N’étant pas satisfaits des explications fournies par la ministre des Affaires étrangères lundi dernier lors du Conseil des ministres surchauffé sur les cafouillages autour de la participation haïtienne à la 79e Assemblée générale de l’ONU, le Conseil présidentiel, par le biais de son directeur de cabinet, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, a convoqué Dominique Dupuy.
La ministre n’a pas répondu à cette convocation qui devait avoir lieu ce mercredi.
Dans une correspondance envoyée au président du CPT, le Premier ministre évoque des vices de forme dans la convocation avant de demander son annulation.
La présidence n’a pas de prérogatives pour convoquer un membre du gouvernement, a laissé comprendre Garry Conille dans cette correspondance adressée au président du CPT.
Pour le chef de la Primature, cette démarche soulève plusieurs préoccupations. « En effet, elle ne respecte pas les usages et procédures établis en matière de bonne gouvernance. D’une part, elle s’écarte des dispositions de la Constitution amendée de la République d’Haïti, en particulier les articles 156 et 159, qui stipulent que le Premier Ministre est le Chef du gouvernement et détient, en collaboration avec le Président de la République, l’autorité sur les membres du gouvernement », a constaté Le Nouvelliste dans cette correspondance.
Garry Conille rappelle aux membres du CPT que c’est le Premier ministre qui dirige et coordonne les actions des ministres, « et que ceux-ci sont placés sous son autorité directe. Par conséquent, toute interaction formelle avec les membres du gouvernement, y compris les convocations, doit être faite en étroite concertation avec le Chef du gouvernement. D’autre part, le temps matériel alloué pour compiler les documents hébergés dans les missions diplomatiques serait manifestement insuffisant. »
Après avoir recadré les membres du Conseil présidentiel, le Premier ministre suggère que la convocation soit « annulée ». Toutefois, il propose que la ministre Dupuy participe à la réunion hebdomadaire que le chef du gouvernement entretient avec les membres du CPT, prévue le vendredi 4 octobre à 11h00.
« Je suis certain que cette approche, en phase avec les principes de respect des institutions et de coordination au sein du gouvernement, contribuera à un déroulement harmonieux des travaux du Conseil », a conclu le chef de la Primature.
Dans la lettre de convocation de la ministre des Affaires étrangères, signée par le directeur de cabinet du CPT, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, nous lisons : « J’ai l’honneur de vous informer que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) vous convoque à une rencontre à la Villa d’Accueil le mercredi 2 octobre 2024 à onze (11:00) heures du matin en vue de clarifier les malentendus qui ont eu lieu autour de l’agenda de la Délégation haïtienne à la 79e Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies. »
« Il vous est demandé d’amener avec vous les copies des correspondances relatives aux demandes de rencontres bilatérales sollicitées pour le CPT, ainsi que celles qui concernent la protection à accorder aux hautes personnalités de la Délégation haïtienne », poursuit la convocation.
Des membres du CPT reprochent à la ministre des Affaires étrangères d’avoir négligé la participation du président du Conseil présidentiel et du conseiller présidentiel Leslie Voltaire à la 79e Assemblée générale de l’ONU en faveur du Premier ministre Garry Conille.
En début de semaine, une source au gouvernement avait indiqué au Nouvelliste que « toutes les demandes de rencontres bilatérales sollicitées pour Edgard Leblanc Fils sont restées sans confirmation de la part des responsables de pays et personnalités sollicités, alors qu’à l’inverse le Premier ministre Garry Conille a reçu plusieurs demandes de rencontres bilatérales sans en avoir sollicité aucune. »
« L’agenda d’Edgard Leblanc Fils et celui de Garry Conille ont été confirmés par le CPT. Il n’y avait qu’un seul agenda pour la délégation dont le chef est Edgard Leblanc Fils. Tout le monde était au courant des rencontres programmées pour la 79e Assemblée générale de l’ONU », selon notre source gouvernementale.