Haïti. Entre 8 000 et 10 000 fonctionnaires de l’administration publique ont quitté le pays sur 103 000

Des milliers de postes vacants sont recensés dans l’administration publique, car entre 8 000 et 10 000 fonctionnaires de l’administration publique ont quitté le pays sur 103 000 et bon nombre d’entre eux continuent de percevoir leur salaire, selon les autorités.

En ce qui concerne les contractuels, l’État haïtien peine à avoir un chiffre exact sur leur nombre. Le Premier ministre Garry Conille, participant à un atelier sur l’audit et la recapitalisation des ressources humaines de l’administration publique avec des membres de son gouvernement, a dit attendre un premier diagnostic sur ce dont le pays dispose comme ressources humaines afin de permettre à son gouvernement de lancer un recrutement intensif de jeunes femmes et de jeunes garçons sur la base de la méritocratie afin de combler et rajeunir l’administration publique.

La masse salariale de l’administration publique reste gonflée alors que le nombre de fonctionnaires diminue de 8 000 à 10 000, selon les chiffres. Le gouvernement de Garry Conille essaie d’apporter des corrections à cette dérive, car des milliers de fonctionnaires continuent de percevoir leur salaire alors qu’ils ne sont plus en Haïti. Un atelier sur l’audit et la recapitalisation des ressources humaines de l’administration publique a permis de diagnostiquer la fonction publique haïtienne. Des autorités du pouvoir ont échangé sur les défis et tentent de trouver des solutions sur le renouvellement du personnel de la fonction publique haïtienne.

Des membres du gouvernement de Garry Conille et des cadres de l’administration publique ont pris part, le jeudi 8 août 2024, à cet atelier sur l’audit et la recapitalisation des ressources humaines de l’administration publique, à l’initiative de l’Office de management et des Ressources humaines (OMRH), de concert avec le Ministère de l’Économie et des Finances (MEF), la Primature, grâce au financement de la BID.

La titulaire du MEF, Marie Ketleen Florestal, a tenu à préciser que cet atelier de consultation a une importance capitale pour le gouvernement. Mme Florestal qui gère deux portefeuilles ministériels, a dit être en mesure de témoigner de l’efficacité et de l’efficience que l’on peut tirer à promouvoir une utilisation efficiente des fonctionnaires publics et plus d’interrelation entre les institutions publiques.

« L’audit de la présence physique des fonctionnaires sur les lieux de travail se révèle une étape vitale au processus d’assainissement de la masse salariale de l’administration publique. Cet exercice s’aligne sur l’engagement du gouvernement de transition à œuvrer envers une fonction publique haïtienne plus efficiente, plus productive et plus dynamique », a fait savoir la ministre des Finances, évoquant le rôle que les employés de l’administration publique sont appelés à remplir dans la stabilité, le développement et la prospérité de notre nation.

La ministre Marie Ketleen Florestal s’est dit convaincue que le partage des idées, des expériences et des perspectives permettra d’identifier des pistes de solutions pouvant faire de la fonction publique haïtienne un modèle d’excellence et de probité.

« En adoptant de manière collective une démarche pour l’audit de la présence des fonctionnaires sur les lieux de travail et son application sur l’ensemble du secteur public, nous unissons ensemble le processus de dénombrement des fonctionnaires actifs sur lesquels nos institutions peuvent compter. Les résultats de l’audit serviront non seulement à alimenter la base de données du registre d’identification des agents publics, et surtout le système intégré de gestion des finances publiques du MEF, mais aussi le système intégré des ressources humaines de l’OMRH. Dans le contexte actuel de fuite de cerveaux, la rationalisation de nos ressources est indispensable à l’amélioration de la qualité de nos services aux citoyens », a indiqué la ministre de l’Économie et des Finances, qui entend faire des économies sur la masse salariale.

Le Premier ministre Garry Conille, qui a été présent au lancement de l’atelier a dit attendre un premier diagnostic sur ce que le pays dispose comme ressources, ce qui va permettre à son gouvernement de lancer un recrutement intensif de jeunes femmes et de jeunes garçons sur la base de la méritocratie afin de combler et rajeunir l’administration publique.

