Samedi 2 et dimanche 3 mars 2024, les gangs armés qui tiennent la ville de Port-au-Prince ont libéré des milliers de détenus des deux principales prisons du pays, puis ils ont semé le chaos dans la capitale.
L’état d’urgence a été déclaré en l’absence du Premier ministre Arien Henry, chef d’État de facto, dont personne ne sait où il se trouve depuis la signature d’un accord avec le Kenya pour l’envoi de 1 000 policiers afin de rétablir l’ordre.
Un couvre-feu a été instauré pour tenter de reprendre le contrôle de la capitale dont els chefs de gangs veulent s’emparer, tout comme du Palais National et des ministères qui sont déserts à cette heure, les fonctionnaires se calfeutrant chez eux, les ministres étant invisibles. Cette situation devrait durer au minimum 72 heures.
Cette situation de révolution armée — des coups de feu retentissent dans tous les quartiers de Port-au-Prince, même dans certains quartiers jusqu’à présent épargnés, inquiète plusieurs Etats.
Certaines ambassades sont fermées ce 4 mars tandis que le Canada et les États-Unis demandent à leurs ressortissants de quitter le pays au plus vite, ce qui ne sera pas facile car de nombreuses compagnies aériennes comme American Airlines et JetBlue Airways ont suspendu leurs vols.
De même, les liaisons aériennes avec la République dominicaine ont été suspendues.
Reste la route terrestre vers la frontière avec la République dominicaine qui est hasardeuse puisqu’elle passe dans certaines zones contrôlées par les gangs.
Les services de secours sont débordés dans les rares unités de soins intensifs qui fonctionnent toujours et qui accueillent blessés, traumatisés, femmes enceintes qui s’entassent dans les couloirs et dans les cours.
Où est Ariel Henry ?
Mercredi, Ariel Henry, Premier ministre d’Haïti, devant les représentants des Etats de la Caraïbe, indiquait qu’il organiserait des élections présidentielles en août… 2025. Vendredi, depuis le Kenya où il a signé un accord prévoyant l’envoi de 1 000 policiers de ce pays africain pour soutenir les forces de l’ordre débordées par les gangs, il appelait au calme.
Depuis, les gangs se sont enflammés avant d’attaquer les deux prisons, des commissariat, des patrouilles de la Police National d’Haïti (PNA) et de continuer, dans des quartiers réputés tranquilles de Port-au-Prince, tueries et enlèvements.
Avec près de 5 000 repris de justice libérés, les troupes des gangs se sont grossies au rang de petites armées qui se dirigeaient, au fil des heures, vers les bâtiments administratifs… sans que le gouvernement, amputé de son chef introuvable — il doit tenter de regagner le pays — puisse faire grand-chose.
Le directeur général de la PNH et ses troupes tentent de rattraper les prisonniers évadés, luttant pied à pied dans les rues contre des tirs de barrage de gangs qui semblent déterminés à s’emparer du pouvoir les armes à la main.