Le responsable des centres Gheskio, Jean William Pape, a été l’invité de Panel Magik ce vendredi pour commenter l’évolution de l’épidémie du choléra en Haïti. Selon lui, la pénurie du carburant empêche de sauver des vies, notamment dans les quartiers défavorisés. « C’est une catastrophe. Le ministère a fait tout ce qu’il pouvait faire. Le problème réside dans la pénurie du carburant. Cette pénurie a provoqué la pire crise humanitaire que j’ai jamais vécu en Haïti depuis 40 ans. Les flambées de choléra se trouvent dans les bidonvilles, en proie à l’insalubrité et où l’eau potable n’est pas disponible. Mais sans carburant on ne pourra pas voler à leur secours », a-t-il fait savoir. « Je ne vois pas comment on va sortir de cette crise si le carburant n’est pas accessible. C’est obligatoire », a-t-il plaidé.
« La majorité des cas que nous
recevons sont des enfants. »
Les données partagées par le ministère de la Santé établissent que les enfants sont le plus touchés par cette vague. Un constat partagé par Jean William Pape. « Contrairement à la précédente épidémie, les enfants en bas âge sont plus concernés. Ces enfants sont vulnérables à toutes les diarrhées infectieuses. Alors qu’ils sont en situation de malnutrition sévère ou modérée, leur immunité baisse considérablement. La majorité des cas que nous recevons sont des enfants. Notre CTC au bas de la ville est saturé », a-t-il décrit. Parce que les enfants sont plus touchés par l’épidémie, le Dr Pape suggère la distribution massive de sérum oral aux familles.
Alors que la crise du carburant est responsable de la résurgence de l’épidémie, le Dr Pape croit paradoxalement qu’elle a également ralenti sa propagation. « Sans carburant, le transport en commun est à l’arrêt. Donc, il n’y a pas de mouvement de population. L’épidémie ne peut pas gagner tout le pays en quelques semaines comme c’était le cas en 2010 », a-t-il fait remarquer, suggérant aux autorités « de profiter de ce sursis afin de mettre en place des plans de contingence dans les départements qui ne sont pas encore touchés », suggère-t-il.
Source : le nouvelliste