Le rapport d’enquête sur les abus des droits humains commis de juillet à décembre 2022, par les gangs dans la zone de Brooklyn, quartier de Cité Soleil, dont la population est en proie aux gangs, partage des informations qui donnent froid dans le dos.
« Entre le 8 juillet et 31 décembre 2022, dans le seul quartier de Brooklyn, qui a été particulièrement ciblé par les gangs au cours de la période, au moins 552 personnes ont été tuées, blessées ou ont disparu », peut-on lire dans ce rapport.
« À cela, a poursuivi ce rapport, s’ajoutent les viols collectifs de dizaines de femmes et de jeunes filles et le déplacement de plusieurs centaines de personnes, dont certaines ont vu leurs habitations détruites ou pillées. »
« Si, au cours des premières semaines du mois de juillet, ce quartier a enregistré d’intenses attaques menées par le gang « G-9 en famille et alliés » (ci-après, G-9), les semaines et mois suivants ont connu un climat de terreur quasi permanent du fait de l’emploi de snipers pouvant tuer indistinctement toute personne qui passait dans leur champ de vision.
Parallèlement, le G-9 a utilisé d’autres tactiques consistant à restreindre la circulation des habitants et à bloquer l’accès aux biens de première nécessité, notamment l’eau et la nourriture, mais aussi aux services sanitaires, comme le ramassage des déchets. Ces tactiques ont eu pour conséquence d’appauvrir davantage les populations locales et de dégrader un environnement sanitaire déjà extrêmement insalubre, favorisant ainsi la propagation de maladies infectieuses », a indiqué ce rapport du Binuh.
Intervention limitée de la PNH
« Face à cette violence armée, la Police Nationale d’Haïti (PNH) n’est intervenue que de manière limitée pour restaurer l’ordre public et protéger les résidents vivants dans les quartiers de Cité Soleil. Ne disposant pas des moyens humains et matériels adéquats, la PNH n’est pas en mesure d’éradiquer l’expansion des gangs », a indiqué ce rapport qui s’est fendu d’un appel.
Selon l’ONU, il y a « nécessité de renforcer immédiatement les capacités de la Police Nationale Haïtienne avec un soutien international coordonné et considérer urgemment le déploiement d’une force d’appui de temps limité dans des conditions conformes avec les droits humains, ainsi qu’un plan d’action complet et précis. »
« Si la police judicaire a ouvert assez rapidement une enquête sur les exactions commises contre les populations, notamment celles relatives aux violences sexuelles, en revanche, les magistrats de la juridiction de Port-au-Prince, dans laquelle se situe Cité Soleil, n’ont, à la date de publication du rapport, quant à eux, posé aucun acte de procédure en vue d’arrêter et de juger les auteurs présumés », a souligné ce rapport qui indique aussi que « les services sociaux étatiques ont également fait face à de nombreux défis pour répondre rapidement à la dégradation de la situation humanitaire provoquée par cette violence. »
L’ONU, entre autres recommandations aux autorités Haïtiennes, appelle à « doter la Police Nationale d’Haïti (PNH) des ressources financières, matérielles et humaines nécessaires pour mener des patrouilles régulières et maintenir une présence durable au niveau de carrefours stratégiques de Cité Soleil afin de limiter les opérations des gangs et rassurer les populations » ; à « soutenir la Commission spéciale de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) pour conclure, dans les plus brefs délais, son enquête sur les abus des droits de l’homme contre les populations locales, ainsi que pour identifier et arrêter leurs auteurs présumés, y compris ceux qui ont apporté un appui aux gangs en armes, en munitions, en conseils stratégiques, ou autre » ; à « prendre les mesures nécessaires en vue d’établir un pôle judiciaire spécialisé au sein des cours et tribunaux haïtiens, en collaboration avec le ministère de la Justice et de la sécurité publique et le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, afin de juger les auteurs des crimes commis à Cité Soleil, y compris ceux de violences sexuelles.
Avec l’aide des pays de la région, a recommandé l’ONU, de soutenir les autorités chargées de l’application de la loi pour lutter contre la contrebande et la circulation incontrôlée d’armes et de munitions illicites, car celles-ci sont l’un des principaux catalyseurs de la violence des gangs. »
Source : Le Nouvelliste