Les images sont rendues publiques. Elles attestent d’une violence sans limite. Sous le crépitement d’armes automatiques, le Premier ministre Ariel Henry a participé au Te Deum de la célébration du 218e anniversaire de l’indépendance du pays le samedi 1er janvier 2022 aux Gonaïves. Cependant, le PM n’a pas pu prononcer son discours sur le stand érigé en la circonstance sur la place d’armes en raison des échanges de tirs entre des civils armés de Raboteau et différentes unités de la Police nationale d’Haïti (PNH) dépêchées dans la cité de l’indépendance. Un mort et 2 blessés y ont été enregistrés.
Alors que le doute persistait sur sa venue, le Premier ministre Ariel Henry a participé à la messe aux Gonaïves, un geste qu’aucune autorité politique n’avait pu poser durant les quatres dernières années. De très tôt ce samedi matin, des barrages ont été établis aux voies d’accès de la place d’armes et de la cathédrale bien surveillées par des policiers en position de combat. Tapis rouge déployé, le stand où Ariel Henry devait prononcer son discours a été décoré du bicolore national.
Il était 9 heures quand le cortège du Premier ministre est arrivé à la cathédrale des Gonaïves sous une forte protection policière alors que des détonations résonnaient dans les environs. Accompagné du ministre de la Défense Enold Joseph, de celui de l’Intérieur Litsz Quitel et d’autres membres de son gouvernement, le Premier ministre a été reçu par le numéro un des agents intérimaires de la ville, Donald Diogène, dans une cathédrale quasiment vide.
Lors de la célébration, monseigneur Yves Marie Péan, après avoir formulé ses vœux de paix, d’amour et de prospérité à l’endroit du peuple haïtien, a encouragé un dialogue franc, inclusif et permanent afin de sortir le pays dans le labyrinthe où il se trouve actuellement.
« L’année 2021 a été difficile, j’espère que ce nouvel an va nous apporter bien meilleur. Nous devons travailler afin qu’elle soit une année d’amélioration de la qualité de vie, de consolation et de bénédictions de toutes sortes. Un dialogue entre les générations est nécessaire et devrait servir de base pour la réalisation des projets communs…», a soutenu le prélat. Il a aussi fait appel à une conscience patriotique tout en demandant aux groupes armés de déposer les armes car on ne dialogue pas les armes à la main. L’homme d’Église a aussi encouragé la mise à l’écart des intérêts mesquins au profit de la collectivité.
Pendant que le chef du gouvernement suivait attentivement le déroulement de la cérémonie, les affrontements entre les civils armés de Raboteau et les différentes unités de la PNH se déroulaient.
Dans les parages de l’église, Yves Diogène, atteint de deux projectiles, l’un dans sa cage thoracique et l’autre au niveau du postérieur gauche, a rendu l’âme après avoir été transporté à l’hôpital La Providence. Deux autres blessés reçoivent les soins que nécessitent leurs cas.
Dans l’impossibilité de prononcer son discours sur la place d’armes, le Premier ministre n’a pas pu le délivrer non plus en la cathédrale en raison de la non-autorisation des responsables religieux. Après avoir opté pour le Centre d’opération d’urgence départemental COUD, situé à Morne-Blanc (route de Bassin), le locataire de la Primature a changé d’idée et est retourné à la capitale.
Source : Le Nouvelliste
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