Haïti. Ces cadeaux empoisonnés

Article en forme d’éditorial paru dans le journal Le Nouvelliste (Port-au-Prince)

Il est un secret de polichinelle qu’Haïti bénéficie de l’aide internationale.

Tous les secteurs qui devraient nous permettre de rentrer des devises pour financer le développement du pays sont en convalescence. 

Mise en quarantaine par les institutions qui prêtent de l’argent aux pays pour leur développement, Haïti survit en grande partie grâce à la générosité des bailleurs de fonds, des dons d’organisations philanthropiques et des transferts de sa diaspora.

Haïti survit grâce aux autres

En 2010, des milliers de morts et la désolation. @DR

Après le séisme du 12 janvier 2010, Haïti a été même classée parmi les pays les plus assistés au monde. (Le séisme d’août 2014 a relancé le débat, NDLR)

Haïti survit grâce aux autres, elle paie aussi au prix fort cette dépendance presque totale de ses donateurs. Le pays est devenu un laboratoire pour l’expérimentation de toutes les théories dans les domaines politiques,  économiques, sanitaires..

L’Organisation des Etats américains (OEA) a finalement confessé que la communauté internationale dont elle fait partie a aidé à enfoncer Haïti dans le chaos au cours des dernières décennies.

Les autorités américaines de leur côté ont reconnu cette semaine que les armes qui tuent et sèment le deuil en Haïti proviennent des États-unis. 

Les armes de gros calibres, les munitions dont les gangs disposent à profusion font partie de ces cadeaux empoisonnés que le pays reçoit pour son malheur.

Haïti doit commencer par renoncer
à ses mauvaises pratiques

L’enquête en cours sur les cargaisons d’armes et de munitions saisies aux douanes de Port-au-Prince et de Port-de-Paix va-t-elle nous permettre de savoir qui s’enrichit de ce sale business ? 

Pour sortir du labyrinthe, Haïti doit commencer par renoncer à ses mauvaises pratiques telles la corruption et l’impunité.

Elle doit aussi renoncer aux cadeaux empoisonnés de ses donateurs. Il faut un jour savoir dire non aux projets bidons des bailleurs qui s’apparentent à des stratégies de blanchiment d’argent.

Il faut renoncer à ces programmes d’échange de nos diplômés contre des présumés criminels ou des criminels tout court que nos pays amis ont formés et entraînés.

Il est évident qu’Haïti n’a pas les moyens de sortir seule de cette crise multiforme à laquelle elle fait face. Ce n’est pourtant pas une raison d’accepter tous les cadeaux empoisonnés. 

Source : Le Nouvelliste
Lien : https://lenouvelliste.com/article/237691/ces-cadeaux-empoisonnes

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