L’ancien premier ministre a.i. Claude Joseph a été auditionné par le juge d’instruction Walther Wesser Voltaire, jeudi 2 février 2023, dans le cadre de l’instruction de l’assassinat du président Jovenel Moïse.
A sa sortie du tribunal, M. Joseph a indiqué qu’il collabore avec le magistrat afin que la victime puisse obtenir justice.
« J’ai répondu à l’invitation du juge dans le cadre de ma collaboration à l’enquête. C’est normal que je me mette à la disposition de la justice puisque je suis l’un des personnages qui n’arrête pas d’exiger que lumière soit faite sur ce crime. Je prends l’engagement de toujours me mettre à la disposition du juge quand il l’estimera nécessaire », a déclaré celui qui a été ministre des Affaires étrangères de Jovenel Moïse et du premier ministre Ariel Henry.
C’est la deuxième fois en une semaine que l’ancien Premier ministre par intérim est auditionné. Jeudi 26 janvier, il s’était présenté au bureau du juge. Mais l’audition n’a pu se terminer en raison des troubles provoqués par la manifestation des policiers après l’assassinat de six de leurs collègues dans le département de l’Artibonite. Il a expliqué aux journalistes que l’audition de ce jeudi était la continuité de celle du 26 janvier.
Cette semaine, quatre suspects clés dans l’assassinat ont été transférés aux États-Unis par la justice américaine. Il s’agit de James Solages, Joseph Vincent, Christian Emmanuel Sanon et le colombien German Rivera.
Interrogé à ce sujet, Claude Joseph s’est montré favorable à la démarche, soulignant qu’il avait « œuvré pour une coopération judiciaire pouvant élucider le meurtre ».
« Ce crime a une dimension transnationale. Des étrangers sont entrés dans le pays pour assassiner le président. Quand j’étais premier ministre, j’avais sollicité le support de plusieurs instances de l’international afin de nous aider avec l’enquête. J’avais demandé à l’ONU l’établissement d’un tribunal spécial. Cette demande a été bloquée par l’actuel PM Ariel Henry. Tout en respectant la justice haïtienne, il est important que nos amis de l’international nous aident à établir la vérité sur ce qui s’est passé », a déclaré Claude Joseph.
L’ancien premier ministre, contacté par Le Nouvelliste en début de soirée ce jeudi, a également réagi sur un article publié par le journal colombien Noticias Caracol. Dans ce texte, le média colombien cite Jonathan Rivera, le frère du mercenaire colombien German Rivera, qui a accusé en juillet 2021 le « premier ministre d’Haïti » qui, selon ses dires, a trahi les Colombiens en les arrêtant alors qu’il leur avait promis une protection. Claude Joseph a nié toute relation avec les mercenaires, arguant qu’ils se trompent de personne.
« Les Colombiens, puisqu’ils ne comprennent pas le créole et le français, ne sont pas en mesure de faire la différence entre Premier ministre sortant et Premier ministre nommé. Je n’ai aucun doute, et les différents articles qui sont sortis dans les journaux étrangers l’attestent, qu’ils font référence à Ariel Henry. Selon le New York Times, Jaar avait assuré aux Colombiens qu’ils allaient bénéficier de la protection d’Ariel Henry. Les indices sont clairs. Toutes les enquêtes indexent Ariel Henry », a soutenu Claude Joseph.
L’ancien chancelier haïtien dit espérer que la justice américaine parvienne à élucider le crime. « Il ne doit y avoir aucune spéculation sur le dossier. Je dois rappeler que quand j’étais PM, j’ai tout fait pour avancer avec l’enquête. La DCPJ a pu faire un travail impeccable parce que j’avais tout mis en œuvre à cet effet. En revanche, l’actuel chef du gouvernement représente une obstruction à l’enquête. Nos amis de la communauté internationale doivent porter un regard sur ce qui se passe. Ils doivent aider le pays à rendre justice au président et à sa famille », a appelé Claude Joseph.
Source : Le Nouvelliste