« Quand on regarde Haïti en chiffres on voit le pays le plus pauvre de l’hémisphère, le taux d’analphabétisme le plus élevé, la scolarisation la plus bas. Haïti, en chiffres, donne l’image d’un pays rempli de problèmes », a exposé  le chef du gouvernement, qui a dit avoir confronté ce genre de problèmes durant les 23 ans de carrière internationale dans une quarantaine de pays.

« En Afrique, en 2006, 4 sur 10 des pays sont des pays à revenus moyens.  En 2020, 6 sur 10 des pays avaient résolu beaucoup de problèmes auxquels on confronté aujourd’hui », a signalé le Dr Conille.

« Au centre de la résolution de ces problèmes,  au centre de la victoire sur la pauvreté,  c’est la capacité l’État à jouer son rôle, pour que la police haïtienne assure la sécurité, l’armée assure la protection des frontières, le ministère de la Santé offre la santé, l’Éducation nationale donne l’éducation, au centre de la transformation d’Haïti,  c’est la capacité d’hommes et de femmes engagés, dévoués, disposés à se donner corps et âme pour le changement », a discouru le Premier ministre Garry Conille.

Aux yeux du Premier ministre Conille,  cet atelier permettra de faire l’inventaire de ce qu’on a en termes de ressources humaines pour nous aider à résoudre le problème. « Où se trouvent les fonctionnaires? Est-ce qu’on en a assez?  Est-ce qu’ils sont engagés ? Est-ce qu’ils comprennent le combat? Est-ce qu’ils ont l’expérience et la compétence ? », s’interroge le PM Conille, qui a évoqué, par ailleurs, quelques contradictions dans la fonction publique. « Il y a des cadres de l’administration publique qui sont dévoués et expérimentés, mais parallèlement une bonne partie ont voyagé et perçoivent leur salaire. Une bonne partie vient travailler une heure par mois, une autre partie qui n’a jamais mis les pieds à son bureau spacieux alors qu’une autre partie travaille dans une salle exiguë ensemble en essayant de produire des résultats », a fait remarquer le chef du gouvernement. 

Plus loin, le locataire de la Primature regrette que 70% de la fonction publique soit occupée par des hommes. « Plus on monte dans les échelons des postes décisionnels,  ce chiffre passe facilement entre 80 et 85%, ce qui n’a rien à voir avec la réalité du pays qui a plus de 50% de femmes. Près de 85% de fonctionnaires de l’administration publique sont âgés de 35 ans ou plus. Les jeunes femmes et hommes diplômés qui ont beaucoup à offrir en termes d’innovation et qui maîtrisent la technologie sont exclus des 103 000 fonctionnaires dans l’administration publique haïtienne », a constaté amèrement le Premier ministre Garry Conille.

« Le salaire moyen dans l’administration publique est de 37 000 gourdes. Certains ont des compensations, d’autres n’en ont pas. Haïti est le premier pays où l’administration publique, fondement du développement, est traitée en parent pauvre. Ce sont des problèmes qui ont des solutions. Si on veut adresser l’ensemble des problèmes, on doit s’assurer qu’on a une fonction publique qui peut faire son travail », a appelé le Premier ministre Conille, pour qui le vrai succès de la transition est de s’assurer que chaque jeune fille et chaque garçon dans l’administration publique donnent 100% d’eux. 

« La transition, c’est dommage pour un pays. En Haïti, le nombre de transitions qu’on en a, c’est à se demander quand sera la fin de la transition. C’est une opportunité de faire des choses que dans une période normale les pressions d’intérêts nous ont limités. Il n’y aura pas cette pression durant cette transition », a promis le chef du gouvernement, qui a dit souhaiter que le prochain recrutement soit fait avec des approches, des instruments et de la méthodologie la plus moderne qui existe afin de laisser un héritage pour la prochaine administration de l’État.

Source : Le Nouvelliste

Lien : https://lenouvelliste.com/article/249601/entre-8-000-et-10-000-fonctionnaires-de-ladministration-publique-ont-quitte-le-pays-sur-103-000

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