Yasmine Sherif, directrice exécutive du programme Education Cannot Wait (ECW) des Nations Unies, a récemment visité Haïti pour évaluer la situation éducative dans le pays, frappé par une crise profonde. Avant son retour aux États-Unis, vendredi 26 juillet, elle a accordé une entrevue au Nouvelliste pour faire le point sur son passage dans le pays.
Dans cette entrevue, Yasmine Sherif dit avoir effectué cette visite afin de comprendre par elle-même les défis auxquels sont confrontés les enfants haïtiens en matière d’éducation, dans un contexte marqué par la violence des gangs, le changement climatique, entre autres. « Nous sommes venus voir la situation sur le terrain et comprendre ce qui se passe en termes d’éducation dans le contexte de la crise extrême que traverse Haïti », a-t-elle expliqué.
Depuis plusieurs années, ECW a investi environ 15 millions de dollars en Haïti, soutenant ainsi des milliers d’enfants et d’adolescents. Yasmine Sherif a annoncé une allocation supplémentaire de 2,5 millions de dollars pour renforcer les programmes éducatifs en cours. Ces fonds visent à fournir une éducation formelle et non formelle, ainsi qu’une formation aux compétences professionnelles pour les enfants déplacés internes et les autres enfants affectés par la crise.
Pendant son séjour en Haïti, Mme Sherif a rencontré des acteurs du système éducatif haïtien, dont le ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle Augustin Antoine et a visité divers établissements scolaires, dont le lycée de Pétion-Ville où se tiennent encore des cours de rattrapage.
Interrogé sur ses premières impressions sur ce qu’elle a vu et compris dans le pays, Yasmine Sherif a affirmé qu’« Haïti est un beau pays avec un potentiel énorme pour la prospérité et le progrès économique, la paix et la stabilité », déplorant toutefois la violence des gangs, le changement climatique. Malgré ces défis, elle a exprimé son optimisme, indiquant que « le peuple haïtien garde l’espoir, et que le gouvernement ainsi que les organisations des Nations Unies, comme le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM), font un excellent travail ».
Dès son retour aux États-Unis, Yasmine Sherif annonce qu’elle va s’engager à lancer un plaidoyer « au monde entier, aux Haïtiens riches, à la diaspora haïtienne, au secteur privé, au gouvernement et au secteur public » pour les inciter à investir en faveur de la cause haïtienne. « Il y a une urgence maintenant. Il y a une fenêtre d’opportunité maintenant. Donc, ne tardez pas. L’éducation ne peut pas attendre. Haïti ne peut pas attendre. Et nous croyons qu’il y a encore de l’espoir. Ne tuez pas cet espoir », a-t-elle raconté.
Yasmine Sherif a par ailleurs lancé un appel aux donateurs, tant du secteur public que du secteur privé, pour qu’ils investissent davantage dans l’éducation en Haïti. « Il est crucial que nous soutenions les enfants d’Haïti, leurs parents, leurs enseignants et leurs communautés. Nous avons besoin de seulement 23 millions de dollars pour répondre aux besoins les plus urgents », a-t-elle plaidé.
Cette allocation de 2,5 millions de dollars est fournie sur une période de 12 mois et sera mise en œuvre par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres partenaires locaux et internationaux. Selon l’ECW, ce programme devrait atteindre près de 75 000 enfants et adolescents dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite.
Source : Le Nouvelliste
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