Haïti. De Furcy jusqu’au centre-ville, il n’existe aucun lieu pour accueillir une femme enceinte

« Ces deux derniers jours, quatre femmes enceintes sont décédées parce que les chirurgiens et anesthésistes qui devaient les prendre en charge n’ont pas pu se déplacer en raison de la violence des gangs. »

Le système de santé haïtien traverse une crise sans précédent. Selon le Dr Ronald Laroche, invité jeudi 21 novembre 2024 sur Magik 9, la situation est devenue catastrophique, particulièrement pour les femmes enceintes. 

« Aujourd’hui, le pays ne dispose d’aucun centre de maternité publique. La seule maternité qui existait, c’était celle de Chancerelles. Depuis des mois, cet hôpital ne fonctionne plus. Il n’y a aucun endroit où une femme enceinte peut accoucher. De Furcy jusqu’au centre-ville, il n’existe aucun lieu pour accueillir une femme enceinte. Les rares centres qui existaient sont désormais paralysés », se désole le Dr Ronald Laroche.

« Nous sommes dans une situation terrible, catastrophique, dont le grand public ne mesure pas la gravité. Par exemple, ces deux derniers jours, dans plusieurs hôpitaux, des femmes sont venues pour subir des césariennes. Lorsque le moment est venu de les opérer, nous avons contacté les gynécologues, mais ils nous ont répondu que leurs quartiers étaient bloqués, qu’ils ne pouvaient pas venir. Nous avons également appelé les anesthésistes, qui nous ont dit la même chose : leurs quartiers étaient bloqués. Nous n’avons pas pu réagir. Nous les avons vues mourir avec les bébés qu’elles portaient », s’est-il indigné.

L’impact de l’insécurité sur le secteur de la santé a pris une tournure dramatique. « Ces deux derniers jours, quatre femmes enceintes sont décédées parce que les chirurgiens et anesthésistes qui devaient les prendre en charge n’ont pas pu se déplacer en raison de la violence des gangs », a confié le Dr Ronald Laroche, soutenant que « le pays est en agonie sur le plan sanitaire ».

« La situation s’est aggravée ces derniers jours avec l’attaque de Pétion-Ville par les gangs. Des membres de la population s’étaient réfugiés à Delmas et Pétion-Ville pour avoir accès aux soins. Désormais, ces communes sont devenues la cible des bandits, ce qui crée une panique générale. Cela a transformé la situation en une véritable catastrophe pour les hôpitaux, qu’ils soient publics ou privés », a expliqué le Dr Laroche à l’émission Panel Magik.

Depuis plusieurs mois, tous les grands hôpitaux de Port-au-Prince, qu’ils soient publics ou privés, sont à l’arrêt. Des structures médicales emblématiques, comme l’hôpital de Chancerelles ou ceux gérés par le réseau DASH, ont été détruites ou abandonnées en raison de la violence persistante. « Moi-même, au sein du réseau DASH, j’ai récemment perdu 4 hôpitaux : ceux de Centre-ville, Delmas et Tabarre. La population n’a plus accès aux soins », s’est plaint le Dr Ronald Laroche. 

Cette situation dramatique illustre l’urgence de solutions concrètes pour sécuriser les accès aux soins. En l’absence d’un système de santé opérationnel et face à l’escalade des violences, les vies humaines continuent de se perdre chaque jour. Pour le Dr Laroche, il est impératif que les autorités et la communauté internationale prennent conscience de cette “agonie sanitaire” et agissent rapidement pour rétablir un minimum de sécurité dans le pays.

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