La milieu de terrain Melchie Dumornay est devenue la première Haïtienne à être élue Joueuse de l’année de la Concacaf.
La milieu Melchie Dumornay est devenue la première Haïtienne à être élue Joueuse de l’année de la Concacaf. Elle a réagi en exclusivité au micro de la FIFA.
« C’est une joueuse de classe mondiale. »
Sonia Bompastor, alors entraîneure à l’Olympique Lyonnais, savait qu’elle ne se trompait pas en faisant venir la pépite haïtienne Melchie Dumornay, alors à peine âgée de 20 ans, dans le Rhône en 2023. Après deux saisons au Stade de Reims où elle avait inscrit 23 buts en 39 matches, la milieu offensive a signé dans le club le plus titré de France et d’Europe.
Avec les Fenottes en 2023/24, elle a marqué la bagatelle de neuf buts en seulement vingt rencontres, toutes compétitions confondues, dans une saison pourtant marquée par une blessure à la cheville suivie d’une opération qui l’a tenue à l’écart des terrains près de quatre mois, de novembre 2023 à mars 2024.
Cette saison exceptionnelle, conclue par un titre en D1 féminine française et une finale de Ligue des champions féminine de l’UEFA (défaite 2-0 contre le FC Barcelone) au terme de laquelle elle a été élue Meilleure jeune joueuse de la saison en UWCL, est arrivée à la suite d’une première participation à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA™, en Australie et en Nouvelle-Zélande, avec Haïti.
« Corventina » a repris la saison 2024/25 sur des bases tout aussi solides et en cette fin du mois d’octobre 2024, alors qu’Haïti était rassemblé pour un tournoi amical en Turquie, la n° 6 des Grenadières a appris qu’elle avait aussi été élue Joueuse de l’année de la Concacaf 2023/24. Une première pour une Haïtienne.
La FIFA a pu discuter avec la virevoltante milieu de terrain de 21 ans qui parle de sa joie de retrouver ses coéquipières après son absence, du Mondial féminin 2023, de son travail avec l’OL, de la non-qualification pour la toute première Gold Cup féminine en février dernier et bien évidemment de son titre de Meilleure joueuse d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes.
FIFA : Melchie, qu’avez-vous ressenti en étant élue Joueuse de l’année de la Concacaf 2023/24 et comment l’avez-vous appris ?
Melchie Dumornay : C’était une surprise et en plus, toutes mes coéquipières ont été complices. J’ai été très heureuse en écoutant la voix de mes amis proches, de mes coéquipières qui m’encouragent pour ce trophée. J’en suis vraiment honorée et très reconnaissante. Je remercie aussi mes coéquipières qui ont su me mettre dans les bonnes conditions pour que ce trophée retombe sur moi.
Vous avez devancé l’Américaine championne olympique Sophia Smith, la Canadienne Adriana Leon, la Jamaïcaine Khadija Shaw et les Mexicaines Charlyn Corral et Lizbeth Ovalle. Qu’est-ce que cela fait ?
Je suis très contente de recevoir ce trophée parce que quand je vois qui était dans la course avec moi, ce sont des joueuses extrêmement fortes et extraordinaires dans leur club et qui font aussi beaucoup de choses dans leur sélection nationale. Je pense que je mérite ce trophée même si je n’ai pas pu jouer tous les matches. Mais quand je l’ai fait, j’ai fait des choses importantes avec ma sélection, même si elles aussi.
Je n’aime pas parler de moi, mais s’il le faut, je dirais que j’essaie de prendre mes responsabilités quand le moment le demande. Et donc je suis là pour l’équipe, j’arrive à faire parler mes capacités et mon talent, et c’est toute mon équipe qui en bénéficie. Et j’en suis très heureuse parce que mes performances nous permettent d’aller au bout de la mission qu’on a ensemble.
Jusqu’où va aller Corventina ?
Honnêtement, je ne me mets pas de limites. J’essaie de progresser chaque jour et aujourd’hui, j’ai l’opportunité de m’entraîner avec les meilleures en club. Elles me font beaucoup grandir. J’apprends tout ce qui est à apprendre et j’essaie de grandir chaque jour pour atteindre le sommet et rester là-haut.
Au quotidien, c’est beaucoup de travail, beaucoup de détermination. Chaque entraînement, je le prends comme un match. Je suis très exigeante envers moi-même et j’apprends de mes erreurs. J’écoute les avis de mes coéquipières de façon à pouvoir progresser davantage et à créer des liens avec elles pour nous faciliter la tâche.
Vous avez retrouvé vos coéquipières haïtiennes après une longue absence en équipe nationale, à l’occasion du tournoi amical Pink Ladies Week. Vous venez d’ailleurs de gagner 3-2 contre Chinese Taipei après avoir été menées 2-0 et vous avez marqué.
Oui, je suis très heureuse de les rejoindre parce que ça faisait au moins un an que je n’avais pas rejoint la sélection nationale. Le match [contre Chinese Taipei] était très difficile parce que l’adversaire a pris l’avantage et on a raté pas mal d’occasions. Mais on a su faire preuve de caractère, on n’a rien lâché jusqu’à la dernière minute. Notre talent individuel a fait la différence et collectivement, on a été très solides aussi.
Haïti a raté l’occasion de se qualifier pour la première Gold Cup féminine, après un revers 1-0 en barrages qualificatifs contre Porto Rico. Vous étiez absente sur blessure, mais collectivement, pensez-vous souvent à ce match ?
On essaie de mettre ce match derrière nous parce que c’était une opportunité en or de pouvoir participer à cette nouvelle compétition et on l’a ratée. On n’oublie pas le match en soi, on en tire des leçons pour progresser et aller vers l’avant parce qu’on a un groupe qui est très jeune. Quand on fait des erreurs, on apprend et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, on est une équipe qui est très solide et très solidaire.
En revanche, vous vous étiez qualifiées pour la Coupe du Monde Féminine 2023 l’année dernière. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Le seul meilleur souvenir qu’on a, c’est de se qualifier parce qu’on a mis un pied dans l’histoire. On a fait la fierté de notre pays. Dans le tournoi lui-même, je peux dire que c’est notre résilience dans les trois matches. On n’était pas en dessous de nos adversaires qui étaient pourtant coriaces. Donc tout ce que je peux dire, c’est qu’on va continuer à travailler pour que la prochaine Coupe du Monde se passe mieux.
La prochaine Coupe du Monde justement sera en 2027 au Brésil. Est-ce qu’Haïti y sera ?
On fait le travail pour se préparer et on va tout mettre en œuvre pour arriver à se qualifier pour cette Coupe du Monde. On a déjà goûté à un Mondial, on n’a pas envie d’en louper un autre. On va y aller avec toute notre âme, affronter nos adversaires et faire la fierté de notre pays.
Un mot de conclusion ?
Je tiens à remercier tous les Haïtiens qui nous supportent dans le monde entier, qui n’arrêtent pas de nous envoyer des messages de soutien aussi bien dans les moments forts que faibles. Nous sommes très reconnaissantes envers eux parce que c’est eux qui nous donnent envie d’aller au bout quand on a des matches difficiles, quand on va entamer des compétitions. Ils nous rappellent d’où l’on vient et on s’en souvient très fortement. C’est ce qui nous donne davantage de force pour aller de l’avant. Grenadye alaso !
Source : Le Nouvelliste