruction dans le cadre de cette affaire a-t-il indiqué en interview au journal le lundi 4 juillet 2022

Le Premier ministre Henry croit en la nécessite de s’aligner sur la vision du président Moïse. L’unité, le dialogue consensuel et les élections inclusives, sont les bases sur lesquelles le pays doit s’engager. Le chef du gouvernement présente le 58e président d’Haïti comme quelqu’un de grand cœur, attentionné aux revendications des citoyens.

« Toujours dominé par un profond humanisme, un souci d’intégration de la grande masse, par une générosité du cœur, le président Moïse accordait de l’importance aux revendications des concitoyens, et, en particulier ceux de l’arrière-pays qu’il considérait comme des oubliés du système. »

À entendre le Premier ministre, le président Moïse rêvait d’une Haïti où il faisait bon de vivre. Il a œuvré au bien-être des fils et filles de son pays. « Puisse le rêve d’une nation haïtienne réconciliée que le président portait, une nation où tous les Haïtiens jouissent des mêmes droits et ont les mêmes chances, où l’électricité est disponible dans les « kay pay » comme dans les grandes villas, où l’eau irrigue toutes les parcelles, devienne une réalité », a souhaité Ariel Henry qui croit que c’est la meilleure façon de rendre hommage au président.

Ariel Henry a profité de la cérémonie d’hommage au président Moïse pour renouveler sa volonté d’organiser des élections générales. « Dans ces circonstances douloureuses, je prends avec humilité la responsabilité de vous dire que j’entends assumer jusqu’au bout avec détermination et patriotisme la mission qui m’a été confiée à savoir rétablir la sécurité et la paix, indispensable pour l’organisation des élections et contribuer à une entente nationale. »

Les membres de la famille du président assassiné étaient les grands absents de cet évènement solennel. En début de semaine, Martine Moïse, l’épouse du feu président, a rejeté l’invitation du gouvernement à la commémoration de la première année du décès de Jovenel Moïse.

L’ancienne première dame a rappelé que « les enquêtes judiciaires avaient fait mention des éléments compromettant sur l’implication présumé du chef du gouvernement haïtien dans la planification du complot pour assassiner le président Moïse. »

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/236891/le-gouvernement-rend-hommage-au-defunt-president-jovenel-moise

Un mausolée pour Jovenel Moïse

Pour marquer le premier anniversaire de l’assassinat du président Jovenel Moïse ce 7 juillet 2022, le ministère de la Culture et de la Communication annonce que l’Etat haïtien offre un mausolée au président Jovenel Moïse. Le gouvernement organise aussi une cérémonie dans les Jardins du Musée du Panthéon national haïtien (MUPANAH)en mémoire du président Jovenel Moïse. Jusqu’au 15 juillet, un mémorial a été aussi installé au Bureau national d’Ethnologie en mémoire du feu chef de l’Etat.

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Claude Joseph : « Avec Ariel Henry au pouvoir il n’y a aucune chance pour que justice soit rendue à Jovenel Moïse »

Claude Joseph, ancien Premier ministre.

Depuis environ un an le dossier de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse fait la navette dans les tiroirs des juges d’instruction. Au niveau de la justice, le dossier n’avance pas. Claude Joseph, Premier ministre a.i. au moment de l’assassinat, intervenant à l’émission « Haïti sa k ap kwit » mardi, soutient que le premier obstacle à la conduite de l’enquête est le Premier ministre Ariel Henry.

« Les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire ont fait un travail impeccable. Je ne sais pas si leur rapport est complet, s’il y a des informations dont je ne dispose pas. Ce qui manque à l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse, c’est la volonté politique »,  a estimé Claude Joseph, qui se félicite de l’arrestation des présumés assassins colombiens. « Grâce à mon leadership j’ai évité le pire, j’ai évité au pays de sombrer dans le chaos. »

Claude Joseph est revenu sur le caractère tragique et complexe de l’assassinat du président chez lui sous le regard passif de ses agents de sécurité. « Léon Charles m’a confié qu’il avait des difficultés pour arriver à la résidence privée du président. Des hommes armés se présentant comme des agents de la DEA lui en ont interdit l’accès », a révélé Claude Joseph, qui a avoué qu’il s’était senti menacé dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021.

L’assassinat de Jovenel Moïse est transversal. Il a été orchestré par une partie du secteur privé et des oligarques corrompus, selon le Dr Joseph. « Il était clair que le président savait qu’il était menacé. Pour avoir résilié des contrats juteux d’une frange du secteur privé des affaires comme celui de douze millions de dollars par mois pour un service non fourni, Jovenel Moïse savait ce qui l’attendait », a-t-il indiqué, révélant que vingt millions de dollars ont transité dans les banques dominicaines pour financer l’assassinat.

Dans l’état actuel du fonctionnement de l’appareil judiciaire, les jovenélistes se disent perplexes en ce qui concerne l’aboutissement de l’enquête sur l’assassinat du président. Avec Ariel Henry au pouvoir il n’y a aucune chance pour que justice soit rendue à Jovenel Moïse, a lâché l’ex-PM par intérim. « On est face d’un gouvernement qui protège les assassins de Jovenel tout en faisant obstruction à la justice. La révocation du commissaire du gouvernement Bed-Ford est une preuve de cette obstruction », a argué M. Joseph.

L’ancien ministre des Affaires étrangères a rappelé que dans une correspondance adressée au secrétaire général de l’ONU en date du 3 août 2021, il a sollicité l’appui de l’organisation dans la mise en place d’une commission d’enquête internationale pour compléter les travaux et efforts des instances nationales afin que la lumière soit faite sur l’assassinat de Jovenel Moïse. « Le Premier ministre Ariel Henry a expressément appelé la représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies pour lui demander de surseoir à cette demande », a révélé le Dr Joseph, soulignant au passage, que Jovenel Moïse n’a pas délibérément choisi Ariel Henry comme Premier ministre, que sous forte pression, Michel Martelly a imposé Ariel Henry comme Premier ministre

Rappelons qu’un tribunal turc a rejeté, le lundi 4 juillet 2022, la demande d’extradition et libéré Samir Handal, recherché par la justice haïtienne pour son implication présumée dans l’assassinat du président Moïse. Claude Joseph s’est dit préoccupé par cette libération. « J’étais activement impliqué dans l’arrestation de Handal. S’il est vraiment impliqué dans l’assassinat du président il est prêt à tout », a-t-il avancé, précisant qu’il n’abandonnera pas la lutte pour trouver justice pour le président.

En début de semaine, Martine Moïse, l’épouse du feu président, a rejeté l’invitation du gouvernement à participer à la commémoration de la première année de l’assassinat de Jovenel Moïse. L’ancienne première dame a rappelé que « les enquêtes judiciaires avaient fait mention d’éléments compromettants sur l’implication présumée du chef du gouvernement haïtien dans la planification du complot pour assassiner le président Moïse ». M. Joseph, lui, voit dans ladite invitation une provocation.

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