Haïti. Fermeture des frontières avec la République dominicaine, que va-t-on faire de ce cadeau ?

Le 11 septembre 2023, en réaction à la reprise des travaux de construction d’un canal d’irrigation sur la rivière Massacre, précipitamment et unilatéralement, le président dominicain Luis Abinader a menacé de fermer les frontières terrestres, maritimes et aériennes que son pays partage avec Haïti.

Le 11 septembre 2023, en réaction à la reprise des travaux de construction d’un canal d’irrigation sur la rivière Massacre, précipitamment et unilatéralement, le président dominicain Luis Abinader a menacé de fermer les frontières terrestres, maritimes et aériennes que son pays partage avec Haïti. 

Quatre jours plus tard, le 15 septembre, c’était chose faite. La République dominicaine renonçait à ses relations commerciales et migratoires avec son principal voisin et meilleur client. 

Sans contrepartie et sans contrôle, depuis 2010, Haïti achète chaque année un peu plus des fournisseurs dominicains et ce pays était, avant la fermeture des frontières, un véritable hub logistique qui desservait le marché haïtien même pour des produits qui ne provenaient pas de la République dominicaine. 

Ce 3 octobre 2023, au lendemain du vote du Conseil de sécurité des Nations Unies autorisant le déploiement d’une Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) en Haïti, la presse dominicaine rapporte que le président Abinader laisse flotter la menace que les frontières pourraient rester fermées pendant toute la durée de la mission tout en ouvrant une fenêtre pour une ouverture économique dans les prochaines semaines et aucune perspective pour la migration dans les prochains mois. Le chef de l’Etat dominicain souffle le chaud et le froid diplomatique. 

S’il n’y a pas de rebondissement, les relations entre les deux pays qui se partagent l’Île vont se détériorer, se réduire ou disparaître des données statistiques. 

Si l’annonce de la fermeture des frontières a pris de court les Haïtiens, très vite, la population et les responsables politiques se sont fait une raison. « Ah bon, ils veulent fermer la frontière pour nous punir ? Bonne chance à eux ».

Rares sont les voix qui se sont élevées du côté haïtien pour réclamer la levée des barrières ou une reprise des négociations sur la question du canal. « Nous n’avons pas fermé nos frontières, nous n’avons rien à faire pour les rouvrir », telle semble être l’opinion haïtienne sur la question. 

Que rapportent les relations commerciales entre les deux pays à Haïti ? Peu, pas grand chose, rien du tout indiquent toutes les sources consultées. Haïti exporte pour moins de vingt millions de dollars de marchandises chez ses voisins. Haïti collecte moins de 4 % de ses recettes douanières à la frontière. Haïti transfère des milliards de dollars vers la République voisine pour payer ses factures, investir et soutenir ses enfants qui vivent de l’autre côté de la frontière. 

La fermeture des frontières apparaît comme un cadeau insolite et inattendu. Que va faire Haïti de ce cadeau inespéré ?

Les hommes d’affaires comme les autorités, les travailleurs et les résidents (légaux et illégaux) en République dominicaine se posent tous la question. 

Si le commerce va trouver d’autres routes, si les contrebandiers des deux parties de l’Île finiront par s’entendre, si les politiciens des deux bords se parlent, il est venu le temps d’une vraie réflexion sur nos relations avec le premier pays qui a décidé de punir tous les Haïtiens. 

Source : Le Nouvelliste (Frantz Duval)

Lien : https://lenouvelliste.com/article/244706/fermeture-des-frontieres-avec-la-republique-dominicaine-que-va-t-on-faire-de-ce-cadeau

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